L’usine du groupe automobile Leoni employait 2 700 personnes à Mateur, dans le nord de la Tunisie. Le groupe allemand a annoncé, vendredi 10 février, sa fermeture. En cause : des "sit-in anarchiques" et des menaces de grève qui perturbent l’activité et provoquent des "retards de livraison", selon un responsable du groupe.
Cette décision est "définitive", a précisé son chargé de communication en Tunisie, Mohamed Hedi Bougra, indiquant que l’activité dans cette unité de production était perturbée depuis la révolution tunisienne. "Il n’y a plus de discussion possible, la situation est devenue ingérable. On a contacté nos patrons en Allemagne et on ferme l’usine", a déclaré pour sa part le directeur des ressources humaines du groupe, Wissem Boujemaa, sur la radio Mosaïque FM.
Le directeur général de Leoni Tunisie, Mohamed Arbi Rouissi, a mis en cause dans un communiqué le syndicat UTT (Union des travailleurs de Tunisie), qui selon lui "incite à la discorde" et serait responsable d’un "total désordre". "Il n’y a eu ni sit-in ni grève. La direction avait l’intention de délocaliser l’entreprise à Sousse depuis un certain temps. Ils ont trouvé ce prétexte pour fermer l’usine et nous ont utilisés comme bouc émissaire", a rétorqué un responsable à Tunis du syndicat UTT, Ali Zaoui.
"C’est une catastrophe pour Mateur", une ville située dans le gouvernorat de Bizerte, à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest de Tunis, a en tout cas déploré ce responsable syndical. Le groupe Leoni, dont la maison mère est à Nuremberg en Allemagne, est installé depuis 1977 en Tunisie et emploie plus de 12 000 personnes.
Depuis la révolution et la chute de l’ancien président Ben Ali, le 14 janvier 2011, les revendications sociales ont explosé et sit-in et grèves se sont multipliés dans le pays. En décembre, l’équipementier japonais Yazaki avait annoncé la "fermeture définitive" d’un de ses cinq sites de production dans le bassin minier de Gafsa, dans le sud-ouest, en raison de "grèves irrégulières". Les autorités tunisiennes ont appelé à plusieurs reprises à une "trêve" des sit-in et des revendications sociales, mettant en garde contre la paralysie de l’économie tunisienne.
Dissimulés sous l’ancien régime, le chômage – dont le taux officiel est de 19 % – et la crise économique sont apparus au grand jour après la révolution, qui a débuté le 14 janvier et a rapidement entraîné la chute du président Ben Ali. L’économie tunisienne est en récession depuis le début de l’année 2011, avec un taux de croissance de -1,8 %. Près d’un quart de la population vit avec moins de deux dollars par jour.
L’année dernière, la Tunisie a enregistré une baisse de près de 30 % des investissements directs étrangers (IDE), annonçait mercredi l’Agence tunisienne de promotion et de l’investissement extérieur (Fipa). Les IDE dans les secteurs du tourisme, de l’industrie manufacturière et de l’énergie ont connu respectivement des chutes en volume de -83 %, -42 % et -19 % par rapport à l’année précédente. L’investissement étranger génère annuellement environ 25 % de nouvelles créations d’emploi, et constitue une contribution majeure à la croissance.
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