Le CICR a dit lundi être en pourparlers avec Damas afin de pouvoir apporter une aide humanitaire à la population syrienne, au moment où des militants appelaient à une évacuation des femmes et des enfants d’un quartier de la ville rebelle de Homs, toujours bombardée.
Dans le même temps, le dictateur Bashar al-Assad s’est déclaré convaincu que l’opposition était financée et armée par des pays étrangers.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) étudie les moyens d’acheminer de l’aide, y compris "l’arrêt des hostilités dans les zones les plus affectées pour faciliter l’accès au Croissant-Rouge Syrien et au CICR auprès des populations dans le besoin", a déclaré à Genève un porte-parole, Bijan Farnudi. Il a qualifié d’"urgent" le besoin en aide humanitaire.
"Le contenu de ces discussions" avec les autorités syriennes et l’opposition armée "reste confidentiel" a-t-il précisé.
Au moins 15 personnes ont été tuées dans les violences lundi en Syrie, notamment à Homs (centre), baptisée par des militants "capitale de la révolution".
Neuf civils ont été tués par les bombardements visant Homs, dont cinq dans le quartier de Baba Amr, le plus touché depuis le début de l’offensive des forces du régime sur la ville le 4 février, et quatre dans celui d’Al-Malaab, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).
"Nous demandons qu’on nous permette de faire sortir les femmes et les enfants de Baba Amr", a plaidé Hadi Abdallah, membre de la Commission générale de la révolution syrienne, un des groupes de l’opposition.
"Les habitants vivent dans le froid et dans des conditions insoutenables, ils attendent la mort", a-t-il affirmé à l’AFP, alors que plusieurs quartiers de Homs sont assiégés et bombardés sans relâche depuis plus de deux semaines.
Ailleurs dans le pays, un homme a été tué par des tirs en provenance d’un barrage dans la province de Hama (centre), selon l’OSDH. Cinq militaires ont également trouvé la mort dans cette même région et à Idleb.
A Damas, théâtre de manifestations sans précédent ces derniers jours, les services de sécurité restaient en état d’alerte.
Des jeunes ont osé hisser le drapeau utilisé par les contestataires sur un pont à l’entrée de la capitale, selon une vidéo postée par des militants, où l’on voit quatre jeunes faire le signe de la victoire en désignant le drapeau, avant que la vidéo ne soit interrompue par des tirs d’origine inconnue.
"C’est un acte de défi" a commenté Abdel Rahman.
Depuis le début de la révolte contre le régime du président Assad en mars 2011, les autorités refusent d’en reconnaître l’ampleur et attribuent les violences à des "terroristes".
"L’Etat et la société syrienne sont la cible de groupes terroristes armés qui reçoivent des aides financières et en armements de parties étrangères pour déstabiliser le pays et entraver toute tentative de trouver des solutions", a répété lundi Assad, sans citer de pays, selon Sana.
Le président a tenu ces propos en recevant Alexeï Pouchkov, président de la commission des affaires étrangères de la chambre basse du Parlement russe.
Pouchkov, selon l’agence, a renouvelé le soutien de son pays "aux réformes entreprises en Syrie" et redit "la nécessité (...) d’arriver à une solution politique, basée sur le dialogue (...) et sans ingérence".
Moscou a bloqué à deux reprises des résolutions au Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la répression qui a fait des milliers de morts depuis plus de onze mois.
Téhéran, principal allié du régime dans la région, a envoyé deux navires de guerre dans le port syrien de Tartus pour "former" la marine syrienne, a annoncé la chaîne iranienne Irinn.
C’est la deuxième fois que des navires de guerre iraniens pénètrent en Méditerranée depuis 1979.
A Rome, où se tenait une rencontre de dix ministres des Affaires étrangères des pays méditerranéens, le ministre tunisien, Rafik Abdessalem, a indiqué que le Conseil national syrien (CNS) serait représenté à la conférence internationale sur la Syrie vendredi en Tunisie.
Abdessalem a par ailleurs mis en garde contre un "scénario irakien" en Syrie, alors que des voix s’étaient récemment élevées pour armer l’opposition.
A l’issue de cette même réunion, le chef de la diplomatie française Alain Juppé a indiqué que l’opposition, pour pouvoir devenir un "partenaire du dialogue politique", devait inclure "toutes les sensibilités" et "communautés" du pays.
Lundi, les autorités ont libéré deux figures de la contestation : la blogueuse Razan Ghazzawi arrêtée jeudi et le cinéaste Firas Fayyad, incarcéré depuis novembre, selon l’avocat et défenseur des droits de l’Homme Anouar al-Bunni.
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