La France a dit vendredi que des discussions étaient engagées au
niveau international pour préparer la Syrie de l’après-Assad, ce que
dément la Russie, alors que se répand un sentiment d’urgence face à la
montée des violences sur le terrain.
Selon le chef de la mission d’observation de l’Onu dans le pays
(MISNUS), le général Robert Mood, l’option militaire semble prendre le
dessus en Syrie.
"Il semble que le désir de transition pacifique fasse défaut. Il y a
en revanche une intention de gagner du terrain militairement", a déclaré
l’officier norvégien, évoquant à la fois le gouvernement de Bashar al
Assad et les rebelles.
Face à cette situation, la communauté internationale reste divisée
sur les moyens à mettre en oeuvre pour faire cesser des violences qui
ont fait selon l’Onu plus de 10.000 morts depuis mi-mars 2011.
Les pays favorables à une action plus déterminée se heurtent à la
Russie et à la Chine qui ont opposé à deux reprises leur veto au Conseil
de sécurité de l’Onu à des projets de résolution condamnant la
répression menée par le régime de Bachar al Assad.
A Paris, le chef de la diplomatie française a toutefois indiqué
vendredi que la France, les Etats-Unis, la Russie et d’autres pays
discutaient de la succession du président syrien.
"Bashar al Assad est un tyran, le plus vite il sera dégagé le mieux
ce sera", a déclaré Laurent Fabius sur France Inter. "En même temps, un
pouvoir doit avoir un successeur. Donc il y a des discussions très
précises et très difficiles."
"Il y a différents groupes qui doivent être réunis, qui doivent être
assemblés, qui doivent être représentés, et la discussion, à la fois des
Américains, des Russes, de nous-mêmes et de quelques autres porte
là-dessus", a-t-il ajouté.
Son homologue russe, Sergueï Lavrov, a dit le contraire.
"En ce qui concerne les allégations selon lesquelles nous participons
à des négociations sur le sort de la Syrie de l’après Bashar al Assad,
je répète que ce n’est pas vrai.
"Nous ne voulons pas être mêlés aux changements de régime, ni par
l’approbation d’initiatives unilatérales au Conseil de sécurité, ni en
participant à des complots politiques", a déclaré le chef de la
diplomatie russe.
Lors d’une conférence de presse jeudi soir, la porte-parole du
département d’Etat américain Victoria Nuland a indiqué que la situation
en Syrie faisait l’objet de discussions entre les Etats-Unis et la
Russie.
Washington et Moscou réfléchissent à une transition de pouvoir
similaire à celle survenue au Yémen où le président Ali Abadalleh Saleh,
confronté à un mouvement de contestation sans précédent, a finalement
accepté de céder le pouvoir.
Moscou a par ailleurs démenti les déclarations de la secrétaire
d’Etat américaine Hillary Clinton faisant état de la livraison par
Moscou de nouveaux hélicoptères de combat à Damas.
La France a de son côté fait savoir qu’elle envisageait d’apporter
une aide matérielle, sous la forme de moyens de communication
supplémentaires, à l’opposition syrienne.
Sur le terrain, les violences se sont poursuivies vendredi et des
affrontements ont été signalés dans plusieurs villes du pays. Un vidéo
diffusée sur internet montre notamment des manifestants brandissant des
pancartes : "Russie : ennemi numéro un du peuple syrien."
Selon Human Rights Watch, les forces syriennes recourent au viol et à
d’autres types d’agressions sexuelles tant contre les hommes et les
femmes que contre les enfants.
"La violence sexuelle en détention fait partie des terribles armes
utilisées dans l’arsenal de torture du gouvernement syrien. Les forces
de sécurité y ont régulièrement recours pour humilier les détenus en
toute impunité", déclare Sarah Leah Whitson, directrice de HRW pour le
Moyen-Orient.
"Les agressions ne se limitent pas aux lieux de détention. Les forces
gouvernementales et les miliciens pro-gouvernementaux chabiha ont aussi
abusé sexuellement de femmes et de jeunes filles chez elles ou lors
d’interventions dans des zones résidentielles."
A Genève, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a pour sa
part dit être confronté à une situation d’urgence en Syrie, où il
s’emploie à fournir de la nourriture et des soins à des milliers de
civils tentant de fuir les violences.
Les ingénieurs du CICR tentent aussi d’améliorer l’approvisionnement
en eau potable des gens restés à Homs et Houla, deux théâtres
d’affrontements entre rebelles et forces du régime de Bashar al Assad.
(15 juin 2012 - Avec les agences de presse)
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