Le président yéménite sortant Ali Abdallah Saleh a officiellement cédé le pouvoir à son successeur, Abd Rabbo Mansur Hadi, après 33 ans à la tête du pays, lors d’une cérémonie, lundi, au palais présidentiel de Sanaa. "Je mets la bannière de la révolution, de la liberté, de la sécurité et de la stabilité entre des mains sûres", a déclaré Saleh en s’adressant à son successeur à la fin de la cérémonie retransmise en direct par la télévision yéménite. Dans un discours, Saleh a promis un soutien total au nouveau président et a appelé les Yéménites à "soutenir la nouvelle direction pour reconstruire ce qui a été détruit par la crise".
Le président sortant a été contesté dans la rue pendant des mois avant d’accepter, sous la pression des monarchies du Golfe, un plan de transition prévoyant son départ en échange d’une immunité pour lui-même et pour ses proches, dont plusieurs restent à des postes de responsabilité. Ali Abdallah Saleh devient ainsi le quatrième président emporté par le Printemps arabe, mais de manière négociée. Le Tunisien Zine el-Abidine Ben Ali a fui son pays, l’Égyptien Hosni Moubarak a cédé le pouvoir mais risque maintenant la peine de mort pour meurtres et le Libyen Muammar Kadhafi a été tué par les rebelles qui ont mis fin à son régime. Hadi a été élu le 21 février par plus de 99 % des voix. Dans le cadre de l’accord de transition, il était le seul candidat, pour une période intérimaire de deux ans.
Dans son discours, le président sortant a évoqué les défis du Yémen. "J’appelle à une mobilisation nationale pour faire face au terrorisme incarné par al-Qaida qui a porté récemment un coup dur au pays", a-t-il déclaré en référence à l’attentat-suicide qui a fait samedi 26 tués parmi les soldats de la garde républicaine à Mukalla, dans le sud-est du Yémen. "Pas de place pour le terrorisme et il faut soutenir la nouvelle direction pour le bien du Yémen et celui de nos voisins, car la sécurité du Yémen fait partie intégrante de celle de la région", a-t-il dit. Saleh a finalement invité les "pays frères et amis" à "aider le Yémen à faire redémarrer les projets arrêtés, ce qui aiderait à la sécurité et à la stabilité du pays", en soulignant : "Il ne peut y avoir de sécurité et de stabilité sans développement global."
De son côté, Mansur Hadi s’est félicité du caractère pacifique de la transition à la tête de l’État. "Je souhaite céder pacifiquement le pouvoir dans deux ans à un nouveau président", a-t-il notamment déclaré. Le nouveau président a souligné la "complexité de la crise qui continue de frapper le Yémen" et a appelé à "la coopération de tous pour en sortir dans les deux ans qui viennent". La cérémonie a été boycottée par l’opposition parlementaire, qui fait partie du gouvernement d’entente nationale. Celle-ci a estimé dans un communiqué que Mansur Hadi, fort du vote de plus de six millions d’électeurs, aurait pu s’en passer.
Les jeunes qui ont animé la contestation contre le régime de Saleh ont pour leur part appelé à une manifestation devant la résidence du nouveau président pour l’appeler à se démarquer définitivement de l’ancien président. Beaucoup parmi ces jeunes contestent l’immunité accordée à Saleh et appellent à le traduire en justice, le rendant responsable de la mort de plusieurs centaines de personnes pendant la répression des manifestations.
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