samedi 11 avril 2015

Yémen : Sur la "ligne rouge", les Saoudiens ont les yeux rivés vers le Yémen

"Voici la ligne rouge": le garde-frontière saoudien pointe du doigt une route à peine visible derrière un village abandonné où se dessine la frontière avec le Yémen, particulièrement surveillée depuis le début de l'opération "Tempête décisive".
Le poste d'observation Tayash a été établi il y a un mois seulement sur une colline de sable difficile d'accès même pour un 4x4.
Sur le toit de la tour de trois étages, deux mitrailleuses sont dirigées vers les montagnes yéménites, par-delà la vallée où ne poussent que buissons et broussailles.
"Nous avons pris le contrôle de tous les points en hauteur", explique l'officier des gardes-frontières. Avec l'objectif d'empêcher toute incursion des rebelles chiites Houthis que l'Arabie combat au Yémen à la tête d'une coalition arabo-sunnite.
La vigilance a été renforcée car trois gardes-frontières saoudiens ont déjà été tués par les rebelles yéménites depuis le début de l'opération militaire le 26 mars.
Pour le moment, aucun tir n'a eu lieu à Tayash.
"Il n'y a pas de Houthis" à proximité, affirme un garde-frontière, fusil suspendu à l'épaule, tandis que ses collègues surveillent la zone avec des jumelles.
Le poste d'observation est situé à une centaine de kilomètres de la dernière ville du sud-ouest saoudien, Jazan.
Depuis une incursion menée en 2009 par les Houthis, l'Arabie Saoudite a évacué le village le plus proche. Ses habitants ont été relogés dans des logements modernes plus éloignés de la frontière. De leur hameau il ne reste que des murs sans toit.
Le quotidien panarabe Al-Hayat a récemment indiqué que 96 hameaux inhabités allaient être rasés à la frontière avec le Yémen, longue de 1.800 km, pour éviter que les rebelles s'en servent comme abris.
Des postes d'observation similaires et une tour de communications sont visibles sur les collines environnantes. Un tel réseau devrait être suffisant pour éviter que les Houthis ne répètent leur opération de 2009, estime le colonel Hassan Ageeli, qui commande le secteur couvrant environ 70 kilomètres de frontière.
Barbe noire finement taillée, le colonel assure que le royaume est désormais mieux équipé et protégé. Il salue aussi l'état d'esprit de ses soldats, qui "veulent défendre leur pays et sont fiers" de participer à l'opération militaire.
A l'exception de la mort des trois gardes-frontières tués par des tirs en provenance du Yémen lors de deux incidents en avril dans la province d'Assyr (sud-ouest), adjacente de Jazan, les affrontements sont rares. Même si, à certains endroits, les positions des Houthis ne sont distantes que d'une centaine de mètres de celles des Saoudiens, indique le colonel Ageeli.
En cas de besoin, l'armée a positionné à quelques minutes de route de Tayash, de l'artillerie lourde, des radars, une dizaine de chars et plusieurs véhicules blindés de transports de troupes.
Dans la ville de Jazan, au bord de la mer Rouge, les habitants font preuve de stoïcisme face aux risques d'un débordement du conflit yéménite.
"Les gens n'ont pas peur, nous sommes loin de la frontière", témoigne l'un d'eux. "Il n'y a pas de problème", renchérit un jeune homme, vêtu d'une tenue traditionnelle blanche, en se baladant sur la corniche à moitié désertée.
Abou Ibrahim, chauffeur de taxi, reste, lui, sur ses gardes. "Pour le moment c'est calme, dit-il. Mais si la coalition décide de lancer une opération au sol, les rebelles pourraient riposter en visant la ville avec des missiles".

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