Dans la cour du seul établissement bilingue arabe-hébreu de Jérusalem,
parents d'élèves israéliens et palestiniens partagent choc et colère
après un incendie et des tags anti-Arabes contre leur école, rare lieu
de coexistence dans la Ville sainte.
Samedi soir, des inconnus ont rassemblé des livres et des cahiers dans
une salle de classe avant d'y mettre le feu. Puis ils ont recouvert les
murs de slogans racistes.
Dimanche, aux "Mort aux Arabes" et "Stop à l'assimilation" tagués en
lettres hébraïques en noir, l'école publique Max Rayne a répondu par de
larges banderoles en arabe et en hébreu proclamant: "Non à la haine et
au racisme, oui à la coexistence et au vivre-ensemble".
A l'intérieur, la salle de classe sent encore le brûlé, mais on s'active
pour balayer les débris de verre et les cendres, tandis que des
dizaines de personnes sont attroupées dehors, venues en solidarité avec
les 624 élèves qui étudient en arabe et en hébreu du cours préparatoire à
la terminale.
Dans chaque classe de cette école fondée en 1998 par l'association "Hand
in Hand" ("Main dans la main"), il y a deux professeurs, l'un
s'exprimant en hébreu, l'autre en arabe. Et les élèves sont tenus de
répondre dans les deux langues.
Une expérience unique à Jérusalem, divisée en deux parties où l'on
enseigne en hébreu à l'Ouest et en arabe à l'Est, et rare en Israël, où
seules six autres écoles ont choisi ce modèle.
- Miser sur un avenir meilleur -
Les deux enfants de Hatem Matar, co-président palestinien du Conseil des
parents d'élèves, y sont passés --l'aînée, Imane, a rejoint
l'université cette année et sa soeur la suivra l'an prochain. S'il a
fait ce choix, dit-il, c'est pour miser sur un avenir meilleur.
"Le
racisme est toujours présent, ça on le sait, mais notre devoir c'est de
changer les choses par l'éducation car on ne pourra rien changer par la
force", assure-t-il.
Ici, raconte Imane, "nous avons appris à respecter et comprendre l'autre
sans faire de distinction de religion ni de de couleur, à regarder
l'autre comme un être humain". Alors quand elle est revenue dans son
ancienne école ce matin, elle a "beaucoup pleuré", dit-elle, car "des
élèves de CP ne devraient pas avoir à aller à l'école la peur au
ventre".
Les trois enfants de Orli Beham-Iran fréquentent aussi l'école Max
Rayne. Cette Israélienne a fait le choix de la mixité. "Mes enfants ont
des amis arabes et je ne veux pas qu'ils les voient comme différents,
mais comme leurs amis seulement", assure-t-elle.
Cette
école, jure Imane, a toujours été "l'endroit le plus sûr du monde",
malgré d'autres attaques d'extrémistes partisans d'une séparation totale
entre Israéliens et Palestiniens. C'est la première fois qu'ils
parviennent à entrer dans l'établissement, note d'ailleurs la directrice
de l'école.
Mais aujourd'hui, Khawla, qui reste tard pour nettoyer les classes de
classe, dit à l'AFP redouter de travailler une fois la nuit tombée.
Alors que les tensions sont très vives entre Palestiniens et Israéliens
dans la Ville sainte, les autorités israéliennes ont promis la fermeté
face à cette nouvelle attaque qui rappelle les nombreuses autres
commises par des colons extrémistes ainsi que par l'extrême-droite
israélienne.
Sous
le label "le prix à payer", ils taguent, incendient, agressent et
commettent des actes de vandalisme contre des Palestiniens, des
Arabes-israéliens, des lieux de culte musulmans et chrétiens, ou même
l'armée israélienne.
(30-11-2014)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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