samedi 25 mai 2013

Israël/Palestine : Kerry persévère pour faire dialoguer Israël et Palestiniens

Le secrétaire d’État américain John Kerry, arrivé jeudi pour sa quatrième visite en Israël et dans les Territoires palestiniens, a tenté de déjouer le scepticisme ambiant en s’efforçant de relancer des négociations de paix gelées depuis près de trois ans.
"Je connais suffisamment cette région pour savoir qu’il y a du scepticisme et dans certains cas du cynisme (...) Il y a eu des années d’amertume et de déception", a reconnu M. Kerry au début de ses entretiens avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Jérusalem.
"Mais nous espérons qu’en étant méthodiques, prudents, patients, précis et tenaces, nous pourrons avancer", a-t-il ajouté.
"Nous voulons avant tout que les pourparlers de paix reprennent avec les Palestiniens", a répondu Netanyahu. "C’est quelque chose que nous voulons, quelque chose que vous voulez et que, je l’espère, les Palestiniens veulent", a-t-il lancé à l’intention du président palestinien Mahmud Abbas, qui a reçu le chef de la diplomatie américaine dans l’après-midi à Ramallah, en Cisjordanie.
Le général américain John Allen, ancien chef de la coalition internationale en Afghanistan, est "ici sur le terrain pour travailler avec ses homologues sur les questions de sécurité", a indiqué M. Kerry.
Il s’agit de l’unique mesure concrète sortie à ce jour des discussions conduites depuis deux mois par le secrétaire d’État, qui peut revendiquer par ailleurs la réactivation, avec l’appui du Qatar, d’une initiative de paix arabe de 2002, et une entente avec les responsables israéliens et palestiniens pour "promouvoir le développement économique en Cisjordanie".
M. Kerry a ensuite rencontré la ministre israélienne de la Justice, chargée des négociations avec les Palestiniens, Tzipi Livni. "Il faut créer les conditions d’une relance des négociations. Nous espérons que les Palestiniens prendront toutes les mesures en ce sens", a affirmé après cet entretien Mme Livni.
"Si vous réussissez, ce sera notre succès, si vous échouez, ce sera notre échec. Nous serons à vos côtés, jusqu’au bout. Votre mission de paix nous concerne tous", a promis le président Shimon Peres en recevant son hôte américain.
A Ramallah, MM. Abbas et Kerry ont "eu une rencontre longue, approfondie et positive, au cours de laquelle ils ont discuté des préparatifs du plan de Kerry pour la paix dans la région, auquel nous souhaitons tout le succès possible, et nous y travaillons", a déclaré à l’AFP le négociateur palestinien Saëb Erakat. "Ce plan est encore au stade de la préparation et de la communication à toutes les parties concernées", a toutefois précisé M. Erakat.
M. Kerry "a fourni un compte rendu détaillé des idées pour renforcer l’économie palestinienne sur lesquelles le Quartette (pour le Proche-Orient) travaille avec des membres du secteur privé", a indiqué un responsable du département d’Etat sous couvert de l’anonymat.
Joignant le geste à la parole, il a ensuite marché dans les rues de Ramallah, s’arrêtant pour déguster un chawarma (sandwich à la viande) puis des pâtisseries et un café.
Auparavant, un membre du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Tayssir Khaled, avait indiqué ne pas s’attendre à la moindre "percée" durant cette visite.
"Il est clair que le gouvernement Netanyahu n’est pas sur le point de changer de politique", a-t-il affirmé. "Mais le problème, c’est que les Américains n’aient pas pris une position claire sur la colonisation. Ils n’ont pas exigé d’Israël qu’il y mette fin", a-t-il déploré.
Le gouvernement israélien veut autoriser à posteriori quatre colonies sauvages de Cisjordanie qu’il s’était engagé à démanteler, mais Netanyahu a récemment suspendu les appels d’offres pour la construction de logements dans les colonies de Cisjordanie et à Jérusalem-Est occupé et annexé. Un commentateur de la radio publique israélienne a attribué cette décision à la volonté des "dirigeants israéliens de ne pas être accusés par Washington d’un éventuel échec des navettes du secrétaire d’État".
De son côté, la direction palestinienne a suspendu toute démarche pour adhérer à des organisations internationales, y compris les instances judiciaires susceptibles de poursuivre Israël, comme l’accession de la Palestine au statut d’Etat observateur à l’ONU le 29 novembre lui en donne désormais le droit, le temps pour M. Kerry de parvenir à des résultats, M. Abbas ayant consenti à patienter jusqu’au 7 juin.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, qui a rencontré jeudi MM. Netanyahu et Abbas, a apporté le "ferme soutien" de son pays et de l’UE aux efforts de l’administration américaine, mais en avertissant que "les perspectives d’une solution à deux Etats (israélien et palestinien) ne sauraient être éternelles".
"Il y a urgence", a estimé M. Hague.
(24-05-2013)

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