Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, accusé de travers
dictatoriaux, devrait échapper au vote de défiance parlementaire pour
lequel militent ses anciens alliés, mais la crise politique qui paralyse
l’Irak depuis six mois n’est pas réglée pour autant.
Le président irakien Jalal Talabani a opposé ce week-end une fin de
non-recevoir à ceux qui lui demandaient depuis plusieurs semaines
d’organiser un vote de défiance à l’encontre du chef de gouvernement
chiite arrivé au pouvoir en 2006 et reconduit suite aux élections
législatives de 2010.
La lettre du président demandant la tenue du vote a bien "été
préparée mais pas transmise au Parlement en raison d’un manque de
soutien" à cette initiative, ont annoncé les services de Talabani
dans un communiqué publié samedi.
Plus de 160 députés avaient initialement soutenu l’idée d’une motion
de défiance, parmi lesquels des membres de partis faisant partie de la
coalition gouvernementale comme le bloc laïque Iraqiya, les sadristes et
les Kurdes, selon le communiqué. Un minimum de 163 votes (sur 325
députés) sont nécessaires pour faire passer un vote de défiance.
Mais 11 des élus ayant donné leur feu vert à la demande se sont par
la suite dédiés et deux autres ont gelé leur accord, selon le communiqué
de la présidence, qui ne précise par leur appartenance.
Maliki s’est félicité de cette nouvelle dimanche et a remercié
Talabani pour son rôle "constructif". "Je profite de cette occasion
pour renouveler mon appel à tous les partenaires politiques à s’asseoir
autour d’une table pour négocier et à se montrer ouvert à des
discussions sur tous les points de désaccord", a-t-il dit dans un
communiqué.
"Je suis certain que nous serons capables de venir à bout des défis et difficultés auxquels nous faisons face", a-t-il ajouté.
Le chef religieux radical chiite Moqtada Sadr a au contraire estimé que la crise "ne fait que commencer".
Le conflit s’était déclaré en décembre, au moment du retrait des
troupes américaines d’Irak, sous l’impulsion d’Iraqiya, bloc laïque mais
dominé par les sunnites. Les dirigeants kurdes et sadristes sont depuis
également entrés en conflit avec Maliki.
Haidar al-Mullah, député d’Iraqiya, a répété dimanche que
l’initiative lancée par son mouvement visait à "mettre fin à la
dictature", et affirmé qu’un nombre de voix suffisant pourrait être
réuni "en une demi-heure".
"Mais le problème, ce sont les pressions exercées sur le président et
certains membres du Parlement", a-t-il dit à l’AFP, nommant "de claires
pressions iraniennes".
Une rencontre a eu lieu dimanche entre Iraqiya, l’Alliance kurde et
le bloc sadriste à Erbil (Kurdistan), à l’issue de laquelle les
participants se sont engagés à "continuer d’appeler les forces
parlementaires à s’opposer par des moyens légaux à la loi d’un seul
homme (...) et à condamner les pressions exercées sur les membres du
Parlement", selon un communiqué publié sur le site du président de la
région kurde, Massud Barzani.
Le député kurde indépendant Mahmud Othman a pour sa part appelé à
une "conférence nationale (permettant) un dialogue sérieux". "Maliki
doit avoir une nouvelle chance de reconsidérer sa politique car elle
déplaît à la moitié du Parlement", a-t-il estimé.
La crise paralyse de fait l’action des institutions politiques du
pays -le Parlement n’a adopté aucune loi importante ces derniers mois, à
l’exception du budget- et pénalise de plus en plus l’économie, selon
les experts.
Le diplomate pressenti pour devenir ambassadeur américain en Irak,
Brett McGurk, a mis en garde cette semaine contre des "divisions entre
sunnites et chiites extrêmement profondes". "Le spectre du conflit
religieux est là, les Irakiens sont toujours en train de s’en remettre,
nous devons les aider", a-t-il.
(10 juin 2012)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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