Des violents combats ont opposé jeudi l'armée
syrienne aux rebelles à Alep, au lendemain d'un attentat spectaculaire
des insurgés contre les services de renseignements pour marquer leur
refus de la trêve de l'ONU.
Le chef de l'opposition syrienne en exil Khaled Khoja a prôné à Paris
l'adoption d'une "nouvelle stratégie" qui passerait par "un dialogue
avec tous les groupes d'opposition". Il a également rappelé à l'AFP que
le départ de Bashar al-Assad est le "but ultime" de ce combat, mais pas
une condition préalable" aux négociations.
A Alep, la deuxième ville syrienne, "de violents combats et des bombardements ont opposé jeudi matin l'armée
et les rebelles dans l'ouest, où a eu lieu l'attaque de la veille, a
indiqué à l'AFP le directeur de l'Observatoire syrien des droits de
l'homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.
L'explosion dans la soirée d'une puissante charge souterraine contre le
bâtiment abritant le siège des redoutables services de renseignement de
l'armée de l'air et les combats qui ont suivi ont fait 20 morts parmi
les forces gouvernementales et 14 chez les rebelles, selon l'OSDH.
Les civils ont continué à payer un lourd tribu à ce conflit. Au moins 18
d'entre eux ont péri, dont huit totalement brûlés, lors d'un raid d'un
hélicoptère qui a largué un baril explosif sur des personnes
"rassemblées pour acheter du fioul dans le quartier rebelle de Qadi
Askar, dans l'est d'Alep", selon l'ONG.
Des bombardements rebelles contre le secteur gouvernemental avaient
coûté la veille la vie à neuf civils, dont deux femmes et trois enfants,
notamment dans le quartier de Salaheddine, à l'ouest, où l'émissaire de
l'ONU Staffan de Mistura entendait proposé une trêve.
Par ailleurs, au moins six étudiants et un enseignant ont été tués et 12
personnes blessées, dont neuf enfants, dans un raid de l'aviation du
régime près d'une école dans un village au nord d'Idleb, (nord-ouest),
selon la même source.
Ancien poumon économique de la Syrie, la ville septentrionale d'Alep est
entrée dans le conflit à l'été 2012 et est depuis divisée entre zones
contrôlées par les rebelles à l'est et celles du régime à l'ouest.
Pour le régime comme pour l'opposition ce regain de violence coïncide
avec la visite depuis mardi d'une délégation de l'Onu dirigée par Khawla
Matar, chef du bureau du médiateur,chargée de préparer la trêve
partielle proposée par M. de Mistura.
"La planification de l'attaque a pris beaucoup de temps mais sa
réalisation mercredi est un message message clair au régime et à de
Mistura", a affirmé à l'AFP Samir Nashar, membre de la Coalition de
l'opposition.
"Les rebelles ne prêtent plus aucune attention aux efforts de de Mistura
et c'est pour cela qu'ils sont dans l'impasse", a-t-il ajouté. "Les
forces révolutionnaires d'Alep ont décidé de ne pas rencontrer la
délégation dépêchée par de Mistura".
Pour une source gouvernementale syrienne, "les rebelles ont cherché à
mettre un pression plus grande sur la délégation de l'ONU à Alep, qui
devait rencontrer des gens de l'autre côté (rebelles)".
M. de Mistura propose un gel des combats à Alep permettant l'entrée d'aide humanitaire dans lae ville.
Après quatre années de guerre sanglante, plus de 210.000 morts, et des
tentatives de négociations qui ont toutes échoué, l'opposition dite
"modérée", affaiblie et divisée, cherche à se restructurer et relancer
un processus pour aboutir à une transition politique en Syrie.
A Moscou, le porte-parole du ministère russe des Affaires Étrangères a
annoncé que "des représentants d'une partie plus large de l'opposition
syrienne" devraient participer à une nouvelle rencontre, prévue "en
avril".
La Coalition nationale syrienne, l'opposition en exil, qui n'avait pas
participé à la première rencontre en janvier, "envisage de venir à
Moscou", a affirmé de son côté le vice-ministre russe des Affaires
étrangères, Guennadi Gatilov, selon l'agence de presse RIA Novosti.
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