lundi 6 avril 2015

Syrie: 2000 personnes évacuées du camp de Yarmouk face à l'avancée de l'EI

Une centaine de manifestants se sont rassemblés à Ramallah en solidarité avec les habitants de Yarmouk.

Près de 400 familles, soit environ 2000 personnes, ont été évacuées du camp palestinien de Yarmouk, dans le sud de Damas, après l'avancée des jihadistes du groupe Etat islamique (EI), a affirmé dimanche un responsable de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) à Damas.
"400 familles, soit environ 2.000 personnes, ont pu quitter vendredi et samedi le camp à partir de deux routes sécurisées vers le quartier limitrophe de Zahira, tenu par l'armée syrienne, où des abris ont été installés", a déclaré Anouar Abdel Hadi à l'AFP.
"Les évacuations se poursuivent dimanche et certains (habitants) se trouvent à Yalda (localité près de Yarmouk sous contrôle de l'armée de Bashar), en attendant d'être dirigés vers un centre de relogement", a-t-il dit, ajoutant que 25 blessés avaient été transportés vers des hôpitaux de Damas et Mazzé.
"Nous pouvons évacuer toute personne qui réussit à atteindre la municipalité" de Yarmouk, a précisé M. Abdel Hadi.
Le camp de réfugiés palestiniens, qui comptait encore la semaine passée quelque 18 000 habitants, est situé à environ 7 km du centre de Damas. Assiégés depuis plus d'un an par l'armée de Bashar, ses habitants souffrent de pénuries de nourriture, d'eau et de médicaments.
Le porte-parole de l'Agence des Nations unies en charge des réfugiés palestiniens (UNRWA), Christopher Guiness, a indiqué dans un communiqué que "94 civils, dont 43 femmes et 20 enfants, avaient réussi à fuir le camp (dimanche) matin après une nuit d'intenses combats". Il a appelé "toutes les parties à faire preuve d'un maximum de retenue pour permettre à d'autres, qui souhaitent partir, d'être évacués".
L'EI a lancé mercredi une offensive sur le camp avec l'aide des jihadistes du Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Les jihadistes contrôlent le centre, le sud et l'ouest du camp tandis que les forces palestiniennes d'Aknaf Beit al-Maqdess, proches du mouvement islamiste Hamas, sont présentes dans le nord et l'est, selon le responsable de l'OLP.
Au moins 26 personnes sont mortes dans les violences depuis mercredi, selon l'OSDH, un bilan qui inclut les civils, les jihadistes de l'EI et les combattants palestiniens.
L'armée syrienne n'a "pas pris jusqu'à présent la décision d'y entrer mais elle a renforcé sa présence autour du camp", selon une source de sécurité. L'aviation bombarde Yarmouk, a-t-elle ajouté, "car chaque groupe terroriste est une cible pour nous".
Selon l'OSDH, l'aviation a largué 13 barils explosifs sur le camp dans la nuit de samedi à dimanche et les combats se poursuivent.
Depuis Ramallah, le président palestinien Mahmud Abbas, a déploré que "les Palestiniens payent le prix de guerres et d'agressions qui ne sont pas les leurs", appelant à "trouver une solution pour protéger les habitants de Yarmouk qui n'ont rien fait pour mériter cela".
Une centaine de manifestants se sont rassemblés à Ramallah en solidarité avec les habitants de Yarmouk. Parmi eux, Mustafa Barghouti, membre de la direction palestinienne, a affirmé à l'AFP que "la leçon la plus importante à tirer c'est que nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes: nous ne pouvons compter sur personne, sur aucun Etat ni aucun gouvernement".
Par ailleurs, dans le nord-est de la Syrie, l'EI a bombardé dimanche matin une église assyrienne dans la province de Hassaké, selon le réseau assyrien des droits de l'homme (RADH).
"L'EI a bombardé vers 09H00 (06H00 GMT) l'église de la Vierge Marie de Tall Nasri, après que des combattants kurdes du YPG et des Assyriens ont tenté de pénétrer dans la localité", a déclaré ce réseau.
L'EI s'est emparé en février de 14 villages assyriens sur 35 dans la région, dont Tall Nasri. Il y a enlevé 220 Assyriens, une communauté de 30.000 âmes, parmi les plus anciennes converties au christianisme.

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