jeudi 11 décembre 2014

Moyen-Orient : Face aux menaces, les monarchies du Golfe mettent leurs querelles en sourdine

Les dirigeants des monarchies pétrolières du Golfe se réunissaient mardi au Qatar pour leur sommet annuel après neuf mois de querelles, mises en sourdine face à la menace des groupes jihadistes et l'influence grandissante de l'Iran.
Ce sommet, qui a failli ne pas se tenir, se déroule sur fond d'offensive jihadiste en Irak et en Syrie, d'aggravation des violences au Yémen et de l'effondrement des cours du pétrole.
"Le simple fait que cette réunion ait lieu" et que les dirigeants du Golfe se retrouvent à la même table "est en soi déjà un succès", a déclaré à l'AFP un responsable qatari sous couvert d'anonymat.
La crise qui a éclaté en mars avec le rappel des ambassadeurs saoudien, émirati et bahreïni en poste à Doha est la plus grave à laquelle a été confronté depuis sa création en 1981 le Conseil de coopération du Golfe (CCG) qui regroupe Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman et Qatar.
Ryad, Abou Dhabi et Manama ont accusé Doha de déstabiliser la région par son soutien aux Frères musulmans, notamment en Egypte, et d'accorder l'asile à des opposants islamistes hostiles à leurs régimes.
Une réconciliation a été scellée en novembre et s'est concrétisée par l'annonce du retour des trois ambassadeurs du Golfe à Doha. Elle a été rendue possible par une médiation koweïtienne et surtout par le repositionnement du "grand frère" saoudien qui s'est placé au milieu du jeu pour faire taire les "divergences" arabes, en particulier entre le Qatar et l'Egypte.
Il y a eu clairement une volonté des pays du Golfe, à majorité sunnite, de dépasser leurs désaccords face aux enjeux vitaux de la région, en particulier les conflits en Irak, Syrie et Yémen, le danger représenté par les groupes jihadistes pour leur propre sécurité et les tentatives prêtées à l'Iran, à majorité chiite, de profiter de la situation pour accroître son influence régionale, estiment des analystes.
Pendant des mois, l'Arabie et les Emirats ont tenté d'arracher des concessions au Qatar, "l'enfant terrible" du Golfe, pour qu'il démontre, par des actes, l'arrêt de son soutien à des "groupes extrémistes".
Certes, il y a eu des gestes de Doha pour favoriser "l'unité", mais pas de volte-face radicale, affirment des experts. Ce sommet s'inscrit dans la mise en ?uvre d'une désescalade progressive, ajoutent-ils.
La réunion de Doha devait initialement s'étaler sur deux jours, mais le comité d'organisation a annoncé lundi soir qu'elle ne se tiendrait que sur la seule journée de mardi, sans donner d'explication.
Peu après 16H00 (13H00 GMT), les ministres des Affaires étrangères des six pays du CCG ont entamé une réunion préparatoire au sommet, prévu à partir de 18H00 (15H00 GMT), a constaté un photographe de l'AFP.
La plupart des membres du CCG font partie de la coalition internationale conduite par Washington et qui mène des frappes en Irak et en Syrie. Le Qatar abrite le centre de commandement des opérations, tandis que l'Arabie et les Emirats ont mené de multiples raids aériens contre les jihadistes du groupe Etat islamique.
Les leaders du Golfe devaient discuter des moyens de mettre en ?uvre une plus grande coopération en matière de commandement militaire, d'activités navales et de force de police conjointe, a indiqué le secrétariat du CCG.
Les dirigeants devaient aussi examiner les progrès réalisés dans la mise en ?uvre de plusieurs accords dans le domaine du contre-terrorisme, signés par les Etats du CCG, a ajouté le secrétariat.
Un accord d'union douanière devait également être évoqué. Il est censé entrer en vigueur le mois prochain mais, selon toute vraisemblance, il devrait être retardé.
En toile de fond du sommet figure enfin la chute vertigineuse du cours du pétrole qui représente 90% des recettes publiques du CCG.
Le prix du brut a perdu 40% depuis juin. Cela veut dire que les pays du CCG pourraient perdre environ 300 milliards de dollars, par rapport aux 730 milliards de revenus engrangés l'année dernière.
Les prix ont continué à baisser après la décision le mois dernier de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de maintenir sa production inchangée, principalement sous la pression de pays du Golfe emmenés par l'Arabie saoudite, soucieux de préserver leurs parts de marché.

(09-12-2014)

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