jeudi 4 décembre 2014

Syrie : En Jordanie, un camp de réfugiés syriens raconte son quotidien sur Twitter

Carnet rose, carnet blanc, système D ou gros pépins, un camp de réfugiés syriens raconte son quotidien à travers des photos, des vidéos courtes et des posts de 140 signes maximum sur le compte , inédit sur Twitter.
"Avec l'épuisement des aides qui touche le Programme alimentaire mondial (PAM), nombre des 1,6 millions de réfugiés syriens, hommes, femmes et enfants vont souffrir de la faim" : c'est le dernier message publié sur le compte Twitter du camp de Zaatari, à la frontière syrienne en Jordanie, suscitant de nombreux messages de soutien en anglais ou en japonais.
Lundi, l'ONU a annoncé la suspension, faute de moyens financiers, du programme de bons d'achat alimentaires, jugeant "catastrophiques" les conséquences de cet arrêt pour les réfugiés syriens en Jordanie, mais aussi au Liban, en Turquie, en Irak et en Egypte.
"Nous sommes le premier camp à avoir une présence sur les réseaux sociaux. C'est un moyen de toucher directement les gens, leur rappeler que cette tragédie n'est pas finie et que nous avons besoin d'aide", explique à l'AFP Nasreddine Touaibia, employé au Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR), qui a créé ce compte sur Twitter en octobre 2013.
Sur les 81.500 occupants que compte aujourd'hui le camp, 57% ont moins de 18 ans, selon le HCR. La majorité sont des familles, de nombreuses mères seules avec leurs enfants car "les hommes sont souvent restés en Syrie ou sont morts", explique M. Touaibia.
Ouvert en août 2012, le camp a atteint à l'été 2013 une taille équivalente à la 4e ville de Jordanie, avec plus de 200.000 occupants. En témoignent deux photos satellite publiées le 9 novembre et mises côte à côte sur le compte : sur l'une, quelques baraquements au milieu d'une large zone désertique ; sur l'autre, un enchevêtrement quasi-ininterrompu de tentes et de containers remplissant l'espace.
"Le but de ces images, c'est de permettre aux gens de bien prendre la mesure de ce qu'est cet endroit où échouent ceux qui fuient le conflit syrien. C'est une fenêtre ouverte en permanence sur l'histoire et les conditions de vie des réfugiés", résume M. Touaibia.
A travers cette lucarne, on peut avoir une vue directe sur l'échoppe d'un vendeur de falafels installé sur "les Champs-Élysées", principale artère du camp ainsi baptisée par des travailleurs humanitaires français.
On peut aussi avoir un instantané d'un mariage célébré à Zaatari, apprendre la naissance d'Aicha, 1000e enfant né dans une clinique du camp, voir comment avec les restes d'une caravane un artisan a réussi à bricoler un lit matrimonial, ou encore faire la connaissance de Lama, 10 ans, en photo dans un pull rose, qui raconte qu'elle rêvait de devenir professeur avant que son école ne soit bombardée et qu'elle ne soit obligée de fuir la Syrie.
Le 10 janvier, un message de annonçait qu'elle était de retour en classe, dans une des onze écoles du camp. "C'est une de nos grandes fiertés", avoue M. Touaibia, ajoutant simplement que "la vie continue à Zaatari".

(03-12-2014)

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