jeudi 4 décembre 2014

Moyen-Orient: des dignitaires musulmans appellent les chrétiens à ne pas fuir

Des dignitaires musulmans et chrétiens ont exhorté jeudi au Caire les chrétiens du Moyen-Orient à ne pas fuir la région malgré les persécutions des groupes jihadistes, faisant écho à l'appel du pape à une condamnation des violences "terroristes" par les dirigeants musulmans.
"L'exil forcé des chrétiens et d'autres groupes religieux ou ethniques est un crime que nous condamnons tous", ont déclaré ces responsables religieux, sunnites mais aussi chiites et chrétiens, réunis pour une conférence internationale sur le "terrorisme" convoquée par Al-Azhar, l'une des plus prestigieuses institutions de l'islam sunnite.
Ils ont condamné l'exil forcé des chrétiens d'Orient, dû notamment aux exactions des jihadistes de l'Etat islamique (EI) qui sévissent en Irak et en Syrie.
L'offensive lancée début juin par l'EI en Irak a jeté des centaines de milliers de réfugiés sur les routes. Parmi eux, des dizaines de milliers de chrétiens mais aussi plusieurs milliers de Yazidis, une minorité habitant surtout le nord de l'Irak.
"Nous appelons nos concitoyens chrétiens à rester dans leur pays jusqu'à ce que disparaisse la vague de terrorisme dont nous souffrons tous", ont appelé les dignitaires dans une déclaration commune au terme de la conférence.
Le texte appelle notamment "les pays du monde" à ne pas faciliter cet exil en aidant ces groupes à immigrer sur leur territoire.
Cette déclaration intervient cinq jours après que le pape François a appelé tous les dirigeants musulmans à condamner clairement le "terrorisme" islamiste.
"Cela aiderait une majorité de musulmans, si cela venait de la bouche (des) dirigeants politiques, religieux, universitaires. Nous tous avons besoin d'une condamnation globale" de ce phénomène, a-t-il remarqué dimanche.
Pour Patrick Karam, président de la Coordination des Chrétiens d'Orient en Danger, basée en France, la conférence d'Al-Azhar est "un signal important pour ceux qui instrumentalisent l'islam."
Ils "doivent savoir qu'ils sont isolés et qu'ils sont rejetés par l'ensemble de la communauté internationale," a-t-il indiqué à l'AFP mecredi.
"Le monde arabe et musulman ne doit pas avoir peur de (l'EI)", a estimé pour sa part Grégoire III Laham, le patriarche d'Antioche et de tout l'Orient, d'Alexandrie et de Jérusalem.
"Nous sommes capables par notre union de les vaincre sur le plan sécuritaire (...) et de mettre fin à leur idéologie dans le monde arabe et en Europe", a-t-il déclaré lors de la conférence.
Les dignitaires réunis au Caire ont cherché les mots les plus durs pour condamner les exactions des jihadistes, assurant que l'islam était "innocent" des actes de "terrorisme" commis en son nom.
"Tous les groupes armés et milices sectaires qui ont utilisé la violence et le terrorisme (...) n'ont aucun lien avec le véritable islam", souligne le communiqué.
La déclaration dénonce également une interprétation "déformée" du jihad, la guerre sainte, soulignant que ce concept signifie "la défense de soi et la réponse à une agression" et qu'il ne devrait pas être lancé "par n'importe quel individu ou groupe."
Sans réellement proposer d'actions concrètes contre les jihadistes, les dignitaires ont appelé à la tenue d'une "conférence de dialogue internationale pour collaborer à la construction de la paix et propager la justice."
Le Mufti jaafarite (chiite) libanais cheikh Mohamed Ghaleb al-Esseili a estimé que l'Etat doit jouer "un rôle essentiel" dans la lutte contre le terrorisme, soulignant que parmi ceux qui rejoignent les rangs jihadistes, "on trouve les pauvres et les sans-emploi."
"Le problème (du terrorisme) ne peut être résolu en un an ou deux", a-t-il déclaré à l'AFP. "Il va falloir beaucoup de temps."

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