dimanche 7 décembre 2014

Yémen : deux otages américain et sud-africain tués

Deux otages américain et sud-africain, retenus par al-Qaida au Yémen, ont été tués samedi au cours d'une opération militaire menée par les États-Unis et les forces yéménites, et visant à les libérer. Il s'agit de l'Américain Luke Somers et du Sud-Africain Pierre Korkie. "Les forces spéciales américaines ont mené une mission au Yémen afin de libérer un citoyen américain, Luke Somers, et tout autre citoyen étranger retenu en captivité avec lui par les terroristes d'al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA)", a déclaré le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel. "Mais M. Somers et un second citoyen non américain qui était captif avec lui ont été assassinés par les terroristes d'AQPA au cours de cette opération", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Le président Barack Obama a condamné le "meurtre barbare" de Luke Somers par "les terroristes d'Al-Qaïda" et exprimé sa compassion à la famille de M. Korkie. Il a souligné avoir "autorisé cette opération de sauvetage (...) en coopération avec le gouvernement yéménite", alors que des "informations indiquaient que la vie de Luke faisait face à un danger imminent". Selon M. Obama, l'opération visait à libérer le photojournaliste américain, ainsi que "tout autre otage retenu" avec lui.
L'association Gift of the Givers a indiqué à Johannesburg que le second otage tué était Pierre Korkie, un enseignant sud-africain retenu par al-Qaida depuis le 27 mai 2013. Ce Sud-Africain à la santé fragile avait été enlevé en même temps que son épouse Yolande. Cette dernière avait été libérée le 10 janvier 2014. Les ravisseurs de M. Korkie réclamaient le versement d'une rançon de 3 millions de dollars, mais avaient récemment envisagé de réduire leur prétention. L'ONG négociait par l'intermédiaire de Bédouins yéménites.
"Yolande et sa famille sont psychologiquement et émotionnellement d'autant plus anéantis qu'ils savaient que Pierre allait être libéré par al-Qaida demain" dimanche, a affirmé Gift of the Givers. Luke Somers, un photojournaliste de 33 ans, avait, lui, été kidnappé en septembre 2013 dans la capitale yéménite Sanaa.
L'opération visant à les libérer a été lancée moins de 24 heures avant l'expiration d'un ultimatum d'al-Qaida et une dizaine de jours après une précédente opération similaire qui avait échoué.
Dans une vidéo mise en ligne jeudi, AQPA avait menacé de tuer Luke Somers dans les trois jours si les États-Unis ne répondaient pas aux exigences du groupe. Le réseau ne détaillait pas ces revendications, mais, selon lui, Washington les "connaissait".
Selon plusieurs sources de sécurité sur place, les forces yéménites ont également participé à l'opération menée dans le sud du Yémen. Le ministère yéménite de la Défense a qualifié l'attaque d'"opération d'envergure", ajoutant que "dix membres d'al-Qaida ont été tués, et un autre blessé".
Selon une source de sécurité, l'opération a été menée dans la région de Noussab, un des principaux fiefs des insurgés extrémistes au Yémen. "Plusieurs raids de drone ont visé des positions d'al-Qaida à Nussab", a déclaré cette source à l'AFP. "Lors de ces raids, il y a eu un parachutage de soldats [....] et des accrochages armés ont suivi", a indiqué à l'AFP un chef tribal de la région. De violents accrochages armés, ponctués de puissantes explosions, se sont déroulés dans la matinée, ont rapporté des habitants.
L'opération a visé en particulier une maison à Nussab où des combattants d'al-Qaida se seraient retranchés, selon les habitants. Elle est intervenue après l'échec d'une précédente menée conjointement fin novembre par le Yémen et les États-Unis. Selon le New York Times, les forces spéciales américaines avaient alors trouvé et libéré huit otages, mais Luke Somers ne se trouvait pas sur place. Le ministère yéménite de la Défense avait indiqué que le groupe extrémiste avait transféré l'Américain avant l'opération.
En confirmant cette première opération, le porte-parole du Pentagone, John Kirby, avait indiqué que "les États-Unis ne toléreraient pas l'enlèvement de leurs citoyens et travailleraient sans relâche pour tenter de les libérer et pour poursuivre leurs ravisseurs".
Al-Qaida est active dans le sud et l'est du Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique en proie à des violences et à une grave crise politique.
Les États-Unis sont le principal allié du Yémen dans la lutte contre al-Qaida et sont autorisés à y mener des attaques de drones contre ce réseau extrémiste sunnite.

(06-12-2014)

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