Au milieu de nulle part, en plein désert jordanien, les enfants du camp
de réfugiés syriens d'Azraq disposent désormais d'un endroit où ils
peuvent lire un livre, voir un film ou se connecter à internet.
Des activités qui devraient briser la routine dans ce camp, ouvert il y a
un an à une centaine de kilomètre à l'est d'Amman et qui compte quelque
18.000 réfugiés, dont la moitié sont des enfants, sur une capacité de
100.000.
La médiathèque a été déployée au milieu de milliers d'abris métalliques
se succédant dans une monotonie pesante, à l'initiative de l'ONG
française Bibliothèques sans frontières (BSF) en partenariat avec
l'Agence des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) et l'ONG Care.
Dans ce camp, "il y a une maladie qui guette (les réfugiés). C'est l'ennui", explique Patrick Weil, le président de BSF.
"Aucun être humain ne peut rester ainsi, juste manger trois fois par
jour. Ils ont besoin de se connecter avec (...) le monde pour s'informer
sur ce qui se passe. Ils ont besoin de se projeter vers l'avenir",
souligne-t-il.
Quatre cubes multicolores et deux boîtes de rangement composent la
médiathèque en kit, baptisée "Ideas Box" et imaginée par BSF.
S'inspirant des caisses de transport de matériel de musique, elle est
facilement transportable et déployable sur le terrain.
Cet espace culturel de 100 m2 est "parfaitement adapté aux situations d'urgence humanitaire", selon les initiateurs du projet.
Bibliothèques sans frontières avait déployé en 2014 sa première "Ideas
Box" au Burundi et en a envoyé une autre à Beyrouth, également destinée à
des réfugiés syriens, dont le nombre avoisine les quatre millions selon
l'ONU.
Il s'agit d'une "formidable boite à outils" dotée d'une connexion
internet, d'une vingtaine d'ordinateurs et de tablettes tactiles, de
livres électroniques et en papier et d'un cinéma.
Pour les réfugiés syriens, les livres ont été sélectionnés soigneusement
par des enseignants jordaniens, syriens et libanais, précise M. Weil.
Autour d'une table, les premiers enfants à visiter les lieux sont déjà
occupés à remplir des feuilles blanches en dessins et gribouillages.
"Je vais venir ici chaque jour (...) J'aime le dessin et la lecture",
lance en souriant Maram, 12 ans, qui dessine des oiseaux, des arbres et
une rivière bleue, en contraste avec le paysage lunaire dans lequel elle
vit depuis qu'elle a fuit la Syrie avec sa famille.
"Ils nous ont dit que nous pouvons venir ici chaque jour et qu'ils vont
nous apprendre la danse et le théâtre", se réjouit de son côté Islam, 10
ans.
L'ambassadrice de France en Jordanie, Caroline Dumas, se félicite d'un
"projet fondamental" qui "touche à l'avenir des enfants en leur
permettant de rester connectés sur le monde extérieur, de garder espoir,
de continuer à approfondir leurs connaissances (...) et de se
construire un avenir". Il aidera aussi les enfants "à surmonter les
traumatismes qu'ils ont connus", dit-elle.
D'après un rapport du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), 2,6 millions d'enfants syriens ne sont pas scolarisés.
La Jordanie, qui partage avec la Syrie quelque 370 kilomètres de
frontière, accueille plus de 600 000 réfugiés syriens, le seul camp
Zaatari (nord) en abritant à lui seul 80.000.
La guerre en Syrie a fait plus de 220 000 morts, dont plus de 10.000
enfants, depuis le début il y a quatre ans de la révolte contre le
régime de Bashar al-Assad, selon l'Observatoire syrien des droits de
l'Homme.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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