mercredi 29 avril 2015

Arabie Saoudite : Le prince héritier remplacé par décret royal

Trois mois après son accession au trône d'Arabie Saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, le roi Salmane a nommé mercredi un nouveau prince héritier et propulsé l'un de ses fils second dans l'ordre de succession, dans le cadre d'un vaste remaniement.
Cette percée de la deuxième génération de la dynastie des Al-Saoud s'accompagne du départ du prince Saoud Al-Fayçal, l'inamovible ministre des Affaires étrangères depuis 40 ans, et son remplacement par l'ambassadeur saoudien à Washington Adel al-Jubeir, recruté en dehors de la famille régnante.
Par un décret publié tôt le matin, le souverain saoudien a remplacé son héritier au trône, le prince Moqren, par le ministre de l'Intérieur Mohammed ben Nayef, qui était jusqu'ici deuxième dans l'ordre de succession.
"Nous avons décidé d'accepter sa demande d'être relevé de sa fonction de prince héritier", a indiqué le palais royal. Moqren a aussi été relevé de son poste de vice-Premier ministre.
Le prince Mohammed ben Nayef a été également désigné vice-Premier ministre et conservera ses fonctions de ministre de l'Intérieur, selon le décret.
Le prince Moqren, 69 ans, est le plus jeune des 35 fils d'Abdel Aziz, fondateur du royaume saoudien. Il était devenu prince héritier après la mort du roi Abdallah auquel a succédé le 23 janvier dernier le roi Salmane ben Abdel Aziz, 79 ans.
Une semaine après son intronisation, le nouveau roi avait déjà procédé à un important remaniement gouvernemental, en limogeant notamment deux fils de l'ancien roi Abdallah. Il avait aussi nommé Mohammed ben Nayef futur prince héritier, c'est-à-dire deuxième dans l'ordre de succession après le prince Moqren.
Mercredi, par décret royal, l'un des fils du roi, le prince Mohammed ben Salmane, la trentaine, a été nommé second dans l'ordre de succession au trône. Il conserve par ailleurs ses fonctions de ministre de la Défense et de président du Conseil économique et de développement, un organe de coordination créé par son père.
Sous la conduite du roi Salmane, l'Arabie saoudite a suivi une politique étrangère plus marquée en prenant le 26 mars la tête d'une coalition arabe qui mène une opération militaire au Yémen pour empêcher une rébellion chiite de prendre le contrôle de l'ensemble du territoire, à la frontière sud du royaume.
Cette rébellion est soutenue par l'Iran, rival régional de l'Arabie saoudite, qui redoute que la République islamique étende davantage son influence dans la région.
C'est le ministre saoudien de la Défense, le prince Mohamed, qui s'est retrouvé au devant de la scène après le lancement de la campagne aérienne arabe au Yémen fin mars.
La nomination du prince Mohammed ben Nayef comme héritier du trône devrait aider le nouveau roi à renforcer le contrôle de la branche Soudairi de la famille royale qui avait perdu en influence sous Abdallah.
Le prince Moqren n'avait qu'une position "protocolaire" sous le règne de Salmane, alors que Mohammed ben Salmane, fils du roi, apparaissait de plus en plus comme "l'homme fort d'Arabie saoudite", a indiqué un diplomate occidental.
A l'occasion de ce nouveau remaniement, le palais royal a annoncé également que l'actuel ambassadeur d'Arabie Saoudite à Washington, Adel al-Jubeir, était nommé ministre des Affaires étrangères en remplacement du prince Saoud Al-Fayçal, qui était en poste depuis 1975.
Le prince Saoud, l'un des plus anciens chefs de la diplomatie en fonction dans le monde, est parti à sa demande, pour des raisons de santé, selon le palais royal.
Né en 1940, il avait souffert ces dernières années de problèmes à la colonne vertébrale pour lesquels il avait déjà dû se faire opérer aux Etats-Unis.
Le prince Saoud a été nommé conseiller et envoyé spécial du roi, tout en conservant un rôle de supervision des affaires étrangères.
Dans un autre décret, le roi a appelé la population saoudienne à "faire allégeance" dès mercredi aux princes Mohammed ben Nayef et Mohammed ben Salmane.

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