Des renforts de la puissante garde républicaine syrienne et de l’allié
libanais Hezbollah ont été dépêchés mercredi à Qousseir pour tenter de
reprendre le dernier carré encore aux mains des rebelles dans cette
ville clé, la guerre en Syrie continuant de diviser les grandes
puissances malgré ses risques de contagion.
Le président Bashar al-Assad sera interviewé jeudi à 18H00 GMT par la
télévision Al-Manar a annoncé la page Facebook de la présidence.
Malgré leurs prises de position opposées sur le conflit qui dure depuis
plus de deux ans, la Russie qui soutient le régime Assad, et les
Etats-Unis, qui appuient l’opposition, tentent non sans difficultés
d’organiser en juin une conférence internationale de paix à Genève.
Le régime y a donné son accord de principe et l’opposition, rongée par
ses divisions, n’est toujours pas parvenue à prendre une décision, alors
que les combats et les atrocités commises dans cette guerre ont fait
plus de 94.000 morts selon une ONG, dévasté le pays et poussé à la fuite
plus d’un million de Syriens.
A Genève, le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU devait se pencher
sur un projet de résolution non contraignante condamnant l’intervention
de "combattants étrangers" à Qousseir désormais contrôlée à 80% par
l’armée.
Une prise totale de Qusseir (centre-ouest), à la frontière avec le
Liban constituerait un grand avantage pour le pouvoir avant la tenue
éventuelle de la conférence internationale.
Selon Rami Abdel Rahman, chef de l’Observatoire syrien des droits de
l’Homme (OSDH), "le Hezbollah et les forces spéciales de la garde
républicaine qui sont les mieux entraînées de l’armée syrienne ont
envoyé des renforts à Qusseir" pour prendre le nord et l’ouest,
défendus avec acharnement par les rebelles
La ville était au même moment la cible de raids aériens mais "malgré la
puissance de feu, les rebelles opposent une résistance acharnée", a-t-il
dit, en précisant que "des combattants sunnites libanais" participent
aux combats aux côtés des rebelles. "Cela prend de plus en plus une
dimension confessionnelle".
Le contrôle de Qusseir est essentiel pour la rébellion, cette ville se
trouvant sur le principal point de passage des combattants et des armes
en provenance et en direction du Liban. Et aussi pour le régime car la
cité est située sur la route reliant Damas au littoral, sa base arrière.
"Si Qusseir tombe aux mains du régime, cela sera un coup dur pour les
rebelles car la frontière libanaise, par laquelle transitent les armes,
leur sera fermée", explique M. Abdel Rahman.
Chef du conseil militaire suprême de l’Armée syrienne libre (ASL,
principale composante de la rébellion), Selim Idriss, a lancé un
ultimatum de 24 heures expirant dans l’après-midi, au Hezbollah pour le
sommer d’arrêter son soutien militaire au régime mais sans dire
précisément ce que son groupe ferait.
Le projet de résolution sur Qusseir au Conseil des droits de l’Homme de
l’ONU, déposé par Washington, Ankara et Doha, sera présenté lors d’un
débat d’urgence. Il "condamne l’intervention de combattants étrangers
qui luttent pour le compte du régime syrien" et se dit "préoccupé par le
fait que leur implication représente une grave menace pour la stabilité
régionale".
Pour Moscou et Pékin, l’autre allié du régime, la résolution ne
contribue pas à la mise sur pied d’une conférence internationale.
Avec la nouvelle attaque mardi contre des soldats libanais dont trois
sont morts à la frontière syrienne et les menaces le même jour d’Israël
de réagir à une livraison prévue de missiles russes, les risques d’un
débordement armé du conflit s’amplifient.
Moscou a justifié les livraisons prévues de systèmes sol-air
sophistiqués S-300 à Damas en estimant que ces missiles visaient à
dissuader toute velléité d’intervention de troupes étrangères dans le
conflit.
De plus la décision de l’Union européenne de lever l’embargo sur les
armes à l’opposition armée, a accentué les divisions internationales,
les Russes la dénonçant et les Américains la soutenant. Les 27 sont
cependant convenus de ne pas livrer d’armes aux rebelles dans l’immédiat
pour ne pas nuire aux efforts visant à réunir la conférence
internationale de paix.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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