Le Premier ministre irakien Haidar al-Abadi a réclamé mardi aux
Etats-Unis davantage d'armes et de raids aériens pour combattre le
groupe Etat islamique (EI), qui est "sur la pente descendante" selon
lui.
Abadi a fait cette demande à Bagdad au secrétaire américain à la
Défense Chuck Hagel, qui a pour sa part affirmé que le succès de la
lutte anti-jihadistes dépendait avant tout des Irakiens.
"Nos forces progressent sur le terrain. Mais elles ont besoin d'un
soutien aérien accru et de davantage d'armes lourdes", a déclaré M.
Abadi en rencontrant M. Hagel.
Cette requête met en lumière des divergences sur la stratégie militaire
entre Bagdad et Washington, les Etats-Unis préconisant une campagne de
frappes aériennes limitée en attendant que les forces irakiennes soient
prêtes à lancer une vaste offensive contre les jihadistes.
M. Hagel, arrivé dans la matinée à Bagdad pour une visite non annoncée,
avait appelé les Irakiens à assurer le succès de la campagne
anti-jihadistes. "Il s'agit de leur pays, c'est à eux de le diriger. Ce
sont eux qui assumeront la responsabilité des résultats", a-t-il
déclaré.
"Nous pouvons aider, nous pouvons entraîner, nous pouvons conseiller;
voilà ce que nous faisons", a ajouté le chef du Pentagone, en soulignant
que les forces américaines "ont un rôle à jouer", mais de soutien.
"Nous sommes très reconnaissants pour le soutien qui nous est accordé", a d'ailleurs souligné Abadi.
Le président Barack Obama a récemment approuvé le doublement du nombre
de militaires américains déployés en Irak, à 3.100, pour aider les
forces armées irakiennes à se reconstruire après leur débâcle face aux
jihadistes qui ont pris le contrôle de pans entiers dans le nord et
l'ouest du pays.
Des pays membres de la coalition internationale sont également prêts à
déployer quelque 1.500 hommes, a indiqué lundi le général américain
James Terry.
Ce responsable, nommé à la tête du Commandement multinational
interarmées (CMI) composé de militaires de plus de 30 pays, n'a pas
précisé la nationalité de ces hommes, qui devraient être avant tout des
conseillers et des instructeurs.
Ces renforcements visent à accentuer encore la pression sur les
jihadistes qui sont désormais "sur la défensive", selon le général.
Les combattants de l'EI sont confrontés à "des difficultés en termes de
mouvement et de communication", en raison notamment des 1.200 frappes
menées par les avions de la coalition en Irak et en Syrie depuis le 8
août.
Les raids en Irak sont essentiellement conduits par les Etats-Unis avec
le soutien de pays occidentaux, comme la France, l'Australie, la
Grande-Bretagne ou le Canada. Ces derniers refusent en revanche de
frapper en Syrie, où se sont impliqués des pays de la région comme
l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis ou la Jordanie.
Le soutien international "a permis aux forces de sécurité irakiennes de
regagner du terrain", avait souligné M. Hagel en visitant lundi une base
américaine au Koweït. "Cela leur a donné un nouvel élan, de
l'organisation, de la structure".
Mais si elles s'améliorent "chaque jour", les forces irakiennes "ont
encore beaucoup de chemin à faire", a jugé de son côté le général Terry.
L'armée irakienne a connu une véritable débandade au début de
l'offensive jihadiste, lancée le 9 juin dans le nord de l'Irak. Elle a
ensuite longtemps piétiné, mais a dernièrement enregistré quelques
succès notables, sans toutefois reprendre l'avantage.
M. Hagel a également insisté mardi sur la dimension politique de la
crise en Irak et souhaité qu'un gouvernement rassembleur soit capable de
gagner la confiance des différentes communautés ethniques et
religieuses.
Arrivé au pouvoir en septembre, M. Abadi multiplie les contacts avec les
responsables de la minorité sunnite, qui se sent exclue. Il a également
resserré la coopération avec les Kurdes, qui combattent l'EI dans le
nord.
Ces derniers jours, les avions de la coalition ont continué à cibler les
environs de la ville kurde syrienne de Kobané, devenue le symbole de la
résistance à l'EI.
En Irak, les raids, au nombre de 31 en 72 heures, ont notamment visé des
positions de l'EI près de Kirkouk, Sinjar et Mossoul, dans le nord.
(09-12-2014)
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