samedi 16 juin 2012

Arabie saoudite : le prince héritier est mort

Le prince héritier d’Arabie saoudite, Nayef ben Abdel Aziz, est décédé samedi en Suisse à l’âge de 79 ans, seulement huit mois après avoir reçu ce titre, mettant en lumière les problèmes de succession d’une dynastie dirigée par une fratrie vieillissante.
Avec sa disparition, l’Arabie saoudite, acteur politique et puissance pétrolière de premier plan, située au coeur d’une région en pleine mutation politique, va devoir désigner à nouveau un successeur au roi Abdallah, demi-frère du disparu et lui-même âgé de 88 ans.
Le prince Nayef est décédé de "problèmes cardiaques" alors qu’il se trouvait en Suisse, a indiqué à l’AFP une source médicale à Genève. Selon cette source, il s’est éteint dans la résidence de son frère, feu le prince Sultan, à Cologny où il était installé.
L’Arabie saoudite est désormais dépourvue d’héritier désigné du trône, mais le prince Salmane ben Abdel Aziz, ministre de la Défense, âgé de 76 ans, et frère du prince décédé, apparaît comme son successeur le plus probable au titre de prince héritier.
L’annonce par le palais royal de la mort du prince Nayef, ministre de l’Intérieur de longue date qui s’était imposé comme le rempart de la dynastie des Al-Saoud, a été soudaine, d’autant que ses proches s’étaient montrés rassurants récemment sur son état de santé.
Selon la chaîne d’Etat d’information en continu Ekhbaria, il sera inhumé dimanche dans la ville sainte de La Mecque (ouest), après une prière pour son âme en début de soirée dans la grande mosquée.
Le prince Nayef s’était rendu le 26 mai à l’étranger pour y subir, selon les médias saoudiens, des examens médicaux, trois mois après un séjour médical aux Etats-Unis.
Les médias saoudiens avaient rapporté il y a quelques jours qu’il avait recu des proches à Genève. Le 3 juin, son frère Ahmed ben Abdel Aziz, avait affirmé qu’il se portait bien et allait regagner bientôt le royaume.
Selon des spécialistes du royaume, il avait souffert d’un cancer.
Avant même son départ pour l’étranger, la télévision saoudienne le montrait la plupart du temps assis et les traits fatigués mais souriant et conversant avec ses hôtes.
La nomination d’un successeur doit passer par le "Conseil d’allégeance" constitué de 35 princes et présidé par le doyen des Al-Saoud, le prince Mechaal ben Abdel Aziz (demi-frère du roi Abdallah), qui a notamment pour rôle de désigner le prince héritier à la majorité de ses membres.
Depuis la mort en 1953 du roi Abdel Aziz, fondateur en 1932 du royaume saoudien, cinq de ses fils se sont succédé sur le trône.
La transition s’est toujours passée en douceur, sans conflit apparent au sein de la famille royale, sauf en 1964, lorsque le roi Saoud a été forcé d’abdiquer au profit de son frère et prince héritier, Fayçal.
Le prince Nayef avait été nommé héritier du trône fin octobre 2011, après le décès de son frère, le prince Sultan.
Ministre de l’Intérieur depuis 37 ans, il a supervisé la lutte contre Al-Qaïda qui avait mené des attentats sanglants dans le royaume de 2003 à 2006, obligeant ses chefs et membres à s’enfuir au Yémen. Il avait aussi sévi contre toute forme d’opposition à la dynastie des Al-Saoud.
Il était connu pour entretenir de bonnes relations avec les milieux religieux tenants de l’orthodoxie et généralement opposés à une évolution du royaume ultra-conservateur.
Tenant d’une ligne dure à l’égard de l’Iran, il avait de solides relations dans le monde arabe. Il avait, selon des diplomates, joué un rôle dans la décision du royaume d’accueillir le président tunisien déchu Zine El Abidine Ben Ali et d’envoyer des troupes à Bahreïn pour aider à la répression de la contestation animée par des chiites.
Né à Taëf en 1933, il avait été nommé gouverneur de Ryad à 20 ans, avant de devenir vice-ministre de l’Intérieur en 1970 puis ministre de l’Intérieur en 1975.

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