samedi 2 juin 2012

Syrie: Poutine à Paris après une étape à Berlin, prône une solution politique

Le président russe Vladimir Poutine est arrivé vendredi soir à Paris après une étape à Berlin où il a souligné le risque d’une guerre civile en Syrie et prôné une solution politique, tout en affirmant qu’il ne soutenait pas le régime de Bashar al-Assad.
Vladimir Poutine, qui a entamé le 7 mai un troisième mandat de président après ceux de 2000 à 2008, a retrouvé son homologue français François Hollande, élu le 6 mai, pour un entretien et un dîner de travail à l’Elysée, suivis d’une conférence de presse prévue vers 19H30 GMT.
Il s’agit de la dernière étape d’une mini-tournée commencée jeudi au Belarus, au cours de laquelle les Européens espéraient une inflexion de la position de la Russie qui bloque toute action résolue du Conseil de sécurité de l’ONU sur le dossier syrien.
A Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel et M. Poutine ont affiché une unité minimale en soulignant la nécessité d’une "solution politique" en Syrie.
"La Russie ne soutient aucune des parties en Syrie", a affirmé le président russe lors d’une conférence de presse commune, alors que la Russie reste pourtant, avec la Chine et l’Iran, l’un des derniers alliés du régime de Damas.
Vladimir Poutine a également confié son inquiétude après le massacre de Houla, qui a fait 109 morts, dont 49 enfants, vendredi et samedi derniers. "Aujourd’hui nous voyons des éléments précurseurs d’une guerre civile. C’est extrêmement dangereux", a-t-il dit.
La tonalité de M. Poutine semblait plutôt conciliante. Mais la Russie a émis vendredi des signaux contradictoires car, à Moscou, la diplomatie russe a affirmé que la tuerie de Houla avait été provoquée par "l’aide financière" étrangère et par "les livraisons en contrebande d’armes modernes aux rebelles".
Navi Pillay, Haut commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, a estimé vendredi lors d’une session spéciale du Conseil des droits de l’Homme à Genève que ce massacre pourrait constituer "des crimes contre l’humanité et autres crimes internationaux".
A Berlin, le président russe a insisté sur le fait que, selon lui, aucune solution à la crise syrienne ne pourra être obtenue "par la force". Une façon de répondre à François Hollande qui, mardi dernier, n’avait pas écarté une intervention militaire dans le cadre de l’ONU.
Dans l’entourage de M. Hollande, on soulignait cependant "qu’entre MM. Hollande et Poutine, ce n’est pas une confrontation mais un dialogue (...) Personne n’a intérêt à une aggravation de la situation en Syrie".
"Il faut trouver une issue politique pour mettre fin aux violences (...) mais rien n’est exclu compte tenu de l’intransigence d’Assad", a-t-on ajouté.
Sur ce point, la position française est sensiblement différente de celle de l’Allemagne qui, à plusieurs reprises, a rejeté l’usage de la force contre le régime de Bashar al-Assad, contesté par un soulèvement populaire au cours duquel 13.400 personnes ont été tuées en un peu plus d’un an.
Vendredi, 16 personnes au moins ont encore perdu la vie dans le pays où étaient organisées des marches en hommage aux enfants tués à Houla.
Face à la "situation très difficile de la Syrie", Mme Merkel a assuré qu’il fallait tout faire pour que le plan de paix du médiateur international Kofi Annan soit appliqué "et, le cas échéant, élargi". "Nous devons tout faire pour empêcher qu’on en vienne à une guerre civile" qui "n’est dans l’intérêt de personne", a-t-elle souligné.
La position russe commence cependant à agacer les Américains. Jeudi, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a directement mis en cause Moscou en estimant que sa politique de soutien indéfectible à Assad allait "contribuer à une guerre civile".
"Nous savons qu’il y a eu des ventes d’armes très régulières, même pendant l’année dernière, de la Russie à la Syrie. Nous pensons aussi que la fourniture d’armes en continu par la Russie a renforcé le régime d’Assad", a-t-elle ajouté vendredi, en déplacement à Oslo.
"La Russie ne fournit pas les armes qui pourraient être utilisées dans une guerre civile", a répliqué M. Poutine à Berlin.
A Paris, le président russe et son homologue français devaient aussi faire connaissance. Ce devait être leur première rencontre, puisque Vladimir Poutine avait choisi de ne pas se rendre au sommet du G8 organisé à la mi-mai à Camp David par le président américain Barack Obama.

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Le départ d’Assad, seule solution à la crise, dit Hollande
Le président français, François Hollande, a estimé vendredi que la seule issue de la crise syrienne était le départ du président Bashar al Assad.
"Le régime de Bashar al Assad s’est conduit de manière inacceptable, intolérable. Il a commis des actes qui le disqualifient", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse commune avec son homologue russe, Vladimir Poutine.
"Il n’y aura de sortie possible de cette situation qu’avec le départ de Bashar al Assad", a ajouté François Hollande.



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Poutine met en doute l’efficacité de sanctions contre Damas
Le président russe Vladimir Poutine a mis en doute vendredi à Paris l’efficacité de sanctions qui seraient prises par le Conseil de sécurité de l’ONU contre le régime syrien, une option défendue par son homologue français François Hollande.
"Les sanctions sont loin d’être toujours efficaces", a déclaré Vladimir Poutine lors d’une conférence de presse commune avec François Hollande, lequel a plaidé pour "des sanctions" et des "pressions" qui doivent être exercées sur Bashar al-Assad.
Le président russe a réaffirmé son soutien à la médiation de Kofi Annan. Il est "contre-productif de déclarer que sa mission est vouée à l’échec", a-t-il dit.
Principal allié du régime de Bashar al-Assad, la Russie s’est jusqu’à présent opposée à toute action résolue du Conseil de sécurité sur la Syrie, dont l’imposition de sanctions au niveau de l’ONU.

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