L'Arabie Saoudite a cherché ce week-end à convaincre que sa campagne
militaire au Yémen commence, en dépit des critiques, à porter ses
fruits, alors que les rebelles chiites Houthis soutenus par l'Iran ne
désarment pas.
Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, est en visite à
Ryad, important partenaire de la France, pour exprimer "le soutien" de
son pays à l'Arabie saoudite.
Les dommages collatéraux, les destructions d'infrastructures civiles et
une situation humanitaire catastrophique n'ont eu aucun effet sur la
position de Ryad, chef de file d'une coalition de neuf pays arabes,
fermement engagée contre les Houthis et leurs alliés.
Les frappes aériennes "vont se poursuivre", a martelé samedi soir le
porte-parole de la coalition, le général de brigade saoudien Ahmed
Assiri, au 17ème jour de l'intervention.
Selon lui, la campagne, qui totalise 1.200 raids, est allée crescendo,
passant de 35 raids par jour, à 50 puis à 80 et, finalement, à 120.
Ces frappes ont neutralisé les capacités aériennes et balistiques des
rebelles et de leurs alliés, des militaires restés fidèles à
l'ex-président Ali Abdallah Saleh, a assuré le haut gradé saoudien.
Un autre aspect du conflit a été révélé samedi par le ministère saoudien
de la Défense, qui a affirmé que plus de 500 Houthis avaient été tués à
la frontière depuis le début de l'opération aérienne, le 26 mars.
Cette frontière avait été le théâtre de combats meurtriers en 2009/2010 à
la suite de l'infiltration de miliciens chiites en territoire saoudien.
Jusqu'à
samedi, Ryad n'avait fait état que d'échanges de tirs limités sur la
frontière où l'armée saoudienne, massivement mobilisée, a reconnu la
mort de six militaires par des tirs de Houthis.
Les Saoudiens sont restés sourds jusqu'ici aux demandes de pause
humanitaire d'organisations d'aide internationales qui s'alarment chaque
jour de l'impact du conflit sur les civils.
Ils ont toutefois permis l'arrivée à Sanaa de trois cargaisons d'aide
médicale du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et de l'Unicef
qui ont pu acheminer vendredi et samedi près de 70 tonnes de secours.
La détermination des Saoudiens à poursuivre les frappes s'accompagne
d'accusations de plus en plus directes contre l'Iran. "Nous avons des
preuves suffisantes selon lesquelles l'Iran soutient, arme et forme les
miliciens", a ainsi déclaré le général de brigade Assiri.
Les rebelles chiites, partis en septembre 2014 de leur bastion de Saada,
dans le nord du Yémen, contrôlent désormais la capitale Sanaa, des
régions du centre et de l'ouest, ainsi que des parties de la ville
d'Aden (sud), d'où s'est enfui le président Abd Rabbo Mansour Hadi.
Face à la situation, M. Fabius a déclaré qu'il "faudra qu'à un moment ou
à un autre, on arrive à une négociation", alors que Paris considère que
le président Hadi, est l'"autorité légitime" dans ce pays.
Dimanche, des avions de la coalition ont bombardé avant l'aube le Camp
22 dans la région d'al-Dhahra (province de Taëz), faisant 15 morts et 8
blessés parmi les rebelles chiites et leurs alliés, a indiqué un
médecin.
La base dépend de la Garde républicaine, unité d'élite restée loyale à
l'ex-président Saleh, contraint à la démission en 2012 après 33 ans de
pouvoir.
M. Saleh s'est allié aux Houthis qui ont poussé à l'exil fin mars l'actuel président Hadi, soutenu par l'Arabie Saoudite.
La
veille, à Aden, quatre civils ont été tués par des Houthis, a indiqué
un partisan du président, et dans l'ouest de la ville, cinq Houthis et
trois pro-Hadi ont été tués dans des affrontements qui ont éclaté
lorsque les rebelles ont essayé de progresser en direction d'une
raffinerie, selon des sources concordantes.
Au plan national, les combats affectent 15 des 22 provinces du pays:
Aden, Daleh, Lahj, Abyane, Chabwa, Taëz, Ibb, Baida, Hodeida, Raymah,
Amrane, Hajja, Saada, Jawf et Marib.
Le réseau Al-Qaïda, implanté dans le sud-est du pays, a profité du chaos
pour prendre le contrôle de Moukalla, la capitale de la province de
Hadramout.
Après avoir été empêché de faire atterrir des avions à Sanaa, la Russie a
annoncé dans la nuit avoir évacué par voie maritime 308 étrangers du
Yémen sur Djibouti à bord du navire de guerre Priazovye.
Il s'agit de 45 Russes, de 18 Américains, de 5 Britanniques et de
citoyens de l'ex-URSS, en plus de 159 Yéménites, selon le porte-parole
du ministère russe de la Défense Igor Konashenkov.
Des milliers d'étrangers ont déjà été évacués du Yémen.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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