jeudi 30 mai 2013

Syrie : L’armée contrôle toutes les issues de Qusseir

Les États-Unis haussent le ton contre le Hezbollah. Washington a exigé "le retrait immédiat" du mouvement de Syrie. À Istanbul, plusieurs diplomates de pays soutenant l’opposition syrienne se sont rendus à la réunion de la Coalition nationale de l’opposition pour tenter de débloquer les débats. De son côté, la Russie, soutien de Damas, a estimé que la levée par l’Union européenne de l’embargo sur les livraisons d’armes aux insurgés posait "de sérieux obstacles" à la conférence internationale de paix sur la Syrie baptisée "Genève-2", qu’elle prépare pour juin avec les États-Unis. Le régime a donné son accord de principe à cette conférence, et l’opposition, rongée par ses divisions, peine à prendre une décision, alors que les violences ont fait plus de 94 000 morts depuis mars 2011 selon une ONG, et ont poussé à la fuite plus de cinq millions de Syriens.
La Coalition de l’opposition continue à exiger le départ du pouvoir du président syrien Bashar el-Assad et de ses chefs militaires pour participer à une éventuelle conférence de paix, selon un projet de déclaration obtenu par l’AFP. Mais le ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a répété mercredi que le président Assad resterait à son poste jusqu’en 2014 et se présenterait pour un troisième mandat "si le peuple le veut". M. Mouallem a par ailleurs qualifié la France de "menteuse" à propos des accusations de Paris sur l’utilisation par Damas d’armes chimiques. "Je peux dire avec certitude que la France est une menteuse, et je peux dire aussi que ceux qui font de la propagande à ce sujet ne sont que des menteurs. L’arme chimique n’a été utilisée qu’une seule fois, à Khan al-Assal", par les rebelles, a déclaré le chef de la diplomatie syrienne à la chaîne de télévision arabe al-Mayadeen.
Le pouvoir syrien accuse la rébellion d’avoir eu recours à des armes chimiques le 19 mars à Khan al-Assal, près d’Alep (nord). Sur le terrain, l’armée syrienne contrôle l’aéroport de Dabaa "à l’issue d’une opération militaire de plusieurs heures commencée dans la matinée", a affirmé une source militaire à l’AFP, précisant que l’opération a fait plusieurs dizaines de morts. Al-Manar, la télévision du Hezbollah, a diffusé des images de l’intérieur de cet ancien aéroport montrant des chars postés près des hangars et des soldats tirant vers l’extérieur.
L’armée contrôle désormais toutes les issues de Qusseir, stratégique tant pour le régime que pour les insurgés, et peut lancer une offensive sur tous les fronts contre le dernier carré d’insurgés dans cette ville du centre-ouest de la Syrie. "Nous pouvons désormais nous diriger vers le quartier nord de Qusseir", où sont retranchés les insurgés, a déclaré un officier à al-Manar. Cette avancée fait suite à l’envoi vers la ville dans la matinée de renforts du Hezbollah libanais et des forces spéciales de la garde républicaine, les mieux entraînées des troupes syriennes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). L’ONU condamne les combattants étrangers.
Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a estimé que le Hezbollah, fer de lance de l’assaut lancé le 19 mai contre Qusseir, avait déployé entre 3 000 à 4 000 combattants en Syrie. "Nous exigeons que le Hezbollah retire immédiatement ses combattants de Syrie" a déclaré une porte-parole du département d’État, Jennifer Psaki, dénonçant "une escalade inacceptable". À Genève, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a condamné l’intervention de "combattants étrangers" aux côtés des forces armées syriennes à Qusseir, et a demandé une enquête de l’ONU sur les violences dans cette ville.
Une résolution en ce sens, présentée par les États-Unis, le Qatar et la Turquie, a été adoptée par le Conseil, par 36 voix contre 1 (le Venezuela). Huit pays se sont abstenus. La haut-commissaire aux droits de l’homme, Navi Pillay, a estimé que "le nombre croissant de soldats étrangers qui traversent la frontière de part et d’autre ne fait qu’encourager la violence confessionnelle". Selon le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahman, "des combattants sunnites libanais" se battent en outre du côté des rebelles, donnant au conflit "de plus en plus une dimension confessionnelle". Le contrôle de Qusseir est essentiel pour la rébellion, car cette ville se trouve sur le principal point de passage des combattants et des armes en provenance et en direction du Liban, mais aussi pour le pouvoir puisque la cité est située sur la route reliant Damas au littoral, sa base arrière.

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