Vingt personnes poursuivies pour leur rôle dans l’attaque de l’ambassade
américaine à Tunis par des islamistes présumés en septembre dernier ont
été condamnés mardi à deux ans de prison avec sursis à l’issue d’un
procès éclair.
Selon les autorités tunisiennes, l’attaque avait été orchestrée par la
mouvance salafiste jihadiste après la diffusion sur internet d’un film
islamophobe produit aux Etats-Unis.
"Ils ont tous été condamnés à deux ans avec sursis", a indiqué maître
Anouar Ouled Ali, chef du comité de défense des prévenus à l’issue de ce
premier grand procès des assaillants de la représentation américaine.
"Nous allons voir avec leurs familles s’ils veulent faire appel, s’ils le souhaitent on le fera", a-t-il ajouté.
Le jugement a été rendu en un temps record après seulement une
demi-journée de procès, alors même que certains des chefs d’inculpation
prévoyaient des peines pouvant aller jusqu’à une condamnation à mort.
L’audience qui n’a duré qu’un peu plus de quatre heures s’est limitée
aux déclarations de l’accusation, des avocats et aux dénégations des
accusés, aucune partie n’ayant demandé à ce que les témoins ou les
preuves examinés durant l’instruction soient présentés lors du procès.
Les arguments du juge n’ont pas été rendus publics dans l’immédiat. En
Tunisie, les jugements ne sont généralement pas prononcés en audience
mais remis au greffe où la défense peut les consulter.
Les avocats ont dénoncé dans leurs plaidoiries les accusations les plus
graves retenues(articles 74, 75, 77 et 119 du code pénal) et qui
traitent d’attaques préméditées orchestrées par une bande armée
organisée, des crimes passibles suivant les cas de cinq ans de prison à
la peine capitale.
La défense considère notamment que la manifestation ayant dégénéré en
violence avait été spontanée et accusé la justice d’être soumise à
l’Occident.
"Ces protestations (devant l’ambassade) s’inscrivaient dans une réaction
spontanée dans tout le monde (musulman) contre les atteintes à nos
symboles sacrés", a déclaré maître Slah Barakati.
"Ces Tunisiens sont traduits devant le tribunal pour faire plaisir aux
Etats-Unis et à l’Union européenne", a-t-il martelé, réclamant un non
lieu.
Une autre avocate a dénoncé des "aveux arrachés par la police sous la pression et les menaces".
Une cinquantaine d’autres assaillants présumés sont encore dans l’attente de leur procès dans ce même dossier.
La diffusion sur internet d’un film islamophobe avait déclenché une
vague de violences en septembre dernier à travers le monde musulman.
A Tunis, quatre assaillants avaient été tués et des dizaines de
personnes blessées. La représentation diplomatique et l’école
américaines avaient été partiellement incendiées et saccagées.
Selon le gouvernement, ces heurts avaient été organisés par Abou Iyadh,
un vétéran d’Al-Qaïda en Afghanistan et le chef du principal mouvement
salafiste jihadiste tunisien Ansar Asharia.
Aucun des hauts responsables de cette organisation ne sont jugés dans
cette affaire, alors qu’Abou Iyadh échappe à la police depuis huit mois.
La Tunisie est confrontée depuis la révolution de janvier 2011 à l’essor
de groupes salafistes responsables de plusieurs attaques contre la
police ou encore des manifestations culturelles.
Le gouvernement, dirigé par les islamistes d’Ennahda, a longtemps été
accusé de laxisme vis-à-vis de ces groupes, mais depuis la découverte de
groupes armés liés à Al-Qaïda près de la frontière algérienne en avril,
les autorités ont durci leur position.
Des heurts entre militants d’Ansar Asharia et policiers à Tunis ont fait
un mort et une vingtaine de blessés le 19 mai, les forces de sécurité
étant intervenues sans ménagement pour empêcher un rassemblement
interdit.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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