Divisés depuis des mois, les Européens sont engagés dans d’intenses
tractations sur la question de la livraison d’armes aux rebelles
syriens, à quelques jours d’une décision de l’UE sur le renouvellement
des sanctions contre Damas.
Les ministres européens des Affaires étrangères se retrouvent lundi à
Bruxelles, alors que le dispositif de sanctions contre le régime syrien,
dans lequel figure l’embargo sur les armes, prend fin le 31 mai à
minuit.
Outre cet embargo, le paquet adopté depuis deux ans par l’UE vise des
personnalités et des entités du régime, et comprend aussi une série de
sanctions commerciales et financières.
Le Royaume-Uni et la France continuent de plaider en faveur d’une levée
de l’embargo sur les livraisons d’armes au profit de l’opposition
modérée. Les deux pays estiment que cela permettrait d’accroître la
pression sur Assad pour trouver une solution politique. "C’est cette
pression militaire qui fera qu’il y aura une solution politique" en
Syrie, a déclaré mercredi le président François Hollande.
A l’initiative des Etats-Unis et de la Russie, une conférence
internationale sur la Syrie, dite "Genève 2", devrait se tenir en juin.
A l’opposé de Londres et Paris, plusieurs pays européens, notamment la
Suède et l’Autriche, sont très hostiles à des livraisons d’armes, en
considérant que cela ne ferait qu’aggraver la situation déjà dramatique
sur le terrain, augmenter le nombre de morts et retarder la fin du
conflit.
L’organisation humanitaire Oxfam a estimé qu’une levée de l’embargo
pourrait avoir des "conséquences dévastatrices" pour la population
civile. Cela "serait irresponsable et pourrait saborder la fragile lueur
d’espoir qu’offre le sommet américano-russe".
Un troisième groupe de pays, à l’image d’une Allemagne pourtant très
réservée, semblent prêts à évoluer pour trouver un compromis. "Nous
devons bâtir un consensus européen" lundi à Bruxelles, a déclaré
vendredi le ministre français Laurent Fabius. "On va essayer de jeter un
pont pour trouver une solution commune, a ajouté son homologue
allemand, Guido Westerwelle, parce que le pire serait un signal de
désaccord de l’Europe qui plairait certainement beaucoup au régime
Assad".
Un compromis avait déjà été trouvé fin février pour prolonger les
sanctions pour trois mois, en autorisant la livraison à l’opposition de
matériel non létal et d’une assistance technique pour assurer la
protection des civils.
Les pays de l’UE sont "d’accord pour préserver l’unité européenne sur le
régime des sanctions", mais aussi pour envoyer "un signal politique
adapté mais suffisamment clair" avant la conférence de Genève, assure
une source européenne.
Le service diplomatique de l’UE, dirigé par Catherine Ashton, met en
garde les capitales européennes contre "toute mesure contre-productive".
Il a mis au point un document présentant sept options, allant de la
reconduction sans changement du régime actuel de sanctions à la levée de
l’embargo assortie de garanties pour que les armes ne tombent pas aux
mains de jihadistes, ce qui constitue une source majeure d’inquiétude
pour la communauté internationale.
Le document soumis aux 27 évoque aussi l’élaboration d’une liste d’armes
expressément autorisées à l’exportation, ou au contraire exclues. Une
option serait aussi de se donner de nouveau un peu de temps,
éventuellement en amendant légèrement l’embargo, en prévoyant de revoir
la position de l’UE au regard du résultat de "Genève 2".
Pour autant, plusieurs responsables européens proches des discussions
jugent pour le moins "naïf" d’imaginer faire pression sur le régime
syrien en le menaçant de livrer des armes aux rebelles afin de modifier
l’équilibre des forces sur le terrain.
"La seule menace capable de faire peur à Assad serait que Moscou ou
Téhéran menacent de mettre fin à leur assistance" au régime, estime un
diplomate sous couvert de l’anonymat.
Au cours de leur réunion lundi, les ministres des Affaires étrangères de
l’UE évoqueront aussi le processus de paix au Proche-Orient et la
situation au Mali.
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Réunions à Bruxelles et Paris, Damas participera à Genève-2
Les préparatifs s’accélèrent en vue de la tenue, en juin à Genève, d’une
nouvelle conférence internationale visant à mettre fin au conflit en
Syrie, avec des réunions lundi à Bruxelles et Paris au lendemain de
l’annonce par Damas de sa participation.
De son côté, la Coalition nationale de l’opposition syrienne a connu un
sérieux revers dans ses efforts d’unification des opposants au régime de
Damas avec le fiasco tôt lundi d’un vote sur son élargissement à de
nouveaux membres, qui laisse planer le doute sur sa participation à la
conférence internationale de paix.
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a exprimé l’espoir de
faire avancer le projet de conférence, baptisée Genève-2, lors d’une
rencontre qu’il aura lundi soir à Paris avec ses homologues américain et
russe, John Kerry et Sergueï Lavrov dont le pays est le principal allié
du régime de Damas.
"Il semble que du côté du régime de Bachar al-Assad certains noms ont
été avancés" pour représenter Damas à la table des négociations, a
déclaré dimanche M. Fabius à des journalistes, indiquant attendre que
l’opposition "puisse faire de même".
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a annoncé en
Irak "notre décision de principe de participer à la conférence
internationale" de Genève-2, estimant que cette conférence, initiée par
Washington et Moscou qui souhaitent voir régime et opposition se
rencontrer en juin, "sera une bonne occasion de trouver une solution
politique à la crise en Syrie".
L’annonce a été jugée insuffisante par l’opposition, qui a sommé Damas
de clarifier sa position sur un départ du président Assad.
"Le régime n’a pas encore dit qu’il (Assad) était prêt à partir", a
souligné le porte-parole de la Coalition de l’opposition, Louay Safi.
Réunie depuis jeudi à Istanbul, la Coalition n’est pas parvenue dimanche
à surmonter ses divisions pour adopter une position claire sur ces
négociations et doit poursuivre ses débats lundi.
Après quatre jours de pourparlers difficiles à Istanbul pour définir une
liste de 22 nouveaux entrants, les membres de la Coalition, qui
constitue le principal groupe de l’opposition syrienne, ne sont parvenus
à ratifier l’accession que de huit d’entre eux, a affirmé à la presse
Khaled Saleh, un porte-parole de l’organisation.
Plusieurs opposants s’interrogeaient sur les conséquences de ce vote,
qui confirme les divisions existant au sein de l’opposition syrienne
alors que, parallèlement au dîner de travail qu’auront MM. Fabius, Kerry
et Lavrov à Paris, un autre rendez-vous majeur pour son avenir est
prévu lundi à Bruxelles.
Les ministres européens des Affaires étrangères, divisés depuis des mois
sur la livraison d’armes aux rebelles, se retrouvent pour reparler de
ce très sensible sujet. Les Européens doivent également discuter du
renouvellement de leurs sanctions contre le régime syrien, dans lequel
figure l’embargo sur les armes, qui expirent le 31 mai à minuit.
L’organisation humanitaire Oxfam a estimé qu’une levée de l’embargo
pourrait avoir des "conséquences dévastatrices" pour la population
civile. Cela "serait irresponsable et pourrait saborder la fragile lueur
d’espoir qu’offre le sommet américano-russe".
Entre-temps, le Liban se retrouve de plus en plus entraîné dans la
guerre en Syrie où le Hezbollah libanais s’est engagé depuis une semaine
aux côtés de l’armée syrienne lors des combats pour reprendre la ville
stratégique de Qousseir (centre).
Ainsi, deux roquettes ont visé dimanche matin la banlieue sud de
Beyrouth, fief du Hezbollah, faisant quatre blessés, selon une source de
sécurité.
Une des roquettes a touché le parc d’un vendeur de voitures, blessant
quatre ouvriers syriens, selon cette source, tandis que l’autre a
atteint un appartement sans faire de victime, selon un photographe de
l’AFP sur place.
"Cet incident est probablement lié au conflit syrien", a affirmé la source de sécurité.
"Les auteurs de cette attaque sont des terroristes et des vandales qui
ne veulent pas la paix et la stabilité pour le Liban", a dénoncé le
président libanais Michel Sleimane.
Samedi, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait assuré que sa
formation se devait d’intervenir en Syrie car ce pays est "la protection
arrière de la résistance" et "la résistance ne peut rester les bras
croisés quand sa protection arrière est exposée".
A Tripoli, la grande ville du nord du Liban, les combats entre partisans
et opposants à Bachar al-Assad se sont poursuivis dans la nuit de
samedi à dimanche. En six jours, 31 personnes, dont quatre soldats, ont
trouvé la mort dans ces affrontements, selon une source de sécurité
libanaise.
Le Liban est profondément divisé entre les partisans du régime syrien et le camp hostile à Damas, ancienne puissance de tutelle.
Inquiète d’un débordement du conflit, la Jordanie, pays frontalier de la
Syrie, a annoncé qu’elle était en pourparlers avec des "pays amis" pour
déployer des missiles Patriot sur son territoire, comme l’a déjà fait
la Turquie.
Sur le terrain, 22 combattants du Hezbollah ont été tués samedi dans les
combats à Qousseir, a affirmé dimanche une source proche du mouvement
chiite libanais.
La ville de Qousseir est contrôlée à 80% par l’armée syrienne et le Hezbollah, a affirmé cette source.
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