lundi 20 février 2012

Yémen : La tension monte dans le sud du Yémen à la veille de l'élection présidentielle

Les forces de sécurité étaient fortement mobilisées lundi dans le sud du Yémen, où la tension est montée d’un cran à la veille de l’élection présidentielle, boycottée par des militants sudistes. Aden, principale ville du sud, était quadrillée par les forces gouvernementales, déployées en force lundi, au lendemain de l’arrivée de renforts venus de Sanaa, dont des blindés, selon des habitants.
En milieu de matinée, un accrochage a opposé les forces gouvernementales et des hommes armés à Mansura, un quartier de la ville, où des sudistes ont prévu un rassemblement de protestation contre l’élection, ont indiqué des témoins sans faire état de victimes. La police poursuivait, lundi, une campagne d’arrestations parmi les partisans armés du Mouvement sudiste qui "cherchent à empêcher, par la force, les électeurs d’aller voter" mardi, a déclaré un responsable des services de sécurité. "Pour dissuader les électeurs, les sudistes ont propagé des rumeurs selon lesquelles mardi sera une journée de violences", a ajouté ce responsable, affirmant : "La situation est sous contrôle."
Mais les attaques contre les bureaux électoraux, qui se sont multipliées ces derniers jours, n’ont pas cessé : une roquette RPG a été ainsi tirée dimanche soir contre un centre électoral, sans faire de victime, à Khur Maksar, un quartier d’Aden, selon une source de sécurité. Le Mouvement sudiste, un groupe autonomiste, a appelé au boycottage du scrutin de mardi qui doit porter le vice-président Abd Rabbo Mansur Hadi à la tête de l’État en vertu d’un accord de transition, qui marque le départ du président contesté Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 33 ans.
L’aile dure du mouvement, conduite par l’ancien vice-président Ali Salem al-Baid, qui vit en exil, a invité ses partisans à empêcher le déroulement du scrutin, au risque de provoquer des actes de violence. Elle a appelé à "la désobéissance civile" mardi dans le sud, un État indépendant jusqu’en 1990. "Nous essayerons de couper les rues et les routes à Aden pour entraver la circulation" le jour du scrutin, a déclaré un militant du groupe. Des affiches invitant au boycottage du scrutin ont fait leur apparition à Aden : "Non aux élections", "En votant, vous conférez une légitimité à l’occupation du sud", "Par votre participation au scrutin, vous approuvez l’effusion du sang des sudistes", préviennent les auteurs des affiches. "Celui qui coupera les routes sera arrêté et poursuivi en justice", a averti le chef de la police d’Aden, Ghazi, à l’AFP. Un militant sudiste, Hamed Awadh al-Hamed, a exhorté ses partisans à boycotter le scrutin, mais à "s’abstenir de toute violence, préjudiciable à la cause sudiste".
Dans les provinces voisines de Daleh et de Chabwa, les groupes sudistes sont actifs : les organisateurs du scrutin n’ont pas réussi à convoyer les urnes dans des bureaux de vote de cinq villages de Daleh, selon un responsable local. À Chabwa, les autorités ont eu recours à des dignitaires tribaux pour assurer l’arrivée des urnes dans certains villages, a indiqué un responsable de la commission électorale. Des dizaines de protestataires ont attaqué et occupé lundi un centre électoral à Ataq, chef-lieu de Chabwa, selon des militants et témoins.
Les forces anti-émeute sont intervenues, lançant des grenades lacrymogènes et tirant en l’air pour reprendre le contrôle du site, selon les mêmes sources. Dix personnes ont été indisposées par l’inhalation de gaz lacrymogènes.

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