Il y a quelques jours, la presse a annoncé que la France et
l’Allemagne envisageaient de mettre « la branche armée » du Hezbollah
sur la liste des organisations soi-disant terroristes. Bien que cela ne
soit pas nouveau, la décision des deux pays européens, qui devrait être
confirmée par tous les Etats membres de l’UE avant d’être adoptée, est
d’un ridicule flagrant et montre une méconnaissance totale et du
Hezbollah, et du public du Hezbollah, et de la résistance en général et
de son public, tout comme elle témoigne de l’emprise de l’idéologie
impérialo-sioniste sur ces pays.
Par leur déclaration, ces deux pays européens essaient d’abord de se
faire passer pour des pays « équitables » , en distinguant le « civil »
du « militaire », mais en réalité, comme l’a affirmé sheikh Naïm Qassim,
le vice-secrétaire général du Hezbollah, à la chaîne al-Mayadeen, cette
distinction vient surtout parce que ces pays ont souvent besoin de
s’entretenir avec des responsables du parti. Or, mettre le Hezbollah
dans son ensemble dans cette liste signifie qu’ils ne pourront plus le
faire. Or, pour eux, il y a toujours nécessité et parfois « urgence ».
Ils ont trouvé alors la solution en distinguant « le civil » du
militaire ».
Ensuite, la réponse à cette soi-disant menace est venue de la bouche
même du secrétaire général du Hezbollah, sayyid Hassan Nasrullah, qui
leur a explicitement dit : « trempez votre liste et buvez son jus », ce
qui signifie en clair que votre liste est sans aucun intérêt et qu’elle
n’a aucun effet, au contraire. Etre taxé de « terroriste » par des Etats
impérialistes, qui mènent les guerres, qui arment les colons sionistes,
qui laissent courir les racistes et les islamophobes dans leur pays et
qui, depuis 65 ans, empêchent les Palestiniens de vivre libres dans leur
patrie, est plutôt un honneur et une médaille accrochée à la poitrine
des courageux de notre nation. Il n’y a pas si longtemps, les
responsables sécuritaires de l’entité coloniale en Palestine occupée ont
taxé un des sites internet du mouvement du Jihad islamique de
« terrorisme ». Cette nouvelle a été affichée par le site comme un
trophée, la médaille de l’excellence.
Il reste cependant une question à poser à ces Etats qui se
considèrent juges, alors qu’ils sont en réalité des bourreaux et les
principaux défenseurs des bourreaux criminels de l’Etat sioniste :
s’imaginent-ils vraiment qu’une telle décision a de l’effet sur le moral
ou l’état psychologique de la résistance et de son public ? Pensent-ils
réellement qu’une telle décision suscitera des frictions entre le
public de la résistance et la résistance elle-même ? S’imaginent-ils
réellement que le public de la résistance croit en leurs valeurs ou
leurs critères, leurs systèmes de pensée ou de pouvoir, et qu’ils
parviennent à déstabiliser quelque chose ?
En réalité, de telles décisions venant de leur part n’ont de
conséquences directes ou indirectes que si elles visent leurs amis, le
Qatar, l’Arabie saoudite, l’Autorité palestinienne, Saad Hariri et ses
alliés, et de nombreux partis et personnalités politiques et financières
arabes, qui ont joui ou qui jouissent de leurs « largesses », mais
elles n’ont aucun effet sur les résistants, qui défendent d’autres
valeurs et d’autres critères, et qui ont déclaré la guerre à l’Etat
sioniste et ses alliés dans la région. Ce sont leurs amis qui craignent
les avoirs gelés dans leurs banques et les interdits relatifs aux
relations commerciales, et leurs amis n’ont rien à voir avec la
résistance et son public.
L’Union européenne a mis sur sa fameuse liste les mouvements de la
résistance palestinienne, le Hamas, le mouvement du Jihad islamique, le
Front populaire de libération de la Palestine, entre autres. Qu’est-ce
que cela a changé ? La résistance visée n’a cessé pas de s’armeret à
envoyer ses fusées jusqu’au cœur de Tel Aviv, la colonie installée sur
les terres palestiniennes. Quant à la liste établie par les Etats-Unis,
le Hezbollah y figure incontestablement. Figurer dans toute liste de ce
genre ne fait ni rougir, ni balbutier. Elle reste une marque
d’excellence, délivrée par les ennemis de la nation, qui s’enragent de
colère à cause de leur impuissance.
Car si la résistance islamique, au Liban et en Palestine, avait eu
foi dans leurs critères et leurs valeurs, et même dans les résolutions
de l’ONU, pour ne citer que les plus « neutres » des organismes
internationaux, elle n’aurait pas pris la décision de chasser l’occupant
par elle-même. Si la résistance islamique avait eu le moindre doute sur
la possibilité de libérer la Palestine à partir des négociations, des
pourparlers ou des gesticulations européennes creuses et hypocrites,
elle aurait pris le temps pour essayer de comprendre leurs paroles. Si
la résistance islamique, du moins au Liban, s’entretient parfois avec
ces pays, qui se jugent supérieurs, c’est juste pour calmer la
situation, diminuer les tensions, mais aucunement parce que ces pays
auraient eu une quelconque influence bénéfique sur la nation
arabo-musulmane dans son ensemble. Il n’y a aucune illusion sur leur
rôle dans le soutien inconditionnel aux colons de l’entité sioniste, et
leurs gesticulations de temps à autre ne sont en réalité que des moyens
de faire avorter tout soulèvement palestinien, lorsqu’ils le sentent
prêt à éclater.
Parce que nous n’avons aucune filiation idéologique ou intellectuelle
avec les cercles impérialistes qu’ils représentent, leurs décisions ou
leur pseudo-menaces ne sont que du vent.
« Qu’ils trempent leur liste et qu’ils ingurgitent son jus » !
Fadwa Nassar
26 mai 2013
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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