Ecoles et entreprises fermées, pénuries, exode de civils: la situation
devient intenable à Aden, la grande ville du sud du Yémen où raids
aériens et combats de rue ne faiblissent pas au 19ème jour de
l'intervention menée par l'Arabie Saoudite.
Aden a émergé lundi d'une longue nuit de violences entre partisans du
président Abd Rabbo Mansour Hadi et leurs adversaires, les rebelles
chiites Houthis et leurs alliés.
Au moins 30 personnes, dont treize civils, onze Houthis et six
combattants pro-Hadi, ont péri dans ces combats qui ont touché
différents quartiers, selon des sources médicale et militaire.
Les frappes de la coalition arabe dirigée par Ryad se sont poursuivies
jusqu'à 06H00 (03H00 GMT), visant des barrages et des positions rebelles
aux entrées de la cité portuaire, deuxième ville du pays.
A l'aube, des avions ont bombardé le complexe présidentiel tenu par les
rebelles et qui était le dernier refuge de M. Hadi avant qu'il ne
s'enfuie vers l'Arabie Saoudite à la veille de l'intervention militaire
le 26 mars.
Selon un militant pro-Hadi, Metaz al-Maisouri, qui réside à Aden, il y a
eu ces dernières semaines un "exode massif" de familles.
"Les écoles, les universités et des entreprises publiques et privées ont
fermé", a-t-il dit. "De nombreux ouvriers et employés ont été licenciés
par leurs patrons qui ne pouvaient plus les payer".
La population manque de tout, en premier lieu de nourriture, selon des
organisations humanitaires. En outre, a expliqué Adwaa Mubarak, une
femme de 48 ans, "nous ne pouvons pas quitter notre domicile en raison
des snipers".
"Il y a des combats à tous les coins de rue et j'ai forcé mes enfants à
rester à la maison car plusieurs de mes voisins ont été tués par des
tireurs Houthis, alors qu'ils n'ont rien à voir" avec cette guerre,
a-t-elle ajouté.
Dans ce contexte, le personnel de Médecins sans frontières (MSF) connait
des difficultés pour se déplacer et accéder aux habitants ayant besoin
d'assistance médicale, a précisé Marie-Elisabeth Ingres, l'une de ses
responsables.
La crise est identique à Sanaa, selon la porte-parole du Comité
international de la Croix-Rouge, Marie-Claire Feghali, présente dans la
capitale yéménite.
"Il y a une pénurie d'eau et de nourriture, et les gens sont incapables de se déplacer", a-t-elle indiqué à l'AFP.
Partis en septembre de leur bastion de Saada (nord du Yémen), les
rebelles Houthis ont pris le contrôle de Sanaa, de régions du centre et
de l'ouest, ainsi que de portions du sud, ce qui a provoqué
l'intervention arabo-sunnite.
Ryad accuse l'Iran chiite d'envoyer des armes aux rebelles, ce que Téhéran dément.
Les civils ont payé un lourd tribut. Ils constituent une bonne partie
des centaines de morts et des milliers de blessés évoqués par l'ONU.
Les pertes des Houthis et de leurs alliés, des militaires restés fidèles
à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, restent largement inconnues, mais
les images des frappes, diffusées par la coalition, laissent supposer un
grand nombre de tués et de blessés.
Les déplacés se comptent par dizaines de milliers et les étrangers ont
aussi beaucoup souffert en raison des difficultés dans les opérations
d'évacuation.
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) indique que pas
moins de 16 000 personnes sont, pour le moment, dans l'incapacité de
quitter le Yémen, alors que plusieurs milliers d'étrangers ont déjà été
évacués par voie aérienne ou maritime.
Dans le sud, des frappes aériennes ont touché lundi des positions
Houthies dans la province de Chabwa, selon des témoins. Par ailleurs,
des membres de tribus sunnites ont pris une base militaire dans la
localité côtière de Nashima, selon des sources tribales.
A
Ataq, capitale de la province de Chabwa, des avions de la coalition ont
bombardé à dix reprises des positions de militaires pro-Saleh, ont
rapporté des habitants.
Ailleurs, des positions Houthies ont été prises pour cible par
l'aviation arabe dans la province de Mareb, à l'est de Sanaa, selon des
sources tribales.
Des dépôts d'armes rebelles étaient aussi bombardés en début
d'après-midi dans la région d'Omrane, au nord de Sanaa, selon des
habitants.
(13-04-2015)
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