Carnet rose, carnet blanc, système D ou gros pépins, un camp de réfugiés
syriens raconte son quotidien à travers des photos, des vidéos courtes
et des posts de 140 signes maximum sur le compte , inédit sur Twitter.
"Avec l'épuisement des aides qui touche le Programme alimentaire mondial
(PAM), nombre des 1,6 millions de réfugiés syriens, hommes, femmes et
enfants vont souffrir de la faim" : c'est le dernier message publié sur
le compte Twitter du camp de Zaatari, à la frontière syrienne en
Jordanie, suscitant de nombreux messages de soutien en anglais ou en
japonais.
Lundi, l'ONU a annoncé la suspension, faute de moyens financiers, du
programme de bons d'achat alimentaires, jugeant "catastrophiques" les
conséquences de cet arrêt pour les réfugiés syriens en Jordanie, mais
aussi au Liban, en Turquie, en Irak et en Egypte.
"Nous sommes le premier camp à avoir une présence sur les réseaux
sociaux. C'est un moyen de toucher directement les gens, leur rappeler
que cette tragédie n'est pas finie et que nous avons besoin d'aide",
explique à l'AFP Nasreddine Touaibia, employé au Haut commissariat aux
réfugiés de l'ONU (HCR), qui a créé ce compte sur Twitter en octobre
2013.
Sur les 81.500 occupants que compte aujourd'hui le camp, 57% ont moins
de 18 ans, selon le HCR. La majorité sont des familles, de nombreuses
mères seules avec leurs enfants car "les hommes sont souvent restés en
Syrie ou sont morts", explique M. Touaibia.
Ouvert en août 2012, le camp a atteint à l'été 2013 une taille
équivalente à la 4e ville de Jordanie, avec plus de 200.000 occupants.
En témoignent deux photos satellite publiées le 9 novembre et mises côte
à côte sur le compte : sur l'une, quelques baraquements au milieu d'une
large zone désertique ; sur l'autre, un enchevêtrement
quasi-ininterrompu de tentes et de containers remplissant l'espace.
"Le but de ces images, c'est de permettre aux gens de bien prendre la
mesure de ce qu'est cet endroit où échouent ceux qui fuient le conflit
syrien. C'est une fenêtre ouverte en permanence sur l'histoire et les
conditions de vie des réfugiés", résume M. Touaibia.
A travers cette lucarne, on peut avoir une vue directe sur l'échoppe
d'un vendeur de falafels installé sur "les Champs-Élysées", principale
artère du camp ainsi baptisée par des travailleurs humanitaires
français.
On
peut aussi avoir un instantané d'un mariage célébré à Zaatari,
apprendre la naissance d'Aicha, 1000e enfant né dans une clinique du
camp, voir comment avec les restes d'une caravane un artisan a réussi à
bricoler un lit matrimonial, ou encore faire la connaissance de Lama, 10
ans, en photo dans un pull rose, qui raconte qu'elle rêvait de devenir
professeur avant que son école ne soit bombardée et qu'elle ne soit
obligée de fuir la Syrie.
Le 10 janvier, un message de annonçait qu'elle était de retour en
classe, dans une des onze écoles du camp. "C'est une de nos grandes
fiertés", avoue M. Touaibia, ajoutant simplement que "la vie continue à
Zaatari".
(03-12-2014)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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