L’inscription de la basilique de la Nativité de Bethléem comme
premier site palestinien à l’Unesco sera la principale controverse à
l’ordre du jour de la session annuelle du Comité du Patrimoine mondial
qui se réunit du 24 juin au 6 juillet à Saint-Pétersbourg (Russie).
Trente-trois nouveaux sites sont en lice pour être distingués pour
leur "valeur universelle exceptionnelle" et s’ajouter à une liste déjà
longue de 936 noms dans 153 pays.
Les candidatures vont des "paysages cariocas de Rio" (Brésil) aux
vignobles du Piémont (Italie) en passant par les Kremlins russes, la
capitale marocaine Rabat ou le parc de la Sangha à cheval sur le
Cameroun, le Congo et la République Centraficaine. La France présentera
le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, la Belgique les sites miniers de
Wallonie.
Cinq pays n’ayant pas encore été distingués présentent des sites : Congo, Palau, Qatar, Tchad et surtout Palestine.
Nouveaux venus à l’Unesco en octobre 2011 au terme d’un vote qui
avait provoqué la colère des Israéliens et des Américains, les
Palestiniens demandent l’inscription de "l’église de la Nativité et la
route du pèlerinage, à Bethléem" en tant que "Lieu de naissance de
Jésus".
Haut lieu de pèlerinage, Bethléem est le premier site touristique des
Territoires palestiniens (deux millions de visiteurs en 2011). Datant
de l’empereur romain Constantin, au IVe siècle, la basilique de la
Nativité est l’une des églises les plus anciennes et sacrées de la
chrétienté.
Les Palestiniens font cette demande en "urgence" du fait du
"délabrement et de la dégradation de l’ensemble architectural" en raison
de l’absence de travaux de restauration sérieux depuis 50 ans.
Mais les experts du Conseil international des monuments et des sites
(Icomos), qui évaluent les candidatures, ont rendu un avis défavorable,
estimant que les Palestiniens n’ont pas procédé à une évaluation
complète des menaces pesant sur le site.
Pour l’ambassadeur palestinien à l’Unesco Elias Sanbar, cet avis est
"biaisé". "Ceux qui ont perdu la bataille du vote de l’entrée de la
Palestine à l’Unesco veulent nous empêcher d’exercer nos droits", a-t-il
jugé.
Pour un diplomate à l’Unesco, "le dossier est devenu politique. Les
Palestiniens en font un point d’exercice de leur souveraineté",
juge-t-il.
Le dossier sera probablement tranché par un vote du Comité du
Patrimoine, composé de représentants de 21 pays, qui est souverain et
peut aller contre l’avis des experts.
Les décisions de l’agence de l’ONU pour l’éducation, la science et la
culture ont également un fort enjeu économique car le classement d’un
site facilite le déblocage d’aides pour la préservation et entraîne une
hausse de la fréquentation touristique.
Mais le principal défi aujourd’hui pour l’Unesco est la conservation
des sites menacés par l’absence d’entretien, le tourisme incontrôlé ou
le développement d’activités économiques à l’image de la Grande barrière
de corail australienne menacée par le boom de l’exploitation minière et
du gaz.
Le Comité formulera pendant sa session des recommandations sur la
gestion de 105 sites qui, si elles ne sont pas suivies par les Etats,
peuvent entraîner à terme un retrait de la liste du Patrimoine, sanction
suprême qui n’a été appliquée qu’à deux reprises.
Il peut aussi allonger sa liste "du patrimoine en péril", qui
comprend 35 sites particulièrement menacés, dont les îles Galapagos
(Equateur) qui furent le premier site classé "Patrimoine mondial" en
1978.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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