Le Liban va commencer à recevoir "dans les prochaines semaines" des
armes françaises dont son armée a besoin pour faire face à la grave
menace jihadiste, a déclaré son Premier ministre à l'AFP avant de se
rendre en France.
Tammam Salam entame mercredi une visite officielle à Paris au cours de
laquelle il rencontrera vendredi le président François Hollande puis son
Premier ministre Manuel Valls.
"Ca bouge, je suis très confiant", a-t-il confié à l'AFP dans son bureau
du Grand Sérail, à Beyrouth, en parlant de la prochaine livraison
d'armes françaises. Celle-ci est prévue dans le contrat signé début
novembre qui prévoit que l'Arabie saoudite finance à hauteur de trois
milliards de dollars la fourniture d'armes par Paris à l'armée
libanaise, notoirement sous-équipée.
"Tous les accords ont été signés(...) Nous nous sommes mis d'accord à
90% sur les types d'armes. La livraison doit commencer dans les
prochaines semaines", indique M. Salam.
"Il y aura des hélicoptères et les armes nécessaires pour aider l'armée à
vraiment se défendre contre les incursions et les attentats de
l'extérieur, en particulier ceux des terroristes", souligne-t-il.
M. Salam, âgé de 69 ans, a pris en mars la tête du gouvernement libanais
et exerce depuis mai toutes les fonctions exécutives, en l'absence d'un
président de la République.
Interrogé sur les risques que présentent les jihadistes du groupe Etat
islamique (EI), qui contrôlent de larges régions en Irak et en Syrie, il
affirme ne pas avoir "l'impression que le danger soit l'établissement
du califat islamique au Liban". "Non, le danger est qu'ils vont essayer
d'affaiblir le Liban", selon lui.
Il souligne que l'armée libanaise qui compte 70.000 hommes auxquels
viendront s'adjoindre 10.000 recrus supplémentaires, "a montré jusqu'à
présent une capacité de défense respectable". Mais "nous avons besoin
pour elle de beaucoup d'aides".
En août, les jihadistes de l'EI et du Front Al-Nosra, la branche
syrienne d'Al-Qaïda, ont attaqué les forces libanaises postées au
village frontalier d'Arsal, avant de se retirer dans les montagnes en
prenant en otage une trentaine de soldats et policiers.
"Dans cette affaire d'otages, je n'ai jamais dit que j'étais optimiste",
précise M. Salam. "C'est une situation très difficile qui nécessite
beaucoup d'efforts de toutes les factions politiques, de tout le peuple,
des familles des otages, des services de sécurité et des médias".
Il reste, selon le Premier ministre, 16 policiers et militaires aux
mains d'Al-Nosra et 9 dans celles de l'EI, après la revendication
vendredi de l'exécution d'un policier chiite par Al-Nosra.
Ces jihadistes "agissent d'une manière sauvage, ils tuent n'importe
quand (...) Ils imposent ce type de terrorisme aux Libanais, et il est
difficile de savoir à l'avance ce qu'ils vont faire", dénonce M. Salam.
Il reconnait que les pourparlers avec les ravisseurs sont au point mort.
"Nous avons essayé de négocier avec eux (...) mais les choses sont très
difficiles".
"Nous avons eu recours aux Turcs et aux Qataris. Les premiers n'ont rien
fait et les Qataris ont essayé durant une période mais cela n'a pas
abouti. Dernièrement, j'ai moi-même contacté l'émir du Qatar mais cela
n'a pas bougé", confie-t-il. "Puis, nous avons négocié directement avec
les ravisseurs par le biais de nos services de sécurité et du général
Abbas Ibrahim (chef de la Sureté générale, ndlr) mais sans résultats
concrets".
M. Salam réfute l'idée que les épouses de deux dirigeants jihadistes
--l'ex-femme du chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi et l'épouse d'un
commandant syrien de l'EI connu sous le nom d'Abou Ali al-Chichani --
aient été récemment arrêtées "pour servir de monnaie d'échange dans les
négociations".
Elles "ont été suivies pendant quelques temps" et les services de
sécurité ont constaté qu'"elles utilisaient, lors de leurs déplacements,
elles des réseaux des cellules terroristes", explique-t-il.
Sur le plan politique, M. Salam, personnalité sunnite, estime qu'une
solution pourrait être trouvée pour combler l'absence d'un président
depuis la fin du mandat de Michel Sleimane le 25 mai.
"Il est clair que les présidentielles au Liban sont traditionnellement
influencées par l'extérieur (...) J'ai le sentiment qu'un accord
régional et international, pas nécessairement écrit, a facilité la
formation du gouvernement actuel. Pourquoi ne pas en avoir un autre pour
faciliter les élections présidentielles?", se demande-t-il.
L'élection du président a en effet toujours été le fruit d'un consensus
entre les principaux pays de la région et des grandes puissances, qui
gardent une forte infuence sur les partis politiques libanais.
"La France a déjà montré un intérêt et a déjà agi dans la région avec
d'autre pays pour nous aider à résoudre ce problème", affirme M. Salam.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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