Les États-Unis haussent le ton contre le Hezbollah. Washington a exigé
"le retrait immédiat" du mouvement de Syrie. À Istanbul, plusieurs
diplomates de pays soutenant l’opposition syrienne se sont rendus à la
réunion de la Coalition nationale de l’opposition pour tenter de
débloquer les débats. De son côté, la Russie, soutien de Damas, a estimé
que la levée par l’Union européenne de l’embargo sur les livraisons
d’armes aux insurgés posait "de sérieux obstacles" à la conférence
internationale de paix sur la Syrie baptisée "Genève-2", qu’elle prépare
pour juin avec les États-Unis. Le régime a donné son accord de principe
à cette conférence, et l’opposition, rongée par ses divisions, peine à
prendre une décision, alors que les violences ont fait plus de 94 000
morts depuis mars 2011 selon une ONG, et ont poussé à la fuite plus de
cinq millions de Syriens.
La Coalition de l’opposition continue à exiger le départ du pouvoir du
président syrien Bashar el-Assad et de ses chefs militaires pour
participer à une éventuelle conférence de paix, selon un projet de
déclaration obtenu par l’AFP. Mais le ministre des Affaires étrangères,
Walid Mouallem, a répété mercredi que le président Assad resterait à son
poste jusqu’en 2014 et se présenterait pour un troisième mandat "si le
peuple le veut". M. Mouallem a par ailleurs qualifié la France de
"menteuse" à propos des accusations de Paris sur l’utilisation par Damas
d’armes chimiques. "Je peux dire avec certitude que la France est une
menteuse, et je peux dire aussi que ceux qui font de la propagande à ce
sujet ne sont que des menteurs. L’arme chimique n’a été utilisée qu’une
seule fois, à Khan al-Assal", par les rebelles, a déclaré le chef de la
diplomatie syrienne à la chaîne de télévision arabe al-Mayadeen.
Le pouvoir syrien accuse la rébellion d’avoir eu recours à des armes
chimiques le 19 mars à Khan al-Assal, près d’Alep (nord). Sur le
terrain, l’armée syrienne contrôle l’aéroport de Dabaa "à l’issue d’une
opération militaire de plusieurs heures commencée dans la matinée", a
affirmé une source militaire à l’AFP, précisant que l’opération a fait
plusieurs dizaines de morts. Al-Manar, la télévision du Hezbollah, a
diffusé des images de l’intérieur de cet ancien aéroport montrant des
chars postés près des hangars et des soldats tirant vers l’extérieur.
L’armée contrôle désormais toutes les issues de Qusseir, stratégique
tant pour le régime que pour les insurgés, et peut lancer une offensive
sur tous les fronts contre le dernier carré d’insurgés dans cette ville
du centre-ouest de la Syrie. "Nous pouvons désormais nous diriger vers
le quartier nord de Qusseir", où sont retranchés les insurgés, a
déclaré un officier à al-Manar. Cette avancée fait suite à l’envoi vers
la ville dans la matinée de renforts du Hezbollah libanais et des forces
spéciales de la garde républicaine, les mieux entraînées des troupes
syriennes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
L’ONU condamne les combattants étrangers.
Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a estimé que
le Hezbollah, fer de lance de l’assaut lancé le 19 mai contre Qusseir,
avait déployé entre 3 000 à 4 000 combattants en Syrie. "Nous exigeons
que le Hezbollah retire immédiatement ses combattants de Syrie" a
déclaré une porte-parole du département d’État, Jennifer Psaki,
dénonçant "une escalade inacceptable". À Genève, le Conseil des droits
de l’homme de l’ONU a condamné l’intervention de "combattants étrangers"
aux côtés des forces armées syriennes à Qusseir, et a demandé une
enquête de l’ONU sur les violences dans cette ville.
Une résolution en ce sens, présentée par les États-Unis, le Qatar et la
Turquie, a été adoptée par le Conseil, par 36 voix contre 1 (le
Venezuela). Huit pays se sont abstenus. La haut-commissaire aux droits
de l’homme, Navi Pillay, a estimé que "le nombre croissant de soldats
étrangers qui traversent la frontière de part et d’autre ne fait
qu’encourager la violence confessionnelle". Selon le directeur de
l’OSDH, Rami Abdel Rahman, "des combattants sunnites libanais" se
battent en outre du côté des rebelles, donnant au conflit "de plus en
plus une dimension confessionnelle". Le contrôle de Qusseir est
essentiel pour la rébellion, car cette ville se trouve sur le principal
point de passage des combattants et des armes en provenance et en
direction du Liban, mais aussi pour le pouvoir puisque la cité est
située sur la route reliant Damas au littoral, sa base arrière.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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