Deux premiers bateaux d'aide humanitaire sont arrivés mercredi dans le
sud du Yémen, où les combats font un nombre grandissant de victimes
civiles, deux semaines après le début des raids de la coalition arabe.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a revu à la hausse le bilan
des victimes des violences au Yémen, à 643 morts et 2.226 blessés depuis
le 19 mars.
Les combats entre partisans et adversaires du président Abd Rabo Mansour
Hadi se concentrent actuellement sur Aden, la deuxième ville du Yémen.
Au moins 22 personnes y ont été tuées et 70 blessées, pour la plupart
des civils, mercredi dans des bombardements rebelles, selon des sources
locales.
Aden est le fief des partisans du président Hadi, qui a été contraint de
quitter le Yémen sous la pression de ses adversaires, les rebelles
chiites Houthis alliés à des militaires restés fidèles à l'ex-chef de
l'Etat Ali Abdallah Saleh.
Dans cette grande ville portuaire du sud, Médecins sans frontière (MSF) a
réussi à acheminer 2,5 tonnes de matériel médical, la première
cargaison d'aide depuis le lancement le 26 mars de l'intervention
militaire dirigée par Ryad contre les Houthis.
Un bateau de la Croix-Rouge transportant du matériel et du personnel
médical a également accosté mercredi à Aden, mais le matériel est resté
bloqué à bord en raison de combats, selon le porte-parole de la
coalition arabe.
Cette aide reste toutefois très modeste face aux immenses besoins de la
population, notamment à Aden, où la situation humanitaire est
"catastrophique", et le personnel médical fait cruellement défaut, selon
le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Les rebelles ont pilonné de nouveau au canon et aux obus de mortier un
quartier du centre d'Aden depuis des collines surplombant la ville, a
indiqué à l'AFP un responsable local.
Des cadavres étaient visibles dans les rues et des appels à l'aide ont
été lancés par haut-parleur depuis les mosquées, selon des habitants.
Des agences humanitaires se préparent à un afflux de réfugiés dans le
petit pays voisin de Djibouti, où des Yéménites ont commencé à
s'abriter.
Au 14e jour de l'opération "Tempête décisive", les raids aériens ont
encore visé l'aéroport international d'Aden contrôlé par les rebelles.
Plus à l'ouest, des avions de la coalition arabe ont mené un raid contre
une position des rebelles en face du détroit stratégique de Bab
al-Mandeb, à l'embouchure de la mer Rouge, faisant 17 morts, selon une
source militaire.
Dans la capitale Sanaa, un immeuble résidentiel, situé près d'un
bâtiment ministériel, a été touché par un raid aérien, faisant 26
blessés, selon la rébellion.
Les Emirats arabes unis, membres de la coalition arabe intervenue au
Yémen à la demande du président Hadi, n'ont pas exclu mercredi une
opération terrestre au Yémen contre les rebelles chiites.
Les monarchies du Golfe ont proposé mardi au Conseil de sécurité de
l'ONU un projet de résolution qui frapperait de sanctions le chef des
rebelles, Abdel Malek Al-Houthi, et le fils aîné de l'ex-président,
Ahmed Ali Abdallah Saleh.
Ces hommes sont également dans la ligne de mire d'al-Qaïda, qui a mis à
prix mercredi la tête de M. al-Houthi et de son allié l'ex-président
Saleh.
Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (AQPA), branche saoudo-yéménite du
réseau extrémiste sunnite, a promis "20 kg d'or à quiconque tue ou
capture" chacun des deux hommes, soupçonnés d'avoir des liens avec
l'Iran chiite pour prendre le pouvoir au Yémen.
Le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a reconnu mercredi
qu'Aqpa "enregistr(ait) des avancées sur le terrain", mais promis de
combattre ce groupe, qui a profité du chaos pour s'emparer partiellement
la semaine dernière de Moukalla, grande métropole du sud-est du Yémen,
selon des habitants.
Washington
appuie la coalition menée par l'Arabie Saoudite contre les Houthis. Le
secrétaire d'Etat adjoint Antony Blinken a indiqué mardi à Ryad que son
pays "accélérait" ses livraisons d'armes au royaume avec lequel il
partage déjà des renseignements.
Un responsable américain a indiqué à l'AFP que les Etats-Unis envoyaient
des munitions à guidage de précision aux Emirats arabes unis, qu'ils
utilisent avec leurs partenaires du Golfe au sein de la coalition.
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