L’armée syrienne a pilonné lundi plusieurs villes des régions de Homs
(centre) et de Damas, tandis que le président américain Barack Obama et
son homologue russe Vladimir Poutine ont appelé ensemble, malgré leurs
divisions sur la crise en Syrie, à un "arrêt immédiat des violences". Au
total, 94 personnes, dont 63 civils, ont été tuées lundi en Syrie,
selon une ONG syrienne. Une responsable de l’ONU a appelé à ce sujet le
régime de Bashar el-Assad à cesser immédiatement le recours à des armes
lourdes et des bombardements, évoquant des "crimes contre l’humanité".
Alors que le plan de paix de l’émissaire international Kofi Annan est
dans l’impasse, le Conseil de sécurité de l’ONU doit discuter mardi de
ce plan et de l’avenir de sa mission d’observation en Syrie, selon des
diplomates. "Afin de mettre un terme à l’effusion de sang en Syrie, nous
appelons à un arrêt immédiat de la violence", ont déclaré en marge du
sommet du G20 à Los Cabos (Mexique) Vladimir Poutine, ferme soutien du
régime syrien, et Barack Obama, dont le pays appelle au départ de Bashar
el-Assad, dans un communiqué commun.
Ils se sont dits en outre "unis dans l’idée que le peuple syrien
devrait pouvoir choisir son avenir de façon indépendante et
démocratique". Vladimir Poutine a en outre annoncé avoir trouvé de
"nombreux points d’accord" avec Barack Obama sur la façon de régler la
crise syrienne. Washington espère que la Russie finira par faciliter une
issue à la crise en Syrie, malgré son refus de soutenir des résolutions
au Conseil de sécurité de l’ONU condamnant le régime pour sa répression
de la révolte.
La secrétaire d’État américaine Hillary Clinton a accusé la semaine
dernière Moscou de fournir des hélicoptères d’attaque au président
Assad. Furieuse, la Russie a répliqué qu’elle n’avait fait que réparer
des appareils syriens. Par ailleurs, le sénateur américain John McCain,
qui s’est à nouveau prononcé pour une intervention militaire aérienne
américaine, a accusé les forces du régime syrien d’avoir de plus en plus
recours à des hélicoptères d’attaque pour mater la rébellion.
Le général Robert Mood, chef de la mission de l’ONU, devrait faire un
rapport devant le Conseil de sécurité mardi à 16 heures locale (22
heures à Paris) sur sa décision, intervenue samedi, de suspendre les
activités de cette mission en raison de "l’intensification des
violences" sur le terrain. À New York, l’ambassadeur britannique à l’ONU
Mark Lyall Grant a indiqué que "beaucoup d’États membres du Conseil (de
sécurité), y compris nous", allaient "lui demander quel est l’avenir de
cette mission et donc, par extension, du plan Annan". "Nous sommes très
inquiets de la hausse de la violence et nous estimons que le régime
syrien en porte la responsabilité", a-t-il insisté.
À l’ouverture de la 20e session du Conseil des droits de l’homme de
l’ONU, la haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Navi Pillay a
indiqué que "le gouvernement de Syrie devrait cesser immédiatement
l’utilisation d’armes lourdes et le bombardement de zones habitées". "De
telles actions équivalent à des crimes contre l’Humanité et autres
possibles crimes de guerre", a-t-elle lancé. Elle a exhorté la
communauté internationale à "surmonter les divisions (...) pour mettre
fin à la violence" et à s’assurer que les auteurs de ces violences, "y
compris ceux qui ont attaqué les observateurs de l’ONU en Syrie", aient
des comptes à rendre.
La France a redemandé devant le Conseil des droits de l’homme la
saisine de la Cour pénale internationale (CPI) pour sanctionner la
"barbarie" du régime d’Assad. Catherine Ashton, le chef de la diplomatie
européenne, s’est dite également "profondément préoccupée par
l’escalade" des violences, soulignant "la nécessité urgente d’une action
unifiée de la communauté internationale".
Sur le terrain, 93 personnes ont péri en Syrie, dont 63 civils, trois
rebelles et 28 soldats, selon l’Observatoire syrien pour les droits de
l’Homme (OSDH). L’OSDH a fait état en outre de "1 000 familles
assiégées" à Homs (centre) et d’"intenses bombardements" à Douma, à 13
km au nord-est de Damas.
Parlant à l’Agence France-Presse via Skype, un militant opposé au
régime qui se fait appeler Mahmud Doumani a affirmé que "l’armée avait
multiplié ses opérations à Douma ces derniers jours", ajoutant que les
familles qui n’avaient pas pu fuir la ville se cachaient. Le quotidien
Al Watan, proche du pouvoir, a fait état pour sa part de "la mort de
centaines de terroristes ces trois dernières semaines aux portes de
Damas".
Le régime syrien, qui refuse de reconnaître l’ampleur de la révolte
contre Bashar el-Assad, qualifie de "terroristes" les rebelles. Dans la
province de Deraa (sud), berceau de la révolte, la ville de Tafas était
assiégée et pilonnée par l’armée, a indiqué l’Armée syrienne libre
(ASL). "L’armée régulière a pu entrer dans la ville par l’entrée sud,
d’où ils ont lancé une série de raids, mais n’ont pas pénétré dans
l’ensemble de la ville", a indiqué le porte-parole de l’ASL Luay
Rashdan. "Les combattants de l’ASL résistent toujours".
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire