mercredi 20 juin 2012

Egypte : Frères musulmans et révolutionnaires se rassemblent place Tahrir

Les Frères musulmans se sont rassemblés mardi place Tahrir, l’épicentre de la "révolution du Nil" au centre du Caire, aux côtés des jeunes élites laïques à l’origine du soulèvement contre Moubarak, pour protester contre la décision des généraux de s’octroyer de nouveaux pouvoirs.
Des milliers de personnes se sont réunies à la tombée du jour pour dénoncer la dissolution du Parlement dominé par les islamistes et le transfert du pouvoir législatif à l’armée, ainsi que la limitation des pouvoirs du futur président.
Une manifestation a également eu lieu à Alexandrie.
La jeunesse urbaine du Caire et les Frères musulmans considèrent ces décisions comme une volonté des militaires et des élites de l’ancien régime de se maintenir au pouvoir, et de confisquer définitivement les premiers acquis de la révolution.
Mais alors que les candidats se disputent les résultats du second tour de la présidentielle, qui seront normalement connus officiellement jeudi, les Frères musulmans ne semblent pas prêts à en découdre avec l’armée.
La confrérie a déclaré lundi que son candidat, Mohamed Morsi, devançait largement avec 52% des voix son rival Ahmed Chafik, dernier Premier ministre du président déchu Hosni Moubarak. Une victoire aussitôt contestée par l’équipe de campagne d’Ahmed Chafik.
Quel que soit le vainqueur, les pouvoirs du futur président seront strictement limités par le décret publié dimanche par le Conseil suprême des forces armées (CSFA) dirigé par le maréchal Hussein Tantawi, ministre de la Défense de Moubarak pendant vingt ans, jusqu’à la chute du "raïs" en février 2011.
Premiers déçus par une élection qui ne leur laissait le choix qu’entre l’armée et l’islam, les jeunes Cairotes ont appelé à se mobiliser avant même la publication officielle des résultats du vote.
"Le décret confirme le maintien du conseil militaire à la tête de l’Etat et l’absence de transmission des pouvoirs à un président élu, contrairement à ce qui avait été promis au début de la révolution", a déclaré la Coalition de la jeunesse révolutionnaire, rassemblement de plusieurs mouvements.
Pour Khaled Ali, avocat militant éliminé au premier tour de l’élection, le CSFA ne doit pas être autorisé à légiférer à la place du parlement dissous. "Chaque patriote doit s’élever contre la tentative de s’approprier ces droits", a-t-il dit.
Hussein Ibrahim, membre des Frères musulmans et de l’assemblée dissoute, a déclaré pour sa part à Reuters que le décret du CSFA prolongerait le régime militaire.
Mais un porte-parole des Frères a minimisé mardi, lors d’une conférence de presse, le risque d’un conflit frontal avec les généraux.
"Pourquoi se ruer sur le mot ’confrontation’ ?", s’est interrogé Yasser Ali. "Nous ne cherchons de confrontation avec personne. Personne en Egypte ne veut de confrontation (...) Il doit y avoir un dialogue entre les forces nationales, et le peuple doit décider seul de son destin."
Cette volonté d’apaisement intervient au moment où un tribunal égyptien annonce le report en septembre de l’examen de six plaintes réclamant la dissolution de la confrérie et de sa vitrine politique, le Parti de la liberté et la justice (PJL).
Six avocats ont déposé plainte contre la confrérie, exigeant la publication de ses sources de financement, ont déclaré des sources judiciaires. Un diplomate occidental a réagi à cette annonce en soulignant que tout jugement visant à dissoudre les Frères musulmans, quel que soit ses fondements juridiques, ne ferait que multiplier les troubles dans un pays déjà en crise politique.
L’armée, qui a fourni à l’Egypte tous ses présidents depuis le renversement de la monarchie en 1952, a promis de remettre le pouvoir aux civils d’ici au 1er juillet. Mais le président n’aura comme seule prérogative que de nommer un gouvernement dont chaque loi devra être validée par les militaires.


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