samedi 16 juin 2012

Égypte : second tour des présidentielles à haut risque

Les bureaux de vote ont ouvert samedi en Égypte pour le second tour de la première présidentielle depuis la chute de Hosni Moubarak l’an dernier, qui oppose une figure de l’ancien régime, Ahmed Chafiq, au Frère musulman Mohamed Morsi. De longues queues se sont formées au Caire devant certains bureaux avant même leur ouverture à 8 heures. Près de 50 millions d’électeurs sont appelés à voter sur deux jours pour départager les deux hommes, les moins consensuels des 13 candidats en lice au premier tour. Les résultats officiels sont attendus le 21 juin.
La course à la présidentielle a divisé le pays entre ceux qui craignent un retour à l’ancien régime si Ahmed Chafiq, le dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, est élu, et d’autres qui rejettent l’entrée de la religion en politique en cas de victoire des Frères musulmans. "Je vote pour Morsi parce que je ne veux pas que Chafiq gagne. J’ai peur de Morsi mais j’ai encore plus peur de Chafiq. Nous ne voulons pas de quelqu’un de l’ancien régime", dit Nagwan Gamal, 26 ans, devant un bureau de vote du quartier de Manial, dans la capitale. "Mais je sens que ça va être facile pour Chafiq (de l’emporter), donc je suis venue participer pour compliquer les choses pour lui", ajoute-t-elle.
Des centaines de personnes impatientes de voter attendaient devant une école transformée en bureau de vote dans le quartier de Chobra, au Caire, où vivent de nombreux Coptes (chrétiens d’Égypte). "Je vais voter pour celui qui garantira la sécurité et la sûreté de notre communauté et du pays", affirme Makram, un jeune Égyptien de 30 ans. Beaucoup de Coptes craignent de ne plus trouver leur place dans une société en majorité musulmane si un islamiste arrive au pouvoir, et disent qu’ils vont voter pour Ahmed Chafiq, qui a axé sa campagne sur la sécurité.
Mohamed Morsi est arrivé en tête au premier tour fin mai avec 24,7 % des suffrages. Ahmed Chafiq a obtenu 23,6 % des voix. Environ 150 000 militaires ainsi que de nombreux policiers ont été déployés pour assurer la sécurité des bureaux de vote qui restent ouverts jusqu’à 20 heures. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), à qui Hosni Moubarak a remis le pouvoir en démissionnant en février 2011, a promis de transférer les rênes du pays aux civils une fois un président élu. Mais jeudi, la Haute Cour constitutionnelle a invalidé les résultats du scrutin législatif pour un vice dans la loi électorale, déclarant "illégal" le Parlement dominé par les islamistes.
Le pouvoir législatif devrait donc revenir à l’armée pour une période indéterminée. Hosni Moubarak, 84 ans, forcé au départ en février 2011 par une révolte populaire après 30 ans de pouvoir sans partage, se trouve toujours dans une aile médicalisée de la prison de Tora, au sud du Caire. Entre les deux tours de la présidentielle, il a été condamné à la prison à perpétuité pour sa responsabilité dans la mort d’une partie des quelque 850 manifestants tués pendant la révolte.

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