Le Mauritanien Ismaïl Ould Cheikh Ahmed remplacera le démissionnaire Jamal Benomar, critiqué par les partisans du président yéménite en exil Abd Rabbo Mansour Hadi et leurs alliés du Golfe. Sa nomination sera effective lundi si aucun pays du Conseil de sécurité ne s'y oppose.
Mais la reprise de pourparlers sous l'égide des Nations unies, ce que souhaitent les rebelles chiites Houthis, ne pourra se faire qu'après un arrêt total des frappes, ont prévenu ces derniers.
Or deux jours après l'annonce par Ryad de la fin de la campagne aérienne déclenchée le 26 mars, les raids continuent.
Dans la nuit puis jeudi, ils ont touché pratiquement toutes les zones où les rebelles sont présents: près de la capitale Sanaa (nord), à Hodeïda (ouest) et près d'Aden (sud), où des affrontements opposent toujours rebelles et combattants fidèles au président Hadi, selon des témoins. Dans cette grande ville du sud, six personnes ont été tuées et 56 blessées en 24 heures de combats, a affirmé jeudi à l'AFP un responsable de santé.
A Dhaleh, au moins 23 rebelles chiites ont été tués jeudi par des frappes de la coalition arabe, selon un bilan d'un responsable local qui n'a pas pu être confirmé de source indépendante.
Un peu plus au nord, à Taëz, un responsable de la Croix-Rouge a indiqué à l'AFP qu'une de ses équipes avait retrouvé les corps de dix soldats après la prise mercredi par des rebelles d'un camp de militaires pro-Hadi.
Jeudi soir, le ministre des Affaires étrangères du gouvernement yéménite en exil a accusé Téhéran, qui soutient les Houthis, d'essayer de "violer le blocus maritime" imposé au Yémen pour empêcher que des armes ne parviennent aux rebelles.
De hauts responsables américains ont toutefois indiqué que le convoi de bateaux iraniens soupçonné par les Américains de transporter des armes pour les rebelles chiites du Yémen avait fait demi-tour. Mais les bateaux, qui progressent lentement, "peuvent à tout moment" reprendre leur cap vers le Yémen, selon ces sources, précisant que les Américains "surveillaient de très près" ce convoi.
En annonçant la fin des frappes mardi, le gouvernement saoudien avait précisé qu'il maintenant ce blocus et qu'il se réservait la possibilité d'intervenir de nouveau si des mouvements rebelles se faisaient menaçants.
Les développements depuis 48 heures prouvent que "les conditions objectives d'un véritable cessez-le-feu ne sont pas réunies" et que "la guerre n'est pas finie", a estimé l'analyste émirati Abdelkhaleq Abdulla.
La poursuite des raids suscite par ailleurs des interrogations sur les raisons qui ont poussé l'Arabie Saoudite à annoncer la fin de la campagne aérienne. Les spéculations vont bon train à ce sujet.
Certains mettent en avant des pressions internationales en raison des nombreuses victimes civiles du conflit, d'autres des conseils amicaux de pays occidentaux alliés de Ryad pour l'amorce d'un règlement politique et d'autres encore évoquent des négociations en coulisse qui ont déjà commencé avec des parties yéménites.
L'Arabie Saoudite a fait l'objet de nombreuses critiques à propos du coût humain des raids, dont celles de Human Rights Watch, qui a demandé jeudi une enquête sur les bavures présumées de la guerre.
L'Organisation mondiale de la santé a fait déjà état d'un bilan de 1.080 morts et 4.352 blessés --civils et militaires-- depuis le 19 mars.
"Le prix à payer par les civils est immense", a dénoncé depuis Genève le coordinateur humanitaire de l'ONU au Yémen, Johannes Van Der Klaauw.
Face à la situation humanitaire, l'ONU, qui avait évacué son personnel étranger, prévoit de le redéployer sur place "ces prochains jours", a annoncé M. Van Der Klaauw.
Au plan diplomatique, le Premier ministre du Pakistan, pays qui a pour le moment refusé de s'associer à l'intervention militaire de la coalition arabe, a été reçu jeudi par le roi Salmane et a exprimé sa "solidarité" avec l'Arabie Saoudite.
Un responsable pakistanais s'exprimant sous couvert de l'anonymat indiqué à l'AFP que la décision du Parlement pakistanais rejetant la demande d'aide militaire de Ryad dans le cadre des opérations de la coalition au Yémen n'était "pas du tout" un point de discorde entre les deux pays, qui sont des alliés de longue date et cultivent une relation "très mûre".
Au plan régional, la Somalie, déjà gravement déstabilisée par des islamistes radicaux, a dit craindre les retombées de ce conflit.
"Notre économie ne peut supporter cet afflux de réfugiés" venus du Yémen, a déclaré à l'AFP le Premier ministre somalien Omar Abdirashid Ali Sharmake.
Le marché pétrolier a lui aussi été sensible au risque d'escalade au Yémen, les cours rebondissant jeudi à New York pour clôturer à 57,74 dollars le baril.
(24-04-2015)
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