Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a réclamé mercredi des
élections législatives anticipées en raison d’une grave crise politique
qui paralyse le pays depuis six mois, un appel accueilli de façon
mitigée par ses adversaires qui tentent de le renverser.
"Alors que l’autre partie refuse de s’assoir à la table du dialogue
et continue de provoquer des crises politiques successives qui nuisent
gravement aux intérêts suprêmes du peuple irakien, le Premier ministre
s’est vu obligé de convoquer des élections anticipées", indique un
communiqué officiel.
Le mandat de la législature actuelle court jusqu’en 2014.
D’après la Constitution, le Parlement peut être dissous par le vote
d’une majorité absolue de ses membres, à la demande d’un tiers des
députés ou du Premier ministre après accord du président de la
République.
La position du président Jalal Talabani sur la question n’est pas encore connue.
Après les élections parlementaires de mars 2010, le gouvernement
n’avait été formé qu’en décembre, et certains portefeuilles clés,
notamment la Défense et l’Intérieur, demeurent dépourvus de titulaire.
L’Irak traverse une crise politique qui s’est déclarée en décembre,
au moment du retrait des troupes américaines, sous l’impulsion
d’Iraqiya, bloc laïque dominé par les sunnites, qui accuse Maliki
d’accaparer le pouvoir.
Les dirigeants kurdes et le mouvement du chef chiite Moqtada Sadr
sont ensuite également entrés en conflit avec Maliki, arrivé au
pouvoir en 2006 et reconduit grâce à des alliances après les
législatives de 2010.
Le président kurde Talabani a opposé il y a près de trois semaines
une fin de non-recevoir à ceux qui lui demandaient d’organiser un vote
de défiance à l’encontre du chef de gouvernement chiite, invoquant le
manque de soutien nécessaire des députés à une telle démarche.
Le président du Parlement Ussama al-Nujaifi a indiqué la semaine
dernière que les députés anti-Maliki allaient de nouveau tenter
d’obtenir un vote de défiance.
La décision de Maliki a provoqué des réactions mitigées parmi ses détracteurs.
Moqtada al-Sadr "n’est pas partisan de cette mesure, qui demande du
temps", a indiqué à l’AFP Dhia al-Assadi, secrétaire général de son
bloc, Ahrar.
"Le consensus auquel on était parvenu pour (former) le gouvernement
actuel ne peut être obtenu dans ces circonstances, nous disons donc
qu’il n’est pas approprié de dissoudre le Parlement car cela ne serait
pas dans l’intérêt du peuple", a ajouté Dhia al-Assadi.
Haïdar al-Mullah, un député d’Iraqiya, a pour sa part affirmé que son
bloc était favorable à "toute option constitutionnelle" et respecterait
la dissolution du Parlement si cela est fait de manière
constitutionnelle.
"Mais nous réclamons aussi que le Premier ministre comprenne les deux
côtés de la démocratie — quand cela est dans son intérêt et ça ne l’est
pas", a dit Mr.Mullah.
Selon un analyste irakien Reidar Visser, les chances sont faibles que le Parlement soit effectivement dissous.
"Mr. Maliki souhaite probablement montrer qu’il est confiant et n’a
pas peur du verdict des urnes", estime-t-il, soulignant que "il peut se
le permettre car la probabilité que des députés votent pour perdre leur
siège est très faible".
En outre, l’organisation de nouvelles élections ne serait pas une tâche aisée.
Le mandat de la Haute commission électorale indépendante (IHEC) expire le mois prochain et aucun remplacement n’a été nommé.
"Je pense que la situation politique aura un impact (...) sur le
choix des nouveaux commissaires, et sur notre travail", a dit à l’AFP le
président de l’IHEC, Faraj al-Haidari.
Faraj al-Haidari a passé plusieurs jours en prison en avril pour des
allégations de corruption, une affaire qui selon lui était poussée par
la coalition de Maliki.
La crise politique a paralysé le gouvernement et le Parlement, où
aucune législation significative n’a été votée à l’exception du budget.
Les autres mesures, notamment une loi régulant le secteur pétrolier, ont
été reportées.
Des dirigeants politiques ont mis en garde contre les conséquences de
l’instabilité politique sur la situation sécuritaire. Mercredi, au
moins onze personnes ont été tuées dans l’explosion de trois bombes en
Irak.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire