La conférence internationale sur les amis de la Syrie s’ouvre vendredi 24 février à Tunis avec la participation des pays de la Ligue arabe, de l’Union européenne, de l’Organisation de la conférence islamique ainsi que de l’Inde, du Brésil et des Etats-Unis. La présence de la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, a été confirmée par l’ambassade américaine à Tunis. A deux jours de l’ouverture de ce forum à Gammarth, dans la banlieue Nord de Tunis, les autorités gardent le secret sur son ordre du jour et ses enjeux. Contacté plusieurs fois, le ministère des affaires étrangères tunisien n’a pas répondu à nos questions.
Cette conférence doit déboucher sur "un message unifié" de la communauté internationale sur la Syrie, a déclaré auparavant Rafik Abdessalem, chef de la diplomatie tunisienne. Son organisation en Tunisie suscite, néanmoins, des grincements de dents ; des voix s’élèvent pour contester "l’adhésion de la Tunisie à un complot des pays occidentaux et leurs alliés arabes dans la région, visant à plonger la Syrie dans l’instabilité".
Un diplomate arabe a révélé, sous le sceau de l’anonymat à l’ASSOCIATED PRESS, que "la conférence sur les amis de la Syrie est financée par l’Etat du Qatar, la Tunisie ne fait que faciliter les mesures organisationnelles".
Sur les enjeux de la conférence, Ezzeddine Kerkeni, ancien diplomate tunisien, et président de l’association des études internationales, met en garde contre toute instrumentalisation de la position de la Tunisie dans la crise syrienne. Tout en reconnaissant "la légitimité des aspirations du peuple syrien à la démocratie, et à l’alternance et la nécessité de les soutenir", l’ancien ambassadeur indique que "la forme de ce soutien doit tenir compte des enjeux géopolitiques afin que la position de la Tunisie ne soit pas instrumentalisée ".
"Il faut faire attention, la place de la Syrie est très importante, si la Russie et les Etats-Unis se démènent, ce n’est pas pour les beaux yeux du régime syrien ou de l’opposition syrienne, mais pour défendre leurs intérêts", indique-t-il. "La Russie a des intérêts économiques et sécuritaires dans la région, la crise syrienne a un impact sur l’Iran, et l’Iran reste important pour la Russie en termes d’hydrocarbures ; le pétrole est un attribut de puissance", assure-t-il. Par ailleurs, "nul n’ignore les rivalités entre les Etats-Unis et la Chine autour du pétrole et la sécurisation des routes de ravitaillement du pétrole", souligne l’ex-diplomate.
Ezzeddine Kerkeni appelle à tenir compte de la diversité de la société syrienne qui a toujours vécu en harmonie. "Il faut que toutes les sensibilités syriennes soient représentées à cette conférence afin que les aspirations du peuple syrien soient exaucées. Si la conférence parvient à unifier l’opposition autour d’un programme commun, ce sera déjà un grand succès", fait-il valoir.
L’ex-diplomate met en garde contre une intervention étrangère en Syrie, "nous ne voulons pas avoir un deuxième Irak", dit-il. "L’internationalisation de la crise est une mauvaise chose, ce sera très grave, il y a une partie de l’opposition syrienne qui y oppose une fin de non-recevoir. En cas d’intervention, toute la région sera plongée dans l’insécurité, le Liban à côté peut s’embraser".
"Tout règlement doit-être conduit sous les auspices de la Ligue arabe, avec des précautions à prendre pour éviter l’impact négatif sur l’unité de la Syrie", préconise-t-il.
Le diplomate se garde de faire des pronostics, " il faut attendre les résultats, on ne peut pas s’en tenir à des préjugés". Son espoir est que le conclave de Tunis parvienne "à faire cesser la répression contre un peuple frère, et assurer la paix et la sécurité de la Syrie".
Après la Russie, le Liban a déclaré forfait et dit, par la voix de son ministre des affaires étrangères, Adnan Mansur, récuser toute ingérence dans les affaires intérieures syriennes. La Chine n’a pas, quant a elle, encore confirmé ou infirmé sa présence.
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