Le ministre syrien de l’Information, Adnane Mahmud, a affirmé mercredi que les autorités n’étaient "pas au courant" de la présence des journalistes tués selon Paris dans les bombardements sur la ville rebelle de Homs (centre). "Notre ministère n’est pas au courant de l’entrée ou de la présence de Marie Colvin et de Rémi Ochlik sur le territoire syrien. Nous avons demandé aux autorités compétentes à Homs de les rechercher", a-t-il déclaré.
"Le ministère demande à tous les journalistes étrangers entrés de manière illégale (en Syrie, NDLR) de se rendre au centre d’immigration le plus proche pour régulariser leur situation conformément aux lois en vigueur", a ajouté le ministre. L’Américaine Marie Colvin, grand reporter à l’étranger pour l’hebdomadaire britannique Sunday Times, et le Français Rémi Ochlik (28 ans), photographe à l’agence IP3 PRESS, ont péri dans le pilonnage du quartier de Baba Amr. Le bombardement a touché un appartement transformé en "centre de presse" par les journalistes entrés clandestinement dans la ville, selon des militants syriens anti-régime.
Le gouvernement syrien a par ailleurs accusé mercredi les sanctions économiques occidentales, ainsi que les rebelles, d’être responsables de la détérioration de la situation sanitaire dans le pays en proie à des violences depuis près d’un an. Le gouvernement a pointé du doigt "les sanctions injustes imposées par les États-Unis, quelques pays arabes et européens qui ont abouti (...) à une pénurie d’équipements et de produits médicaux importés", selon des lettres adressées au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), à l’ONU et au Conseil des droits de l’homme des Nations unies.
Ces missives, rapportées mercredi par l’agence officielle, répondent "à la campagne de provocations et de falsification menée par des organisations suspectes". "La Syrie fait porter la responsabilité de ces attaques aux parties étrangères qui financent, arment et incitent les groupes terroristes, et leur apportent une aide pour attaquer les hôpitaux publics et privés, les cliniques, les réseaux et les équipes de secours". Cette prise de position intervient au lendemain de l’appel urgent lancé par le CICR auprès des autorités syriennes et des autres parties prenantes au conflit "pour l’observation de pauses quotidiennes d’au moins deux heures" afin de permettre l’acheminement rapide de secours humanitaires.
Le gouvernement syrien, qui ne reconnaît pas l’ampleur de la contestation contre son régime, a également accusé directement des "bandes terroristes" d’être à l’origine de la dégradation des infrastructures médicales. Ces infrastructures ont "récemment accusé d’énormes pertes humaines et matérielles à cause des organisations terroristes qui ont détruit des hôpitaux, des cliniques, des ambulances et des dispensaires", affirme le gouvernement. Il évoque notamment "l’attaque et le pillage de l’hôpital de Nueimi dans la province de Homs" et "la mort de 15 médecins et secouristes, dont le directeur de la branche du Croissant rouge syrien dans la province d’Idleb" (nord-ouest) ainsi que des "rapts de médecins, la destruction de 17 hôpitaux publics et de 129 ambulances" à travers le pays.
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Un plan d’aide humanitaire sera proposé à Tunis
Un plan d’aide humanitaire international va être proposé vendredi à la conférence de Tunis sur la Syrie, a indiqué, jeudi à Londres, un haut responsable américain, en marge de la réunion sur la Somalie. "Le régime syrien sera mis au défi d’y répondre", a ajouté, sous le couvert de l’anonymat, ce responsable, précisant que la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton avait parlé jeudi de ce plan avec plusieurs responsables étrangers.
"Parmi les choses qui sortiront demain (vendredi) de la réunion, il y aura des propositions concrètes" concernant la fourniture d’aide humanitaire dans les jours qui viennent, a-t-il ajouté, alors que le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a lancé un appel à des trêves quotidiennes de deux heures pour acheminer de l’aide. Plus de 7 600 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans les violences depuis l’éclatement de la révolte en Syrie, en mars 2011, a rapporté mercredi l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
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Édith Bouvier : "J’ai besoin au plus vite d’être opérée"
L’incertitude sur le sort d’Édith Bouvier, reporter blessée mercredi à Homs (Syrie), suscitait jeudi les "plus vives préoccupations" de la rédaction du Figaro qui demande aux autorités syriennes de faciliter son évacuation. La Société des journalistes (SDJ) du Figaro "demande instamment aux autorités syriennes de faciliter l’évacuation d’Édith dans les meilleurs délais, afin qu’elle puisse recevoir les soins dont elle a besoin", selon un communiqué diffusé mercredi. L’association "exprime ses plus vives préoccupations au sujet du sort d’Édith Bouvier, grièvement blessée en Syrie alors qu’elle effectuait son travail de reporter au service des lecteurs du Figaro".
Dans une vidéo des insurgés mise en ligne jeudi sur Youtube, la journaliste déclare elle-même : "J’ai la jambe cassée au niveau du fémur (...). J’ai besoin au plus vite d’être opérée." "À travers elle, nous disons notre gratitude à tous nos confrères qui portent au plus haut les valeurs du journalisme, avec une pensée particulière pour celles et ceux qui payent de leur vie leur engagement au service de l’information", écrit la SDJ. Édith Bouvier a été blessée aux jambes mercredi lors du bombardement d’un immeuble où deux journalistes, le Français Rémi Ochlik et l’Américaine Marie Colvin, ont été tués. La journaliste française souffre de fractures avec déplacements aux jambes qui nécessitent une intervention chirurgicale, avait indiqué un responsable du quotidien.
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