mardi 19 juin 2012

Syrie : Obama et Poutine appellent à un arrêt "immédiat" des violences

L’armée syrienne a pilonné lundi plusieurs villes des régions de Homs (centre) et de Damas, tandis que le président américain Barack Obama et son homologue russe Vladimir Poutine ont appelé ensemble, malgré leurs divisions sur la crise en Syrie, à un "arrêt immédiat des violences". Au total, 94 personnes, dont 63 civils, ont été tuées lundi en Syrie, selon une ONG syrienne. Une responsable de l’ONU a appelé à ce sujet le régime de Bashar el-Assad à cesser immédiatement le recours à des armes lourdes et des bombardements, évoquant des "crimes contre l’humanité".
Alors que le plan de paix de l’émissaire international Kofi Annan est dans l’impasse, le Conseil de sécurité de l’ONU doit discuter mardi de ce plan et de l’avenir de sa mission d’observation en Syrie, selon des diplomates. "Afin de mettre un terme à l’effusion de sang en Syrie, nous appelons à un arrêt immédiat de la violence", ont déclaré en marge du sommet du G20 à Los Cabos (Mexique) Vladimir Poutine, ferme soutien du régime syrien, et Barack Obama, dont le pays appelle au départ de Bashar el-Assad, dans un communiqué commun.
Ils se sont dits en outre "unis dans l’idée que le peuple syrien devrait pouvoir choisir son avenir de façon indépendante et démocratique". Vladimir Poutine a en outre annoncé avoir trouvé de "nombreux points d’accord" avec Barack Obama sur la façon de régler la crise syrienne. Washington espère que la Russie finira par faciliter une issue à la crise en Syrie, malgré son refus de soutenir des résolutions au Conseil de sécurité de l’ONU condamnant le régime pour sa répression de la révolte.
La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a accusé la semaine dernière Moscou de fournir des hélicoptères d’attaque au président Assad. Furieuse, la Russie a répliqué qu’elle n’avait fait que réparer des appareils syriens. Par ailleurs, le sénateur américain John McCain, qui s’est à nouveau prononcé pour une intervention militaire aérienne américaine, a accusé les forces du régime syrien d’avoir de plus en plus recours à des hélicoptères d’attaque pour mater la rébellion.
Le général Robert Mood, chef de la mission de l’ONU, devrait faire un rapport devant le Conseil de sécurité mardi à 16 heures locale (22 heures à Paris) sur sa décision, intervenue samedi, de suspendre les activités de cette mission en raison de "l’intensification des violences" sur le terrain. À New York, l’ambassadeur britannique à l’ONU Mark Lyall Grant a indiqué que "beaucoup d’États membres du Conseil (de sécurité), y compris nous", allaient "lui demander quel est l’avenir de cette mission et donc, par extension, du plan Annan". "Nous sommes très inquiets de la hausse de la violence et nous estimons que le régime syrien en porte la responsabilité", a-t-il insisté.
À l’ouverture de la 20e session du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, la haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Navi Pillay a indiqué que "le gouvernement de Syrie devrait cesser immédiatement l’utilisation d’armes lourdes et le bombardement de zones habitées". "De telles actions équivalent à des crimes contre l’Humanité et autres possibles crimes de guerre", a-t-elle lancé. Elle a exhorté la communauté internationale à "surmonter les divisions (...) pour mettre fin à la violence" et à s’assurer que les auteurs de ces violences, "y compris ceux qui ont attaqué les observateurs de l’ONU en Syrie", aient des comptes à rendre.
La France a redemandé devant le Conseil des droits de l’homme la saisine de la Cour pénale internationale (CPI) pour sanctionner la "barbarie" du régime d’Assad. Catherine Ashton, le chef de la diplomatie européenne, s’est dite également "profondément préoccupée par l’escalade" des violences, soulignant "la nécessité urgente d’une action unifiée de la communauté internationale".
Sur le terrain, 93 personnes ont péri en Syrie, dont 63 civils, trois rebelles et 28 soldats, selon l’Observatoire syrien pour les droits de l’Homme (OSDH). L’OSDH a fait état en outre de "1 000 familles assiégées" à Homs (centre) et d’"intenses bombardements" à Douma, à 13 km au nord-est de Damas.
Parlant à l’Agence France-Presse via Skype, un militant opposé au régime qui se fait appeler Mahmud Doumani a affirmé que "l’armée avait multiplié ses opérations à Douma ces derniers jours", ajoutant que les familles qui n’avaient pas pu fuir la ville se cachaient. Le quotidien Al Watan, proche du pouvoir, a fait état pour sa part de "la mort de centaines de terroristes ces trois dernières semaines aux portes de Damas".
Le régime syrien, qui refuse de reconnaître l’ampleur de la révolte contre Bashar el-Assad, qualifie de "terroristes" les rebelles. Dans la province de Deraa (sud), berceau de la révolte, la ville de Tafas était assiégée et pilonnée par l’armée, a indiqué l’Armée syrienne libre (ASL). "L’armée régulière a pu entrer dans la ville par l’entrée sud, d’où ils ont lancé une série de raids, mais n’ont pas pénétré dans l’ensemble de la ville", a indiqué le porte-parole de l’ASL Luay Rashdan. "Les combattants de l’ASL résistent toujours".

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