lundi 27 mai 2013

Syrie : intenses tractations européennes sur la fourniture d’armes aux rebelles (Assawra)

Divisés depuis des mois, les Européens sont engagés dans d’intenses tractations sur la question de la livraison d’armes aux rebelles syriens, à quelques jours d’une décision de l’UE sur le renouvellement des sanctions contre Damas.
Les ministres européens des Affaires étrangères se retrouvent lundi à Bruxelles, alors que le dispositif de sanctions contre le régime syrien, dans lequel figure l’embargo sur les armes, prend fin le 31 mai à minuit.
Outre cet embargo, le paquet adopté depuis deux ans par l’UE vise des personnalités et des entités du régime, et comprend aussi une série de sanctions commerciales et financières.
Le Royaume-Uni et la France continuent de plaider en faveur d’une levée de l’embargo sur les livraisons d’armes au profit de l’opposition modérée. Les deux pays estiment que cela permettrait d’accroître la pression sur Assad pour trouver une solution politique. "C’est cette pression militaire qui fera qu’il y aura une solution politique" en Syrie, a déclaré mercredi le président François Hollande.
A l’initiative des Etats-Unis et de la Russie, une conférence internationale sur la Syrie, dite "Genève 2", devrait se tenir en juin.
A l’opposé de Londres et Paris, plusieurs pays européens, notamment la Suède et l’Autriche, sont très hostiles à des livraisons d’armes, en considérant que cela ne ferait qu’aggraver la situation déjà dramatique sur le terrain, augmenter le nombre de morts et retarder la fin du conflit.
L’organisation humanitaire Oxfam a estimé qu’une levée de l’embargo pourrait avoir des "conséquences dévastatrices" pour la population civile. Cela "serait irresponsable et pourrait saborder la fragile lueur d’espoir qu’offre le sommet américano-russe".
Un troisième groupe de pays, à l’image d’une Allemagne pourtant très réservée, semblent prêts à évoluer pour trouver un compromis. "Nous devons bâtir un consensus européen" lundi à Bruxelles, a déclaré vendredi le ministre français Laurent Fabius. "On va essayer de jeter un pont pour trouver une solution commune, a ajouté son homologue allemand, Guido Westerwelle, parce que le pire serait un signal de désaccord de l’Europe qui plairait certainement beaucoup au régime Assad".
Un compromis avait déjà été trouvé fin février pour prolonger les sanctions pour trois mois, en autorisant la livraison à l’opposition de matériel non létal et d’une assistance technique pour assurer la protection des civils.
Les pays de l’UE sont "d’accord pour préserver l’unité européenne sur le régime des sanctions", mais aussi pour envoyer "un signal politique adapté mais suffisamment clair" avant la conférence de Genève, assure une source européenne.
Le service diplomatique de l’UE, dirigé par Catherine Ashton, met en garde les capitales européennes contre "toute mesure contre-productive". Il a mis au point un document présentant sept options, allant de la reconduction sans changement du régime actuel de sanctions à la levée de l’embargo assortie de garanties pour que les armes ne tombent pas aux mains de jihadistes, ce qui constitue une source majeure d’inquiétude pour la communauté internationale.
Le document soumis aux 27 évoque aussi l’élaboration d’une liste d’armes expressément autorisées à l’exportation, ou au contraire exclues. Une option serait aussi de se donner de nouveau un peu de temps, éventuellement en amendant légèrement l’embargo, en prévoyant de revoir la position de l’UE au regard du résultat de "Genève 2".
Pour autant, plusieurs responsables européens proches des discussions jugent pour le moins "naïf" d’imaginer faire pression sur le régime syrien en le menaçant de livrer des armes aux rebelles afin de modifier l’équilibre des forces sur le terrain.
"La seule menace capable de faire peur à Assad serait que Moscou ou Téhéran menacent de mettre fin à leur assistance" au régime, estime un diplomate sous couvert de l’anonymat.
Au cours de leur réunion lundi, les ministres des Affaires étrangères de l’UE évoqueront aussi le processus de paix au Proche-Orient et la situation au Mali.

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Réunions à Bruxelles et Paris, Damas participera à Genève-2
Les préparatifs s’accélèrent en vue de la tenue, en juin à Genève, d’une nouvelle conférence internationale visant à mettre fin au conflit en Syrie, avec des réunions lundi à Bruxelles et Paris au lendemain de l’annonce par Damas de sa participation.
De son côté, la Coalition nationale de l’opposition syrienne a connu un sérieux revers dans ses efforts d’unification des opposants au régime de Damas avec le fiasco tôt lundi d’un vote sur son élargissement à de nouveaux membres, qui laisse planer le doute sur sa participation à la conférence internationale de paix.
Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a exprimé l’espoir de faire avancer le projet de conférence, baptisée Genève-2, lors d’une rencontre qu’il aura lundi soir à Paris avec ses homologues américain et russe, John Kerry et Sergueï Lavrov dont le pays est le principal allié du régime de Damas.
"Il semble que du côté du régime de Bachar al-Assad certains noms ont été avancés" pour représenter Damas à la table des négociations, a déclaré dimanche M. Fabius à des journalistes, indiquant attendre que l’opposition "puisse faire de même".
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a annoncé en Irak "notre décision de principe de participer à la conférence internationale" de Genève-2, estimant que cette conférence, initiée par Washington et Moscou qui souhaitent voir régime et opposition se rencontrer en juin, "sera une bonne occasion de trouver une solution politique à la crise en Syrie".
L’annonce a été jugée insuffisante par l’opposition, qui a sommé Damas de clarifier sa position sur un départ du président Assad.
"Le régime n’a pas encore dit qu’il (Assad) était prêt à partir", a souligné le porte-parole de la Coalition de l’opposition, Louay Safi.
Réunie depuis jeudi à Istanbul, la Coalition n’est pas parvenue dimanche à surmonter ses divisions pour adopter une position claire sur ces négociations et doit poursuivre ses débats lundi.
Après quatre jours de pourparlers difficiles à Istanbul pour définir une liste de 22 nouveaux entrants, les membres de la Coalition, qui constitue le principal groupe de l’opposition syrienne, ne sont parvenus à ratifier l’accession que de huit d’entre eux, a affirmé à la presse Khaled Saleh, un porte-parole de l’organisation.
Plusieurs opposants s’interrogeaient sur les conséquences de ce vote, qui confirme les divisions existant au sein de l’opposition syrienne alors que, parallèlement au dîner de travail qu’auront MM. Fabius, Kerry et Lavrov à Paris, un autre rendez-vous majeur pour son avenir est prévu lundi à Bruxelles.
Les ministres européens des Affaires étrangères, divisés depuis des mois sur la livraison d’armes aux rebelles, se retrouvent pour reparler de ce très sensible sujet. Les Européens doivent également discuter du renouvellement de leurs sanctions contre le régime syrien, dans lequel figure l’embargo sur les armes, qui expirent le 31 mai à minuit.
L’organisation humanitaire Oxfam a estimé qu’une levée de l’embargo pourrait avoir des "conséquences dévastatrices" pour la population civile. Cela "serait irresponsable et pourrait saborder la fragile lueur d’espoir qu’offre le sommet américano-russe".
Entre-temps, le Liban se retrouve de plus en plus entraîné dans la guerre en Syrie où le Hezbollah libanais s’est engagé depuis une semaine aux côtés de l’armée syrienne lors des combats pour reprendre la ville stratégique de Qousseir (centre).
Ainsi, deux roquettes ont visé dimanche matin la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, faisant quatre blessés, selon une source de sécurité.
Une des roquettes a touché le parc d’un vendeur de voitures, blessant quatre ouvriers syriens, selon cette source, tandis que l’autre a atteint un appartement sans faire de victime, selon un photographe de l’AFP sur place.
"Cet incident est probablement lié au conflit syrien", a affirmé la source de sécurité.
"Les auteurs de cette attaque sont des terroristes et des vandales qui ne veulent pas la paix et la stabilité pour le Liban", a dénoncé le président libanais Michel Sleimane.
Samedi, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avait assuré que sa formation se devait d’intervenir en Syrie car ce pays est "la protection arrière de la résistance" et "la résistance ne peut rester les bras croisés quand sa protection arrière est exposée".
A Tripoli, la grande ville du nord du Liban, les combats entre partisans et opposants à Bachar al-Assad se sont poursuivis dans la nuit de samedi à dimanche. En six jours, 31 personnes, dont quatre soldats, ont trouvé la mort dans ces affrontements, selon une source de sécurité libanaise.
Le Liban est profondément divisé entre les partisans du régime syrien et le camp hostile à Damas, ancienne puissance de tutelle.
Inquiète d’un débordement du conflit, la Jordanie, pays frontalier de la Syrie, a annoncé qu’elle était en pourparlers avec des "pays amis" pour déployer des missiles Patriot sur son territoire, comme l’a déjà fait la Turquie.
Sur le terrain, 22 combattants du Hezbollah ont été tués samedi dans les combats à Qousseir, a affirmé dimanche une source proche du mouvement chiite libanais.
La ville de Qousseir est contrôlée à 80% par l’armée syrienne et le Hezbollah, a affirmé cette source.

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