Réunis dimanche au Caire, les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe ont examiné un projet de résolution demandant l’envoi de casques bleus de l’Onu en Syrie et un renforcement des sanctions économiques contre le régime de Damas.
Le texte prône également la fin de toute coopération diplomatique avec le régime de Bashar al Assad.
Sur le terrain, les tirs ont repris à Homs, la troisième ville de Syrie, après une accalmie de plusieurs heures qui a permis à quelques familles de fuir les quartiers insurgés pilonnés depuis une semaine par les forces gouvernementales.
Malgré le double veto russe et chinois au Conseil de sécurité des Nations unies il y a huit jours, les pays arabes poursuivent leurs efforts pour mettre fin aux violences et assurer la transition politique en Syrie.
Le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud al Fayçal, a appelé ses collègues à des "mesures décisives" après l’échec des "demi-mesures". "Combien de temps encore allons nous rester spectateurs (...) en accordant toujours plus de temps au régime syrien pour qu’il continue à massacrer son peuple ?", a-t-il dit.
Le projet de résolution de la Ligue arabe, que REUTERS a pu consulter, prévoit la fin de la mission des observateurs arabes en Syrie, suspendue le mois dernier, demande aux Nations unies l’envoi de casques bleus dans ce pays et préconise l’aggravation des sanctions économiques contre Damas, ainsi que la fin de toute relation diplomatique avec les autorités syriennes.
La démission du général soudanais Mohamed al Dabi, le très controversé chef des observateurs déployés fin décembre en Syrie et rappelés en janvier en raison de la poursuite des violences, a été acceptée lors de cette réunion.
Nabil Elarabi, secrétaire général de l’organisation panarabe, a proposé la nomination d’Abdelilah al Khatib au poste d’émissaire spécial en Syrie. Cet ancien ministre jordanien des Affaires étrangères a déjà exercé cette fonction en Libye pour le compte de l’Onu.
Les pays du Golfe devaient également proposer de reconnaître officiellement le Conseil national syrien (CNS) d’opposition afin d’isoler Assad. Un responsable du CNS, Abdel Basset, a rencontré dans la capitale égyptienne des ministres arabes.
Une réunion des "Amis de la Syrie", groupe qui rassemble des pays arabes et des pays occidentaux, se tiendra le 24 février à Tunis, pour discuter des moyens de faire cesser les violences.
Le ministère saoudien des Affaires étrangères a tenu à préciser que le royaume n’avait fait circuler aucun projet de résolution sur la Syrie à l’Assemblée générale de l’Onu, contrairement à ce qu’affirmaient des articles de presse.
Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a déploré le veto de la Russie et de la Chine, la semaine dernière, lors du vote du Conseil de sécurité sur un projet de résolution condamnant la répression du soulèvement syrien. Des diplomates ont ensuite déclaré que Ryad avait fait circuler un projet équivalent à l’Assemblée générale, dont les résolutions ne sont pas contraignantes.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), une ONG basée en Grande-Bretagne, quatre personnes ont été tuées dimanche matin dans le bombardement du quartier de Bab Amro à Homs, où une trentaine de roquettes se sont abattues.
Pendant une accalmie de quelques heures, une quinzaine de familles avaient pu quitter les quartiers de Bab Amro et d’Inchaat tenus par l’opposition et visés par les pilonnages des forces loyalistes, qui ont fait des centaines de morts, a déclaré par téléphone à REUTERS un militant d’opposition, Mohammad al Hassan. L’électricité et le téléphone coupés depuis plus de deux semaines ont été rétablis dans plusieurs quartiers de la ville.
Une vidéo diffusée sur YouTube montre un rassemblement de milliers de jeunes gens dans le quartier de Deir Baalba, en train de danser en agitant le drapeau vert et blanc de la Syrie pré-baassiste. "Que Dieu te maudisse et te jette en enfer, Bashar", scandaient les manifestants à l’adresse du dictateur Bashar al Assad. "Nos martyrs, eux, vont au paradis !"
A Alep, dans le nord du pays, ont eu lieu les funérailles des 28 soldats et civils tués vendredi dans deux attentats contre des bâtiments de l’armée et des forces de sécurité. Ces attaques n’ont pas été revendiquées mais le gouvernement de Damas les a imputées à des "terroristes armés" proches d’Al Qaida.
Prenant la parole aux obsèques, le grand mufti de Syrie, Ahmed Badr al-Din Hassun, a lancé un appel aux opposants pour qu’ils mettent fin à leur campagne. "Assez ! Assez ! Assez ! Pourquoi donc, mes frères dans l’opposition, voulez-vous réduire votre pays en cendres ? Pourquoi voulez-vous verser le sang ?", a-t-il dit.
Le grand mufti a également appelé Assad à éliminer la corruption, "afin que ceux qui veulent détruire notre nation n’aient plus de prétexte à avancer".
Dans la ville de Zabadani, près de la frontière libanaise, les forces gouvernementales et les rebelles ont conclu une trêve après une semaine de bombardements qui ont fait au moins cent morts. Les militants d’opposition ont été autorisés à se retirer à condition qu’ils abandonnent les armes et les blindés pris aux forces loyalistes, a précisé Kamal al Labouani, un dirigeant d’opposition en exil.
Ayman al Zawahiri, le chef de file d’Al Qaida, a invité les Syriens à ne rien attendre des puissances occidentales dans leur soulèvement contre le régime de Bashar al Assad, dans une vidéo diffusée dimanche sur internet.
Le successeur d’Oussama ben Laden exhorte les musulmans de Turquie, d’Irak, du Liban et de Jordanie à leur venir en aide.
"La Syrie blessée continue à saigner jour après jour, tandis que le boucher, fils de boucher Bashar ben Hafez (Hafez al Assad), reste libre de ses actes", dit le médecin égyptien dans cet enregistrement de huit minutes intitulé "En avant, lions de Syrie !".
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