L'Arabie Saoudite et l'Egypte, les deux piliers de la coalition contre
les terroristes chiites au Yémen, ont annoncé mercredi leur intention
d'organiser de grandes manoeuvres militaires sur le sol saoudien, trois
semaines après le début des frappes au Yémen.
Sur le territoire yéménite, les avions de la coalition de neuf pays
arabes menée par le royaume saoudien sunnite ont mené de nouveaux raids
contre les rebelles liés à l'Iran chiite.
La coalition a été renforcée diplomatiquement par l'adoption mardi par
le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution sommant les
Houthis de se retirer des régions qu'ils ont conquises depuis septembre
2014, y compris la capitale Sanaa.
Curieusement, les Houthis n'avaient pas formellement réagi mercredi à
cette décision, leur chaîne de télévision se contentant d'afficher à
l'écran qu'il s'agissait d'un "crime contre le Yémen".
Cette chaîne a appelé à des défilés à Sanaa pour dénoncer la résolution,
mais peu de manifestants se sont rassemblés devant les bureaux de
l'ONU, selon un correspondant de l'AFP.
En plein conflit au Yémen, frontalier de l'Arabie Saoudite, Ryad et le
Caire vont former une commission pour tenir de "grandes" manoeuvres
militaires conjointes dans le royaume saoudien. Y participera "une force
arabe comprenant des troupes égyptiennes, saoudiennes et des Etats du
Golfe", a annoncé la présidence égyptienne.
Aucune indication n'a été donnée sur le calendrier, l'ampleur ou les
modalités de ces exercices annoncés après une rencontre mardi entre le
président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le ministre saoudien de la
Défense, Mohammed ben Salmane ben Abdel Aziz.
- 'Ligne rouge' -
Durant l'entretien, M. Sissi a répété que "la sécurité dans le Golfe
arabique constitue une ligne rouge pour l'Egypte et est partie
intégrante de sa propre sécurité nationale, en particulier en mer Rouge
et dans le détroit de Bab al-Mandeb", qui sépare l'Afrique de la
péninsule arabique.
L'Egypte, pays le plus peuplé du monde arabe, participe activement à la
coalition anti-Houthis. Elle a aussi été à l'avant-garde de l'annonce,
le 29 mars par la Ligue arabe, de la création d'une future force arabe
permanente, dont l'objectif principal sera de combattre les groupes
jihadistes, notamment en Libye.
La question d'une éventuelle intervention au sol est souvent posée au
porte-parole saoudien de la coalition pour le Yémen, le général de
brigade Ahmed Assiri qui répond immanquablement que "toutes les options
sont ouvertes".
Au 21e jour des raids, les avions de la coalition ont visé un ensemble
de bâtiments de l'administration provinciale de Saada, fief des
Houthis(nord), selon des habitants. Ils ont aussi frappé des positions
rebelles à Aden, la capitale du Sud.
Dans cette cité portuaire, les affrontements se poursuivaient entre les
Houthis aux fidèles du président Abd Rabbo Mansour Hadi, faisant sept
morts dont trois civils, selon des sources médicales.
- Pas d'électricité -
Les combats ont aussi touché Taëz, la grande ville du sud-ouest, où des
officiers pro-Hadi ont déploré la perte de trois des leurs et affirmé
avoir tué une vingtaine de Houthis. Et dans la province de Daleh, au
nord d'Aden, les pro-Hadi ont affirmé avoir tué 16 Houthis dans des
embuscades et des échanges de tirs.
Alors que les violences ont fait depuis le 19 mars des centaines de
morts au Yémen, dont un grand nombre de civils selon l'ONU, la
situation humanitaire continue à empirer notamment à Sanaa, sans
électricité depuis trois jours et où les produits alimentaires se font
rares ou sont hors de prix, selon des habitants.
Les Houthis, venus de leur fief dans le nord, sont entrés dans la
capitale le 21 septembre 2014 avant d'en chasser le pouvoir de M. Hadi
en janvier et d'entreprendre la conquête du sud. Après avoir pris des
régions du centre et de l'ouest, ils sont arrivés à Aden le 26 mars,
jour du déclenchement de la campagne aérienne arabe.
Mercredi, le président du Parlement turc Cemil Ciçek a annoncé que son
pays souhaitait l'organisation à Istanbul ou à Ryad d'une conférence
internationale pour la paix au Yémen, qui regrouperait toutes les
parties.
(15-04-2015)
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