La coalition arabe dirigée par l'Arabie Saoudite a annoncé mardi la fin
de sa campagne aérienne lancée il y a près d'un moins contre les
rebelles chiites au Yémen, affirmant que les opérations entraient dans
une phase politique.
L'Iran, accusé depuis le début par Ryad de soutenir militairement les
rebelles ce qu'il dément, a salué cette annonce, estimant que c'était un
"pas en avant" vers une résolution politique du conflit.
Dans le même temps, Washington a rapproché un porte-avions du Yémen et
surveillait un convoi de navires iraniens soupçonnés de se diriger vers
ce pays frontalier de l'Arabie saoudite, un déploiement qui permettrait
aux Etats-Unis de "préserver les options", selon un porte-parole du
Pentagone.
A Ryad, le porte-parole de la coalition, le général Ahmed al-Assiri, n'a
cependant pas exclu que la coalition puisse intervenir pour empêcher
les mouvements des rebelles, soulignant en outre que le blocus maritime
serait maintenu.
Il a annoncé la fin de l'opération "Tempête décisive", lancée le 26
mars, "à la demande du gouvernement et du président du Yémen", Abd Rabbo
Mansour Hadi, aujourd'hui réfugié en Arabie Saoudite.
Devant l'avancée des rebelles vers Aden (sud), où il était réfugié, c'est M. Hadi qui avait réclamé l'intervention de Ryad.
La coalition a annoncé le début d'une nouvelle phase, baptisée
"Restaurer l'espoir" et portant sur la reprise du processus politique au
Yémen, la fourniture d'aides humanitaires et la "lutte contre le
terrorisme" dans un pays où Al-Qaïda est très actif.
Selon le ministère saoudien de la Défense, les frappes aériennes sont
parvenues "avec succès à éliminer les menaces pesant sur la sécurité de
l'Arabie saoudite et des pays voisins".
Le ministère fait état de la "destruction d'armes lourdes et de missiles
balistiques qui avaient été saisis par la milice Houthie et les forces
de (l'ancien président) Ali Abdallah Saleh dans des bases et camps de
l'armée".
Partis de leur bastion dans le nord du Yémen, ces rebelles n'auraient
jamais pu avancer autant dans le pays --au centre, à l'ouest et au sud--
sans le soutien d'unités militaires restées fidèles à M. Saleh (au
pouvoir de 1978 à 2012), rappellent des experts.
Or, dimanche, son parti a donné l'impression de commencer à prendre ses
distances avec les Houthis, déclarant accueillir "positivement" la
résolution adoptée le 14 avril par le Conseil de sécurité de l'ONU qui
impose un embargo sur les armes pour les rebelles et les somme de se
retirer des zones conquises ces derniers mois.
L'annonce de la fin de la campagne aérienne intervient alors que
l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde contre un
effondrement imminent des systèmes de santé et de soins au Yémen. Ces
systèmes "font face à des pénuries de plus en plus grandes de
médicaments qui sauvent des vies, à des interruptions fréquentes des
générateurs" et au manque d'électricité, selon elle.
L'OMS a fait état mardi d'un bilan de 944 morts et 3.487 blessés
--civils et militaires-- au Yémen entre le 19 mars et le 17 avril.
Les frappes de la coalition se sont poursuivies mardi, les plus violentes visant les alentours de la ville de Dhaleh (sud).
Selon le secrétaire général de la province éponyme, Ahmed Mouthanna, les
raids ainsi que les combats entre rebelles et forces favorables au
président Hadi ont fait 23 morts.
Dans la province de Chabwa (sud), les raids aériens et les affrontements
ont tué 29 combattants des deux camps, selon des sources tribales.
A Aden (sud), des combats entre pro-Hadi et rebelles ont fait 21 morts
dont 13 civils, selon des sources médicales et militaires.
Dans
la capitale Sanaa, les explosions spectaculaires provoquées lundi par
deux raids de la coalition contre un dépôt de missiles contrôlé par les
rebelles ont fait 38 morts parmi les civils, selon un nouveau bilan
établi mardi auprès de quatre hôpitaux qui font en outre état de 532
blessés.
Une source diplomatique occidentale réclamant l'anonymat a estimé que
les objectifs de la campagne aérienne avaient été atteints mais "pas
l'objectif politique". "Les Houthis sont toujours là où ils étaient
avant", a-t-elle dit à l'AFP.
Anwar Eshki, président du Centre for Strategic and Legal Studies, à
Jeddah, s'attend pour sa part à un retour bientôt au Yémen du président
Hadi.
"Je crois que l'Iran a changé d'avis", il ne va plus s'ingérer dans les
affaires du Yémen, a affirmé ce général à la retraite fin connaisseur du
dossier yéménite. "Les Houthis iront dialoguer avec le gouvernement",
assure-t-il.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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