jeudi 30 avril 2015

Jordanie : Une "boîte à culture" dans un camp de réfugiés syriens

Au milieu de nulle part, en plein désert jordanien, les enfants du camp de réfugiés syriens d'Azraq disposent désormais d'un endroit où ils peuvent lire un livre, voir un film ou se connecter à internet.
Des activités qui devraient briser la routine dans ce camp, ouvert il y a un an à une centaine de kilomètre à l'est d'Amman et qui compte quelque 18.000 réfugiés, dont la moitié sont des enfants, sur une capacité de 100.000.
La médiathèque a été déployée au milieu de milliers d'abris métalliques se succédant dans une monotonie pesante, à l'initiative de l'ONG française Bibliothèques sans frontières (BSF) en partenariat avec l'Agence des Nations unies pour les Réfugiés (HCR) et l'ONG Care.
Dans ce camp, "il y a une maladie qui guette (les réfugiés). C'est l'ennui", explique Patrick Weil, le président de BSF.
"Aucun être humain ne peut rester ainsi, juste manger trois fois par jour. Ils ont besoin de se connecter avec (...) le monde pour s'informer sur ce qui se passe. Ils ont besoin de se projeter vers l'avenir", souligne-t-il.
Quatre cubes multicolores et deux boîtes de rangement composent la médiathèque en kit, baptisée "Ideas Box" et imaginée par BSF. S'inspirant des caisses de transport de matériel de musique, elle est facilement transportable et déployable sur le terrain.
Cet espace culturel de 100 m2 est "parfaitement adapté aux situations d'urgence humanitaire", selon les initiateurs du projet.
Bibliothèques sans frontières avait déployé en 2014 sa première "Ideas Box" au Burundi et en a envoyé une autre à Beyrouth, également destinée à des réfugiés syriens, dont le nombre avoisine les quatre millions selon l'ONU.
Il s'agit d'une "formidable boite à outils" dotée d'une connexion internet, d'une vingtaine d'ordinateurs et de tablettes tactiles, de livres électroniques et en papier et d'un cinéma.
Pour les réfugiés syriens, les livres ont été sélectionnés soigneusement par des enseignants jordaniens, syriens et libanais, précise M. Weil.
Autour d'une table, les premiers enfants à visiter les lieux sont déjà occupés à remplir des feuilles blanches en dessins et gribouillages.
"Je vais venir ici chaque jour (...) J'aime le dessin et la lecture", lance en souriant Maram, 12 ans, qui dessine des oiseaux, des arbres et une rivière bleue, en contraste avec le paysage lunaire dans lequel elle vit depuis qu'elle a fuit la Syrie avec sa famille.
"Ils nous ont dit que nous pouvons venir ici chaque jour et qu'ils vont nous apprendre la danse et le théâtre", se réjouit de son côté Islam, 10 ans.
L'ambassadrice de France en Jordanie, Caroline Dumas, se félicite d'un "projet fondamental" qui "touche à l'avenir des enfants en leur permettant de rester connectés sur le monde extérieur, de garder espoir, de continuer à approfondir leurs connaissances (...) et de se construire un avenir". Il aidera aussi les enfants "à surmonter les traumatismes qu'ils ont connus", dit-elle.
D'après un rapport du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), 2,6 millions d'enfants syriens ne sont pas scolarisés.
La Jordanie, qui partage avec la Syrie quelque 370 kilomètres de frontière, accueille plus de 600 000 réfugiés syriens, le seul camp Zaatari (nord) en abritant à lui seul 80.000.
La guerre en Syrie a fait plus de 220 000 morts, dont plus de 10.000 enfants, depuis le début il y a quatre ans de la révolte contre le régime de Bashar al-Assad, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.

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