Le président Barack Obama reçoit mardi à la Maison Blanche le Premier
ministre irakien Haider al-Abadi qui a réclamé lundi plus d'aide de
Washington pour leur "long, long" combat commun contre le groupe Etat
islamique (EI).
Les Irakiens demandent à Washington "une augmentation significative des
raids aériens et des livraisons d'armes", a déclaré M. Abadi avant de
s'envoler vers les Etats-Unis. Il y a déjà eu une augmentation des
frappes "mais nous voulons plus", a-t-il dit.
L'attaque menée samedi par les jihadistes contre la raffinerie de Baïji,
la plus grande du pays, située à 200 kilomètres au nord de Bagdad, est
venue rappeler l'ampleur de la tâche face à l'EI.
La reconquête de la ville stratégique de Tikrit, annoncée fin mars, a
certes été une étape importante. Mais cette bataille, plus grande
opération lancée par Bagdad contre les jihadistes depuis leur offensive
en juin dernier, a été "très difficile" et a connu "des hauts et des
bas", selon un haut responsable américain.
Tikrit constitue aussi un avertissement pour ceux qui voyaient la
reconquête du centre et du nord de l'Irak aller beaucoup plus vite.
Si sa reconquête est considérée comme un "tremplin" vers la libération
de Mossoul, deuxième ville du pays située à 350 km au nord de Bagdad,
Washington met en garde contre toute précipitation.
Cette attaque "doit être lancée quand tout est prêt" et ne doit pas être
calée "sur un calendrier rigide", souligne un responsable américain.
"Cela va demander des moyens importants, et il faudra du temps pour tout
mettre en place".
Pour M. Abadi, les mois à venir seront évidemment cruciaux.
Pour M. Obama, l'enjeu est de taille, à moins de deux ans de son départ
de la Maison Blanche. Ses détracteurs affirment que le retrait des
troupes américaines était une erreur stratégique ayant permis à l'EI de
se développer à une vitesse fulgurante.
Depuis l'arrivée de Haider al-Abadi au pouvoir, la Maison Blanche
souligne inlassablement à quel point la donne est en train de changer
dans le pays, miné par les tensions religieuses. Une partie des Arabes
sunnites d'Irak (20% de la population) se sentent stigmatisés par les
autorités de Bagdad, où les chiites dominent. Leur marginalisation a
amené certains d'entre eux à tolérer --voire soutenir-- l'EI.
"Le gouvernement Abadi est différent du précédent sur toutes les
questions importantes", souligne un responsable américain, insistant sur
la crise profonde à laquelle le pays était confronté lorsque Nouri
Al-Maliki était au pouvoir.
Mais la bataille de Tikrit a aussi été source de tensions avec
Washington lorsque les milices chiites soutenues par l'Iran ont été
parfois décrites comme étant "les patrons" de l'offensive.
Les dirigeants irakiens n'entendent en rien être des "marionnettes" de
l'Iran voisin, a assuré le vice-président américain Joe Biden il y a
quelques jours. Et à l'approche de la visite à Washington du Premier
ministre irakien, M. Biden a insisté sur la détermination de ce dernier à
ne pas se laisser impressionner par son puissant voisin iranien.
"Il a courageusement pris l'initiative et expliqué de manière on ne peut
plus claire que c'était le gouvernement irakien, que c'était lui, en
tant que commandant en chef, qui dirigeait l'opération", a-t-il
souligné.
Quelle que soit la stratégie retenue, la stabilité du pays est encore un
projet lointain. Après 1.800 frappes aériennes de la coalition
internationale menée par les Etats-Unis depuis début août dernier, l'EI a
perdu de "25 à 30%" de terrain depuis son apogée l'été dernier, selon
le colonel Steven Warren, porte-parole du Pentagone.
"C'est une campagne sur le long terme", souligne un responsable
américain. "Ce sera long, long, long. Il faut absolument garder cela en
tête".
Lundi, M. Abadi a indiqué que, outre des armes et des frappes, le
gouvernement irakien réclamait aussi des "mesures strictes" pour arrêter
le flux des combattants étrangers en Irak, et des efforts de la
communauté internationale pour mettre fin au trafic de pétrole et
d'antiquités, source de revenus pour les jihadistes.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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