jeudi 30 mai 2013

Israël/Palestine : La colonisation à Jérusalem-Est vivement critiquée

Les Palestiniens ont accusé jeudi le gouvernement israélien de "détruire" les efforts du secrétaire d’État américain John Kerry pour relancer le processus de paix après la confirmation de projets de construction dans des colonies de Jérusalem-Est occupée, également vivement condamnée par les États-Unis. "Nous considérons que les dernières décisions du gouvernement israélien détruisent réellement et officiellement les efforts de M. Kerry", a déclaré le négociateur palestinien Saëb Erakat à l’AFP. M. Erakat a accusé Israël de suivre "un plan systématique pour détruire les efforts de Kerry, un plan qui comporte le renforcement de la colonisation, le déplacement des citoyens et des attaques de colons contre les terres palestiniennes".
Les États-Unis ont également dénoncé les derniers projets de construction à Jérusalem-Est, jugeant que la colonisation israélienne "sapait" les efforts de paix déployés notamment par M. Kerry. "Les Israéliens doivent admettre que la poursuite de l’activité de colonisation et de nouvelles constructions de logements à Jérusalem-Est est contre-productive pour la cause de la paix. (...) Nous n’acceptons pas la légitimité d’une colonisation israélienne continue qui risque de saper les efforts de paix", a déclaré dans un courrier électronique adressé à l’AFP la porte-parole du département d’État, Jennifer Psaki.
Un porte-parole du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a réagi en soulignant que "le dernier projet de construction d’unités de logement à Jérusalem n’était pas nouveau", affirmant qu’il "a été republié pour des impératifs techniques et administratifs". "Les Palestiniens continuent à chercher des prétextes pour échapper à des négociations de paix avec Israël", a estimé ce porte-parole, Ofir Gendelman, sur son compte officiel Twitter. Selon l’observatoire anticolonisation Terrestrial Jerusalem, une ONG israélienne, des contrats ont été signés pour 300 logements dans le quartier de colonisation de Ramot et 797 autres unités vont être proposées aux promoteurs immobiliers dans celui de Gilo, à proximité de la ville palestinienne de Bethléem, en Cisjordanie.
Ces développements, dont les plans avaient été approuvés à la fin 2012, se produisent moins d’une semaine après une nouvelle visite du secrétaire d’État américain dans la région pour tenter de redémarrer les négociations de paix entre Israël et les Palestiniens, bloquées depuis septembre 2010. Ils surviennent alors que le gouvernement Netanyahou semble observer depuis plusieurs mois un "gel de facto" des appels d’offres pour la construction de logements dans les colonies, déploré par le lobby des colons au sein de sa majorité. Le directeur de Terrestrial Jerusalem, Daniel Seidemann, a affirmé que ces annonces provenaient du ministre du Logement Uri Ariel, un colon, numéro deux du parti nationaliste religieux Foyer juif, ou de son entourage, et visaient à "forcer la main de Netanyahou". "Cela ne veut pas dire que le gel est terminé, mais cela signifie que le ministre du Logement de Netanyahou s’efforce de parvenir à ce résultat", a analysé Seidemann.
Plus de 360 000 colons israéliens vivent en Cisjordanie occupée et quelque 200 000 dans des quartiers de colonisation à Jérusalem-Est occupée et annexée. Lors de sa récente mission régionale, John Kerry a exhorté Israéliens et Palestiniens à "prendre des décisions difficiles" pour revenir à la table des négociations. Interrogé sur la politique de colonisation israélienne, M. Kerry a critiqué le projet du gouvernement de régulariser quatre implantations sauvages de Cisjordanie qu’il s’était engagé à démanteler, tout en estimant que cela ne devait pas empêcher une reprise des pourparlers.
Aux yeux de la communauté internationale, toutes les colonies en territoire occupé sont illégales, qu’elles aient ou non été autorisées par le gouvernement israélien. La direction palestinienne exige pour reprendre les négociations de paix un gel total de la colonisation israélienne et une référence aux lignes d’avant l’occupation israélienne des Territoires palestiniens en juin 1967 comme base de discussions. M. Netanyahou appelle à des négociations immédiates sans "conditions préalables", en allusion à ces revendications qu’il récuse.

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