Au moins 50 combattants du groupe Etat islamique (EI) ont péri en 24
heures à Kobané, l'un des plus lourds bilans pour les jihadistes depuis
qu'ils tentent de s'emparer de cette ville kurde syrienne frontalière de
la Turquie.
Les jihadistes "ont péri dans des frappes aériennes de la coalition
dirigée par les Etats-Unis, dans les violents combats contre les Kurdes
et dans cinq attaques suicides menées à travers Kobané", a indiqué
l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
L'EI, qui contrôle de vastes territoires en Syrie et en Irak, tente de
conquérir Kobané depuis la mi-septembre mais se heurte à la résistance
farouche des Kurdes soutenus par la coalition internationale qui mène
des raids contre l'EI en Syrie depuis le 23 septembre.
Les avions des Etats-Unis et de leurs alliés ont également conduit
samedi soir de nombreuses frappes sur Raqa et dans les environs de cette
ville du nord devenue la "capitale" de l'EI, touchant 30 positions
jihadistes, a indiqué l'OSDH, sans donner de bilan des victimes.
"Cela faisait longtemps qu'un nombre aussi élevé de cibles n'avaient pas
été visées", a souligné le directeur de l'OSDH Rami Abdel Rahmane.
A Kobané, l'EI a mené pour la première fois samedi une double attaque
suicide contre le poste-frontière tout proche de la ville, contrôlé par
les Kurdes.
Des responsables du principal parti kurde syrien PYD et l'OSDH ont
affirmé que les kamikazes de l'EI étaient venus "du côté turc" de la
frontière, mais Ankara a dénoncé un "mensonge grossier".
Après avoir reculé face aux Kurdes ces dernières semaines grâce
notamment aux frappes de la coalition, "les jihadistes ont tenté de
surprendre les forces kurdes par ces attaques suicide mais ont échoué", a
indiqué M. Abdel Rahmane.
Si les jihadistes parviennent à s'emparer du poste-frontière, ils
couperont la route d'approvisionnement des Kurdes et encercleront
totalement la ville, dont la prise leur permettrait de contrôler une
longue bande territoriale à la frontière syro-turque.
Le coordinateur américain de la coalition internationale anti-jihadistes
avait estimé la semaine dernière que les jihadistes s'étaient
"eux-mêmes empalés" sur Kobané et ne réussiraient pas à en prendre le
contrôle.
"Comme ils continuent à y dépêcher des combattants en renfort, nous
allons nous-mêmes continuer à les bombarder", a ajouté le général à la
retraite John Allen.
En revanche, pour le régime syrien, les frappes n'ont que peu d'effet.
"Est-ce que Daech (acronyme de l'EI en arabe) est plus faible
aujourd'hui après plus de deux mois de frappes de la coalition? Tous les
indicateurs montrent que non", a affirmé cette semaine Walid Mouallem,
chef de la diplomatie du régime de Bashar al-Assad qui combat à la fois
les jihadistes et les rebelles voulant sa chute depuis plus de trois
ans.
Le conflit en Syrie a commencé en mars 2011 par un mouvement de
contestation pacifique qui s'est ensuite transformé en rébellion armée.
Celle-ci a été largement éclipsée ces derniers mois par la montée en
puissance de groupes jihadistes, notamment l'EI.
A Alep, dans le nord du pays, une femme et ses trois garçons ont été
tués dans la nuit par un obus artisanal lancé par des rebelles sur un
quartier pro-régime, a rapporté dimanche l'OSDH.
Le dossier syrien devrait être au menu de la rencontre lundi à Ankara du
président russe Vladimir Poutine avec son homologue turc Recep Tayyip
Erdogan.
Alors que Poutine se distingue comme le dernier allié de poids de
Bashar al-Assad, M. Erdogan en a fait une bête noire dont il ne rate pas
une occasion d'exiger la chute.
Mais l'émergence de la menace jihadiste a vu les deux pays se rejoindre sur la nécessité de lutter contre l'EI.
"Il pourrait y avoir un rapprochement sur la Syrie car l'apparition de
l'EI est un développement que la Russie a au moins autant d'intérêt, si
ce n'est plus, que la Turquie à combattre", estime ainsi Ilter Turan, de
l'université d'Istanbul.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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