Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a lancé mardi le
remaniement attendu de l’appareil sécuritaire afin de répondre à la
flambée de violences que connaît l’Irak depuis le début de l’année.
L’Irak, que les troupes américaines ont définitivement quitté fin 2011,
est le théâtre d’attentats dont la fréquence et l’intensité font
craindre un retour aux heures sombres du conflit entre musulmans
sunnites et chiites de 2006-2007. A l’époque, le nombre de personnes
tuées dans des attaques dépassait chaque mois le millier.
Si l’accès de violences actuel n’est pas comparable au conflit passé par
son ampleur, les attaques se sont multipliées et ont tué chaque mois
plus de 200 personnes depuis le début de l’année.
Pour y répondre, Maliki, qui porte le titre de commandant en chef des
forces armées irakiennes, a ordonné des "changements à la tête du
commandement des opérations et des divisions" de l’armée, a indiqué un
haut responsable à l’AFP sous couvert d’anonymat.
Le chef du gouvernement a notamment décidé de démettre de ses fonctions
le général Ahmed Hachem, qui dirige le commandement des opérations à
Bagdad, selon cette source.
A l’exception de la région autonome du Kurdistan, dans le nord du pays,
chaque province irakienne est dotée d’un commandement des opérations qui
réunit armée et police et dont la tâche est précisément d’assurer la
sécurité.
Lundi, le chef du gouvernement avait expliqué lors d’une conférence de
presse que ces changements seraient débattus puis entérinés en conseil
des ministres le lendemain.
Or, selon un communiqué gouvernemental et des images de la télévision
publique, cette réunion hebdomadaire n’a pas abordé le dossier et a été
consacrée à des questions d’ordre économique et social.
C’est finalement "après consultations avec des responsables de la
sécurité" que le remaniement a été décidé, d’après la chaîne publique
Iraqiya.
"Les insurgés ne seront pas en mesure de nous replonger dans le conflit
confessionnel", avait assuré Nouri al-Maliki lundi, inquiet du tour
religieux des violences. La semaine dernière, le chef du gouvernement,
un chiite, avait appelé à des prières conjointes réunissant aussi bien
des chiites que des sunnites.
Dans la journée de mardi, de nouvelles attaques ont fait 21 morts, selon des sources médicales et sécuritaires.
A Abu Ghraïb, à l’ouest de Bagdad, une bombe a explosé à proximité
d’une mosquée sunnite, tuant six personnes et en blessant 18 autres.
Près de Baquba, au nord de la capitale irakienne, deux policiers sont
morts dans des heurts avec des hommes armés. D’autres incidents survenus
dans la même région ont fait cinq morts.
A Tarmiya, à 45 km au nord de Bagdad, un kamikaze s’est fait exploser au
cours de heurts entre des soldats et des hommes armés. Trois soldats
sont morts et sept autres ont été blessés.
A Tuz Khurmatu (nord), trois personnes ont péri et 44 autres ont été blessées dans l’explosion de deux voitures piégées.
Plus au nord, à Kirkouk, deux bombes ont tué deux vendeurs de moutons
sur un marché dans l’est de la ville. Au moins 25 personnes ont été
blessées.
Tant Tuz Khurmatu que Kirkouk font partie d’une bande de territoire que revendiquent le Kurdistan et Bagdad.
A ce différend territorial et au problème des violences s’ajoute la
crise politique dans laquelle Maliki est embourbé. Elle le met aux
prises avec ses partenaires de la coalition gouvernementale et la
minorité sunnite.
Furieux de la stigmatisation dont ils s’estiment victimes de la part des
autorités, les sunnites battent le pavé depuis fin 2012 et réclament la
démission du chef du gouvernement.
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Le FMI inquiet des violences et de la volatilité des prix du brut
Le FMI a jugé mardi "globalement positive" l’évolution de l’économie
irakienne mais a mis en garde contre une nouvelle flambée de violences
et un possible déclin des prix du brut dont le pays est un grand
exportateur.
Dans un communiqué, le Fonds rappelle que la croissance économique
irakienne devrait s’accélérer cette année à 9% contre 8,4% en 2012 mais
souligne que les risques restent "élevés", liés notamment à une
"nouvelle dégradation de la situation sécuritaire et politique".
Dix ans après l’invasion américaine, le pays est secoué par une nouvelle
vague d’attaques qui a conduit le Premier ministre irakien Nouri
al-Maliki, fustigé par la minorité sunnite, à annoncer lundi un
changement de sa politique sécuritaire.
Dans son évaluation de l’économie irakienne, le FMI pointe également le
risque "d’un déclin plus marqué que prévu des prix du pétrole" et
appelle les autorités "à construire des filets de sécurité" budgétaires
afin d’y faire face.
"Avec un seuil de rentabilité du prix du baril de brut à 100 dollars,
les performances budgétaires sont très exposées aux grandes variations
des revenus pétroliers, liées à des chutes des prix ou à une baisse des
exportations", note le FMI.
Mardi, le baril de brut s’échangeait à Londres aux alentours de 104 dollars.
A l’heure actuelle, l’Irak produit 3,15 millions de barils par jour
(mbj) et exporte 2,5 mbj, fournissant une grande partie des ressources
du pays.
Selon le FMI, la production devrait encore augmenter d’ici fin 2013 à 3,3 mbj.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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