dimanche 17 juin 2012

Arabie Saoudite : L’Arabie saoudite va choisir un nouveau prince héritier

L’Arabie saoudite a enterré dimanche le prince héritier Nayef ben Abdel Aziz, décédé à l’âge de 79 ans, et va lui désigner un successeur, le plus probablement son frère le prince Salman ben Abdel Aziz.
La prière de la mort a été dite dans l’enceinte de la Grande mosquée de La Mecque devant la dépouille du défunt recouverte d’une simple manteau en tissu ocre, sous le regard attristé du roi Abdallah, entouré de membres de la famille royale et en présence de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement islamiques.
A l’issue de cette cérémonie très dépouillée, le défunt a été porté en terre dans un cimetière attenant à la Grande mosquée, le premier lieu saint de l’islam, situé dans l’ouest de l’Arabie saoudite.
La dépouille du prince, qui s’était éteint samedi en Suisse, est arrivée en milieu de journée à l’aéroport international de Jeddah et a été transportée par la route à La Mecque.
L’actuel ministre de la Défense, le prince Salman ben Abdel Aziz, 76 ans, qui apparaît comme le successeur le plus probable du prince Nayef, était à la tête des dignitaires qui ont accueilli la dépouille.
Le prince Nayef, demi-frère du roi Abdallah, est décédé de "problèmes cardiaques" alors qu’il se trouvait en Suisse, dans la résidence ayant appartenu à son frère le prince Sultan, un octogénaire décédé en octobre 2011, auquel il avait succédé comme prince héritier.
Le décès du deuxième prince héritier en huit mois illustre le vieillissement de la dynastie des Al-Saoud, qui dirige la principale puissance pétrolière mondiale.
L’Arabie saoudite, située au coeur d’une région en pleine mutation politique, va devoir désigner à nouveau un successeur au roi Abdallah, lui-même âgé de 88 ans, qui est apparu à la télévision samedi voûté et marchant à l’aide d’une canne.
"La succession immédiate n’est pas difficile, le prince Salman est généralement considéré comme étant le prochain prince héritier", déclare Jane Kinninmont, experte à Chatham House, basée à Londres.
"Salmane est plus populaire parmi les jeunes dans la famille royale et il est considéré comme relativement plus libéral", souligne cette spécialiste du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord.
La nomination du nouveau prince héritier devrait passer ou du moins être entérinée par le "Conseil d’allégeance" établi en 2006 pour institutionnaliser le processus de transition. Constitué de 35 princes, il est présidé par le doyen des Al-Saoud, le prince Mechaal ben Abdel Aziz, demi-frère du roi.
Lors du décès du prince Sultan, le roi Abdallah s’était cependant borné à informer "le Conseil d’allégeance" de sa décision de nommer le prince Nayef.
Jusqu’à présent, cinq des fils du roi Abdel Aziz se sont déjà succédé à la tête du pays depuis sa mort en 1953 en vertu de la règle de succession horizontale.
Mais selon Jane Kinninmont, le défi le plus grand est "celui de passer à la prochaine génération", en allusion aux petits-fils du roi, qui pourrait peut-être s’illustrer dans le choix du futur numéro trois du royaume.
"Ce n’est pas une position officielle, mais celui qui sera désigné comme deuxième vice-Premier ministre" sera le numéro deux dans l’ordre de succession de la dynastie, explique cette analyste.
Le passage à une nouvelle génération pourrait cependant exacerber les rivalités, car il faudrait décider quelle lignée serait privilégiée parmi les fils du roi Abdel Aziz, selon les analystes. Quoiqu’il en soit, le processus de succession dans cette monarchie ultraconservatrice reste opaque.
Le prince Nayef était considéré comme un homme à poigne qui a dirigé pendant 37 ans le ministère de l’Intérieur, supervisant la lutte contre Al-Qaïda et sévissant contre toute forme d’opposition à la dynastie.
Il avait entretenu de bonnes relations avec les milieux religieux tenants de l’orthodoxie et il était le partisan d’une ligne dure à l’égard de l’Iran et de la minorité chiite du royaume.
Les journaux saoudiens, parus avec une manchette barrée de noir, ont souligné son rôle dans la préservation de la sécurité du royaume.
"Il était l’un des piliers de la stabilité dans ce pays (...). Il a fait face à d’énormes défis, internes et externes, dans une région où les crises se succèdent et il a pu les surmonter", écrit le quotidien Al-Jazira.

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