Les grandes puissances et l'Iran sont parvenus à s'entendre à Lausanne
sur les "paramètres clés" pour résoudre le dossier du nucléaire iranien,
étape fondamentale sur la voie d'un accord final d'ici au 30 juin, ont
annoncé jeudi les dirigeants occidentaux et iranien.
C'est sur Twitter que les Occidentaux et Iraniens, dont le président
Hassan Rohani en personne, ont tous annoncé qu'un accord cadre avait été
conclu à l'issue de plusieurs journées de négociations marathon.
"Des solutions sur les paramètres clés du dossier nucléaire de l'Iran
ont été trouvées. L'écriture (d'un accord final) doit commencer
immédiatement, pour être terminée d'ici le 30 juin", a écrit M. Rohani.
On a "maintenant les paramètres" pour résoudre les principales
questions, a confirmé le secrétaire d'Etat américain John Kerry. Le
président Barack Obama devait faire une déclaration à 18H15 GMT à la
Maison Blanche.
Selon les premiers éléments divulgués de ce pre-accord, la capacité
d'enrichissement d'uranium de l'Iran devra être réduite et l'Iran
maintiendrait 6.000 centrifugeuses en activité (contre 19.000
actuellement).
Les sanctions américaines et européennes seront levées en fonction du
respect des engagements de l'Iran, a immédiatement prévenu l'Union
européenne.
"Bonnes nouvelles", a été la première à twitter la chef de la diplomatie
européenne Federica Mogherini, peu avant 19h (17H00 GMT). Le ministre
iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif lui a emboîté le
pas, en affirmant que des "solutions ont été trouvées".
Cette
annonce couronne huit jours d'un incroyable marathon diplomatique, où
les négociateurs ont discuté jour et nuit pour parvenir à arracher un
compromis historique avant un accord final.
Toute la nuit de mercredi à jeudi, et toute la journée de jeudi après
une courte pause à l'aube, les représentants des P5+1 et de l'Iran ont
négocié "ligne par ligne" les contours d'un accord d'étape, selon des
sources proches des négociations.
Comme tous les jours depuis dimanche, Israël, l'un des plus virulents
opposant à tout compromis avec l'Iran, est monté au créneau jeudi. Le
Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a exigé que tout accord
"réduise considérablement" les capacités nucléaires de Téhéran.
Le ministre israélien des Renseignements Youval Steinitz a aussi affirmé
que l'option militaire restait sur la table pour son pays face à la
menace d'un Iran doté de l'arme nucléaire.
La communauté internationale veut brider le programme nucléaire iranien
et le contrôler étroitement pour s'assurer que Téhéran ne se dotera
jamais de la bombe atomique, en échange d'une levée des sanctions
internationales qui étranglent l'économie iranienne.
Mais la négociation, relancée en 2013 après des années de crise, butait
depuis des mois sur des points clés: la durée d'un accord, que les
grandes puissances voulaient initialement voir en vigueur pendant 15
ans, le nombre de centrifugeuses, machines qui permettent d'enrichir
l'uranium, et les modalités de levée des sanctions.
"C'est un accord cadre. Ca ne consiste pas à régler la question de façon
définitive, ça consiste à fixer les paramètres de l'accord final et les
clarifier de façon suffisamment précise pour éviter autant que possible
les ambiguïtés et faire en sorte que les dissonances restent un minimum
sous contrôle", expliquait un diplomate occidental avant l'épilogue.Car
le compromis de jeudi ne marquera pas la fin de l'histoire. En effet,
même si les négociateurs réussissent à s'entendre sur tous les grands
"paramètres" et à fixer des orientations assez précises (qui ne seront
d'ailleurs peut-être pas toutes publiées), tous les détails techniques
de ce dossier extraordinairement complexe devront être éclaircis et
finalisés pour cet accord final le 30 juin.
"Arriver à un accord d'ici fin juin sera un travail difficile et immense", a d'ailleurs prévenu M. Zarif jeudi matin.
MM. Kerry et Zarif, impliqués depuis un an et demi dans ces tractations
laborieuses, ont besoin d'un accord d'étape substantiel qui puisse leur
permettre de tenir le cap et d'acheter du temps face à leurs faucons
respectifs et face aux puissances régionales hostiles à tout compromis.
(02-04-2015)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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