dimanche 5 avril 2015

Syrie: Idleb peine à revenir à la vie après sa prise par les Rebelles (Assawra)

Une semaine après la capture d'Idleb par Al-Qaïda et ses alliés, les rares habitants restés dans cette ville syrienne meurtrie par les combats peinent à revenir à la vie normale, sous les raids quotidiens du régime chassé de la cité.
Seuls quelques épiciers et vendeurs de fruits et légumes sont visibles dans les rues quasi désertes de cette grande ville, la deuxième capitale provinciale de Syrie à échapper au régime de Bachar al-Assad en quatre ans de guerre.
"Les ventes et les achats sont très faibles, surtout depuis que tout le monde a fui la ville à cause du bombardement sauvage des avions de chasse" de l'aviation syrienne, affirme à l'AFP Saad Mouaraoui, qui tient un magasin d'épices.
Dépité, il assure que "ce n'est pas la marchandise qui manque", mais les clients.
Ce jeune homme explique, non sans une pointe d'optimisme, que la marchandise parvient désormais des "zones libérées" (rebelles, ndlr) dans le nord de la Syrie. "Avant, le régime nous la faisait parvenir depuis les zones côtières ou de Hama (centre). Mais maintenant, grâce à Dieu, la route est ouverte".
Son commerce est l'un des rares à avoir rouvert après les affrontements acharnés qui ont secoué la ville avant que celle-ci ne tombe aux mains du Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et de plusieurs groupes rebelles islamistes.
Les rues témoignent de la violence des combats: devantures de magasins éventrées, voitures calcinées, maisons effondrées, vitres brisées et débris jonchant les trottoirs.
La circulation reste faible, les passants rares et d'innombrables échoppes fermées. L'eau a été rétablie, mais pas l'électricité.
D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), la ville, qui comptait plusieurs centaines de milliers d'habitants, n'en abrite plus que quelques milliers.
"Certains ont peur de revenir en raison des bombardements et d'une éventuelle contre-attaque du régime pour la reprise de la ville", affirme Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. "D'autres, ceux qui ne veulent pas vivre sous Al-Nosra et des islamistes, sont partis pour Lattaquié", province limitrophe de celle d'Idleb et en majorité sous contrôle du régime.
L'OSDH a rapporté cette semaine que des échoppes vendant de l'alcool ont été incendiées et de grandes quantités de tabac brûlées dans la ville.
Dans les rues, des motocyclistes arborent le drapeau d'Al-Nosra, visible également sur les places et certains bâtiments gouvernementaux. De même, le nom d'Ahrar al-Cham, influent groupe islamiste ayant participé à la prise de la ville, est peint sur des murs et des vitrines.
Pour le moment, aucune action concrète n'a été prise pour administrer Idleb, mais des dirigeants d'Al-Nosra assurent à l'AFP que les services seront rétablis.
"Nous rétablirons les services pour les citoyens comme les boulangeries et l'électricité et nous travaillerons avec les autres groupes pour que la vie reprenne son cours dans la ville", affirme Abou Abdel Wahab, un dirigeant local du groupe jihadiste.
"Une commission mixte (composée de représentants d'Al-Nosra et des autres groupes, ndlr) sera formée", précise-t-il.
Mercredi, le chef d'Al-Nosra, Abou Mohammad al-Jolani, avait assuré que sa formation ne voulait pas "monopoliser" le pouvoir à Idleb.
Au delà de la vie quotidienne, le dirigeant local a souligné l'importance de la ville, chef-lieu d'une province frontalière de la Turquie et contrôlée en majorité par la branche d'Al-Qaïda.
"C'est à partir d'Idleb que nous partirons pour libérer le reste des provinces syriennes de ce régime", martèle-t-il.

(04-04-2015 - Assawra)

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