Le président russe Vladimir Poutine est arrivé vendredi soir à Paris
après une étape à Berlin où il a souligné le risque d’une guerre civile
en Syrie et prôné une solution politique, tout en affirmant qu’il ne
soutenait pas le régime de Bashar al-Assad.
Vladimir Poutine, qui a entamé le 7 mai un troisième mandat de
président après ceux de 2000 à 2008, a retrouvé son homologue français
François Hollande, élu le 6 mai, pour un entretien et un dîner de
travail à l’Elysée, suivis d’une conférence de presse prévue vers 19H30
GMT.
Il s’agit de la dernière étape d’une mini-tournée commencée jeudi au
Belarus, au cours de laquelle les Européens espéraient une inflexion de
la position de la Russie qui bloque toute action résolue du Conseil de
sécurité de l’ONU sur le dossier syrien.
A Berlin, la chancelière allemande Angela Merkel et M. Poutine ont
affiché une unité minimale en soulignant la nécessité d’une "solution
politique" en Syrie.
"La Russie ne soutient aucune des parties en Syrie", a affirmé le
président russe lors d’une conférence de presse commune, alors que la
Russie reste pourtant, avec la Chine et l’Iran, l’un des derniers alliés
du régime de Damas.
Vladimir Poutine a également confié son inquiétude après le massacre
de Houla, qui a fait 109 morts, dont 49 enfants, vendredi et samedi
derniers. "Aujourd’hui nous voyons des éléments précurseurs d’une guerre
civile. C’est extrêmement dangereux", a-t-il dit.
La tonalité de M. Poutine semblait plutôt conciliante. Mais la Russie
a émis vendredi des signaux contradictoires car, à Moscou, la
diplomatie russe a affirmé que la tuerie de Houla avait été provoquée
par "l’aide financière" étrangère et par "les livraisons en contrebande
d’armes modernes aux rebelles".
Navi Pillay, Haut commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, a
estimé vendredi lors d’une session spéciale du Conseil des droits de
l’Homme à Genève que ce massacre pourrait constituer "des crimes contre
l’humanité et autres crimes internationaux".
A Berlin, le président russe a insisté sur le fait que, selon lui,
aucune solution à la crise syrienne ne pourra être obtenue "par la
force". Une façon de répondre à François Hollande qui, mardi dernier,
n’avait pas écarté une intervention militaire dans le cadre de l’ONU.
Dans l’entourage de M. Hollande, on soulignait cependant "qu’entre
MM. Hollande et Poutine, ce n’est pas une confrontation mais un dialogue
(...) Personne n’a intérêt à une aggravation de la situation en Syrie".
"Il faut trouver une issue politique pour mettre fin aux violences
(...) mais rien n’est exclu compte tenu de l’intransigence d’Assad",
a-t-on ajouté.
Sur ce point, la position française est sensiblement différente de
celle de l’Allemagne qui, à plusieurs reprises, a rejeté l’usage de la
force contre le régime de Bashar al-Assad, contesté par un soulèvement
populaire au cours duquel 13.400 personnes ont été tuées en un peu plus
d’un an.
Vendredi, 16 personnes au moins ont encore perdu la vie dans le pays
où étaient organisées des marches en hommage aux enfants tués à Houla.
Face à la "situation très difficile de la Syrie", Mme Merkel a assuré
qu’il fallait tout faire pour que le plan de paix du médiateur
international Kofi Annan soit appliqué "et, le cas échéant, élargi".
"Nous devons tout faire pour empêcher qu’on en vienne à une guerre
civile" qui "n’est dans l’intérêt de personne", a-t-elle souligné.
La position russe commence cependant à agacer les Américains. Jeudi,
la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a directement mis en cause Moscou
en estimant que sa politique de soutien indéfectible à Assad allait
"contribuer à une guerre civile".
"Nous savons qu’il y a eu des ventes d’armes très régulières, même
pendant l’année dernière, de la Russie à la Syrie. Nous pensons aussi
que la fourniture d’armes en continu par la Russie a renforcé le régime
d’Assad", a-t-elle ajouté vendredi, en déplacement à Oslo.
"La Russie ne fournit pas les armes qui pourraient être utilisées dans une guerre civile", a répliqué M. Poutine à Berlin.
A Paris, le président russe et son homologue français devaient aussi
faire connaissance. Ce devait être leur première rencontre, puisque
Vladimir Poutine avait choisi de ne pas se rendre au sommet du G8
organisé à la mi-mai à Camp David par le président américain Barack
Obama.
***
Le départ d’Assad, seule solution à la crise, dit Hollande
Le président français, François Hollande, a estimé vendredi que la
seule issue de la crise syrienne était le départ du président Bashar al
Assad.
"Le régime de Bashar al Assad s’est conduit de manière inacceptable,
intolérable. Il a commis des actes qui le disqualifient", a-t-il déclaré
lors d’une conférence de presse commune avec son homologue russe,
Vladimir Poutine.
"Il n’y aura de sortie possible de cette situation qu’avec le départ de Bashar al Assad", a ajouté François Hollande.
***
Poutine met en doute l’efficacité de sanctions contre Damas
Le président russe Vladimir Poutine a mis en doute vendredi à Paris
l’efficacité de sanctions qui seraient prises par le Conseil de sécurité
de l’ONU contre le régime syrien, une option défendue par son homologue
français François Hollande.
"Les sanctions sont loin d’être toujours efficaces", a déclaré
Vladimir Poutine lors d’une conférence de presse commune avec François
Hollande, lequel a plaidé pour "des sanctions" et des "pressions" qui
doivent être exercées sur Bashar al-Assad.
Le président russe a réaffirmé son soutien à la médiation de Kofi
Annan. Il est "contre-productif de déclarer que sa mission est vouée à
l’échec", a-t-il dit.
Principal allié du régime de Bashar al-Assad, la Russie s’est jusqu’à
présent opposée à toute action résolue du Conseil de sécurité sur la
Syrie, dont l’imposition de sanctions au niveau de l’ONU.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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