lundi 8 décembre 2014

Liban: les armes livrées par Paris seront utiles contre les jihadistes

Le Liban va commencer à recevoir "dans les prochaines semaines" des armes françaises dont son armée a besoin pour faire face à la grave menace jihadiste, a déclaré son Premier ministre à l'AFP avant de se rendre en France.
Tammam Salam entame mercredi une visite officielle à Paris au cours de laquelle il rencontrera vendredi le président François Hollande puis son Premier ministre Manuel Valls.
"Ca bouge, je suis très confiant", a-t-il confié à l'AFP dans son bureau du Grand Sérail, à Beyrouth, en parlant de la prochaine livraison d'armes françaises. Celle-ci est prévue dans le contrat signé début novembre qui prévoit que l'Arabie saoudite finance à hauteur de trois milliards de dollars la fourniture d'armes par Paris à l'armée libanaise, notoirement sous-équipée.
"Tous les accords ont été signés(...) Nous nous sommes mis d'accord à 90% sur les types d'armes. La livraison doit commencer dans les prochaines semaines", indique M. Salam.
"Il y aura des hélicoptères et les armes nécessaires pour aider l'armée à vraiment se défendre contre les incursions et les attentats de l'extérieur, en particulier ceux des terroristes", souligne-t-il.
M. Salam, âgé de 69 ans, a pris en mars la tête du gouvernement libanais et exerce depuis mai toutes les fonctions exécutives, en l'absence d'un président de la République.
Interrogé sur les risques que présentent les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), qui contrôlent de larges régions en Irak et en Syrie, il affirme ne pas avoir "l'impression que le danger soit l'établissement du califat islamique au Liban". "Non, le danger est qu'ils vont essayer d'affaiblir le Liban", selon lui.
Il souligne que l'armée libanaise qui compte 70.000 hommes auxquels viendront s'adjoindre 10.000 recrus supplémentaires, "a montré jusqu'à présent une capacité de défense respectable". Mais "nous avons besoin pour elle de beaucoup d'aides".
En août, les jihadistes de l'EI et du Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, ont attaqué les forces libanaises postées au village frontalier d'Arsal, avant de se retirer dans les montagnes en prenant en otage une trentaine de soldats et policiers.
"Dans cette affaire d'otages, je n'ai jamais dit que j'étais optimiste", précise M. Salam. "C'est une situation très difficile qui nécessite beaucoup d'efforts de toutes les factions politiques, de tout le peuple, des familles des otages, des services de sécurité et des médias".
Il reste, selon le Premier ministre, 16 policiers et militaires aux mains d'Al-Nosra et 9 dans celles de l'EI, après la revendication vendredi de l'exécution d'un policier chiite par Al-Nosra.
Ces jihadistes "agissent d'une manière sauvage, ils tuent n'importe quand (...) Ils imposent ce type de terrorisme aux Libanais, et il est difficile de savoir à l'avance ce qu'ils vont faire", dénonce M. Salam.
Il reconnait que les pourparlers avec les ravisseurs sont au point mort. "Nous avons essayé de négocier avec eux (...) mais les choses sont très difficiles".
"Nous avons eu recours aux Turcs et aux Qataris. Les premiers n'ont rien fait et les Qataris ont essayé durant une période mais cela n'a pas abouti. Dernièrement, j'ai moi-même contacté l'émir du Qatar mais cela n'a pas bougé", confie-t-il. "Puis, nous avons négocié directement avec les ravisseurs par le biais de nos services de sécurité et du général Abbas Ibrahim (chef de la Sureté générale, ndlr) mais sans résultats concrets".
M. Salam réfute l'idée que les épouses de deux dirigeants jihadistes --l'ex-femme du chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi et l'épouse d'un commandant syrien de l'EI connu sous le nom d'Abou Ali al-Chichani -- aient été récemment arrêtées "pour servir de monnaie d'échange dans les négociations".
Elles "ont été suivies pendant quelques temps" et les services de sécurité ont constaté qu'"elles utilisaient, lors de leurs déplacements, elles des réseaux des cellules terroristes", explique-t-il.
Sur le plan politique, M. Salam, personnalité sunnite, estime qu'une solution pourrait être trouvée pour combler l'absence d'un président depuis la fin du mandat de Michel Sleimane le 25 mai.
"Il est clair que les présidentielles au Liban sont traditionnellement influencées par l'extérieur (...) J'ai le sentiment qu'un accord régional et international, pas nécessairement écrit, a facilité la formation du gouvernement actuel. Pourquoi ne pas en avoir un autre pour faciliter les élections présidentielles?", se demande-t-il.
L'élection du président a en effet toujours été le fruit d'un consensus entre les principaux pays de la région et des grandes puissances, qui gardent une forte infuence sur les partis politiques libanais.
"La France a déjà montré un intérêt et a déjà agi dans la région avec d'autre pays pour nous aider à résoudre ce problème", affirme M. Salam.

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