Le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU va se pencher mercredi sur un
projet de résolution condamnant "l’intervention de combattants
étrangers" à Qousseir, ville de l’ouest de la Syrie, théâtre de violents
combats, alors que les risques d’une contagion du conflit à la région
semblaient de plus en plus importants.
De son côté, Moscou insistait mardi pour livrer des missiles à la Syrie,
au grand dam d’Israël, tandis que le régime syrien a dénoncé, tout
comme son allié russe, la décision de l’Union européenne de lever
l’embargo sur les armes à l’opposition armée, estimant qu’il s’agissait
d’un obstacle aux efforts de paix en cours.
Le projet de résolution, déposé par les Etats-Unis, la Turquie et le
Qatar, vise ainsi notamment le Hezbollah libanais, sans le nommer. Il
sera présenté au cours d’un débat en urgence devant le Conseil des
droits de l’Homme, dont les résolutions n’ont toutefois pas de caractère
contraignant. Le texte "condamne l’intervention de combattants
étrangers qui luttent pour le compte du régime syrien à Qusseir" et se
dit "profondément préoccupé par le fait que leur implication représente
une grave menace pour la stabilité régionale".
S’exprimant mardi au cours d’une réunion entre diplomates ouverte aux
médias, un représentant syrien a expliqué que les forces armées
syriennes avaient l’obligation de protéger les civils et d’"extraire"
les terroristes infiltrés dans Qusseir.
De leur côté, la majorité des diplomates présents à cette réunion, dont
les représentants de l’UE, du Brésil et de la Suisse, ont demandé une
résolution plus "équilibrée" qui fasse allusion aux violences commises
par toutes les parties y compris par les groupes armés de l’opposition.
La Chine et la Russie ont pour leur part relevé que la résolution
n’était pas de nature à pouvoir aider à la mise sur pied d’une
conférence internationale sur la Syrie.
Sur le terrain, les insurgés défendent bec et ongle Qusseir et ses
environs, face aux forces régulières qui tentent depuis plus d’une
semaine de reconquérir avec l’aide du Hezbollah cette ville stratégique
située dans le centre de la Syrie.
"Si l’agression du Hezbollah contre le territoire syrien ne s’arrête pas
dans les 24 heures, nous prendrons toutes les actions pour le
pourchasser, même en enfer", a menacé Selim Idriss, chef du conseil
militaire suprême de l’Armée syrienne libre, sur la télévision
Al-Arabiya.
M. Idriss s’adressait au président libanais Michel Sleiman, au
secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, et au secrétaire
général de l’ONU, Ban Ki-moon.
Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov a
justifié les livraisons prévues de systèmes sol-air sophistiqués S-300 à
Damas en estimant que ces missiles visaient à dissuader toute velléité
d’intervention extérieure dans le conflit. "Des mesures de cette sorte
dissuadent en grande partie certains esprits échauffés d’envisager des
scénarios dans lesquels le conflit prendrait un tour international avec
la participation de forces étrangères", a-t-il dit.
Mais Israël a averti qu’il réagirait en cas de livraisons de ces
missiles. "Si par malheur, ils (les S-300) arrivent en Syrie, nous
saurons quoi faire", a affirmé le ministre israélien de la Défense Moshé
Yaalon.
Israël a mené début mai deux raids aériens sur des cibles militaires
près de Damas disant vouloir empêcher un transfert d’armes au Hezbollah,
mouvement chiite libanais proche de Damas, et ennemi juré d’Israël.
Dans un contexte d’enlisement du conflit, qui a déjà fait plus de 94.000
morts depuis mars 2011 selon une ONG syrienne, l’UE a décidé de lever
l’embargo sur les armes pour les rebelles, une mesure "soutenue" par
Washington.
Les 27 sont cependant convenus de ne pas livrer d’armes aux rebelles
dans l’immédiat pour ne pas nuire aux efforts de règlement politique,
notamment à l’organisation de la conférence internationale de paix,
initiée par Moscou et Washington et prévue en juin à Genève.
Les rebelles ont accueilli avec circonspection la décision de l’UE.
Louay Safi, un porte-parole de la Coalition nationale de l’opposition
syrienne réunie à Istanbul, l’a qualifiée de "pas positif" tout en
disant craindre qu’elle ne soit "insuffisante et qu’(elle) n’intervienne
trop tard".
"On espère que ce sera une décision effective et non pas des paroles", a
de son côté souhaité un porte-parole du commandement militaire
supérieur de l’Armée syrienne libre (ASL), la principale formation de la
Coalition, Kassem Saadeddine.
Le ministère syrien des Affaires étrangères a en revanche estimé qu’elle
constituait "un obstacle aux efforts internationaux pour obtenir une
solution politique à la crise", selon un communiqué publié par l’agence
officielle Sana.
Même commentaire de la Russie, dont le chef de la diplomatie, Sergueï
Lavrov, avait prévenu auparavant que l’organisation de la conférence de
paix Genève 2, à laquelle Damas a donné son accord pour y participer, ne
serait "pas une mince affaire".
S’agissant de l’opposition politique, elle est plongée depuis bientôt
une semaine à Istanbul dans d’interminables discussions, toujours
incapable de se mettre d’accord sur sa participation à la conférence de
paix, tant elle est affaiblie par les rivalités entre puissances
régionales et les critiques sur son inaction.
De la composition des délégations syriennes à la liste des invités, en
passant par le sort de Bashar al-Assad, Genève 2 achoppe sur de nombreux
désaccords.
Moscou a de nouveau insisté pour que l’Iran, soutien du régime de Damas, y participe, ce que les Occidentaux refusent.
Téhéran a en outre annoncé accueillir mercredi une "conférence internationale" pour trouver une "solution politique" au conflit.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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