L'influent ex-président yéménite Ali Abdallah Saleh a appelé ses alliés
les rebelles Houthis à se retirer, comme l'exige l'ONU, des territoires
conquis ces derniers mois, afin que cessent les raids de la coalition
arabe et que des négociations puissent reprendre.
"J'appelle Ansarullah (les rebelles chiites Houthis, NDLR) à accepter et
appliquer la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU pour pouvoir
obtenir l'arrêt de l'agression des forces de la coalition" arabe dirigée
par Ryad contre les Houthis, a dit M. Saleh selon un communiqué lu en
son nom sur sa chaîne privée Yemen al Yawm.
"Je les exhorte à se retirer de toutes les provinces, spécialement
d'Aden", principale ville du sud du Yémen, a ajouté le communiqué.
Les
rebelles chiites, qui menacent de prendre le pouvoir dans ce pays
pauvre de la péninsule arabique, ont conquis en janvier la capitale
Sanaa. Ils ont ensuite avancé vers le sud, atteignant Aden le 26 mars,
jour du début d'une opération aérienne arabe conduite par l'Arabie
saoudite, où s'est réfugié le président Abd Rabbo Mansour Hadi.
La coalition arabe a de nouveau mené des raids vendredi, trois jours
après avoir annoncé la fin de la phase intensive de ses frappes
aériennes, dans la perspective d'une reprise du processus politique.
Des raids ont ciblé un camp militaire d'une unité favorable aux rebelles
près de Taëz (sud-ouest) dans la nuit de jeudi à vendredi, selon des
habitants.
Des positions rebelles ont été bombardées et des affrontements ont eu
lieu notamment à Aden, dans la province de Marib (est), d'Abyane (sud)
et d'Ibb (centre).
L'ex-président Saleh, qui a quitté le pouvoir en 2012 dans la foulée du
Printemps arabe, a aussi appelé à la reprise du dialogue inter-yéménite,
prônant "la "réconciliation" dans son pays ruiné par la guerre.
L'ONU a désigné jeudi un nouveau médiateur, le diplomate mauritanien
Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, dont la nomination deviendra effective lundi
si aucun pays membre du Conseil de sécurité ne s'y oppose.
Les rebelles chiites ne veulent toutefois pas entendre parler de reprise
des pourparlers tant que les raids aériens se poursuivent.M.
Saleh a proposé dans ce contexte que toutes les provinces soient placées
sous l'autorité de "l'armée et des forces de sécurité, sous le contrôle
des autorités locales de chaque province".
Les Houthis n'auraient jamais pu conquérir autant de territoire sans
l'appui de nombreuses unités militaires restées fidèles à l'ex-président
Saleh. Mais des fissures ont commencé à apparaître dans le camp de la
rébellion dimanche, lorsque le commandement militaire de la plus vaste
province du Yémen a annoncé son ralliement au président Hadi.
Le conflit a attisé les tensions dans les eaux Golfe, où des navires
iraniens soupçonnés par les Etats-Unis de transporter des armes à
destination des insurgés ont fait demi-tour au large du Yémen vendredi.
L'Iran chiite, accusé de soutenir militairement les rebelles, assure ne leur fournir qu'une aide humanitaire.
Douze navires américains, dont le porte-avions Roosevelt, croisent
actuellement non loin des côtes yéménites, sous blocus maritime,
notamment pour faire respecter l'embargo sur les armes destinées aux
Houthis, voté il y a dix jours par le Conseil de sécurité de l'ONU.
Même si les neuf bateaux iraniens, dont deux armés, qui faisaient cap
sur le Yémen ont changé de direction selon des responsables américains,
la marine des Etats-Unis reste en alerte et "surveille de très près" ce
convoi, a indiqué l'un d'eux.
A Téhéran, c'est au sujet d'avions humanitaires eux aussi contraints de
rebrousser chemin selon les autorités iraniennes, face à la coalition
arabe contrôlant l'espace aérien yéménite, que le chargé d'affaires
saoudien a été convoqué vendredi soir.
Le
conflit faisant rage depuis un mois entre rebelles chiites Houthis et
partisans du président yéménite en exil n'épargne pas les enfants, a
déploré l'ONU, affirmant que 115 d'entre eux avaient péri dans les
hostilités depuis le 26 mars.
Le bilan réel est sûrement plus élevé car des vérifications sont encore
en cours, a assuré l'Unicef, expliquant par ailleurs qu'une centaine
d'enfants avaient été recrutés par les groupes armés.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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