mercredi 22 mai 2013

Irak : Nouri al-Maliki amorce le remaniement de l’appareil sécuritaire

Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a lancé mardi le remaniement attendu de l’appareil sécuritaire afin de répondre à la flambée de violences que connaît l’Irak depuis le début de l’année.

L’Irak, que les troupes américaines ont définitivement quitté fin 2011, est le théâtre d’attentats dont la fréquence et l’intensité font craindre un retour aux heures sombres du conflit entre musulmans sunnites et chiites de 2006-2007. A l’époque, le nombre de personnes tuées dans des attaques dépassait chaque mois le millier.

Si l’accès de violences actuel n’est pas comparable au conflit passé par son ampleur, les attaques se sont multipliées et ont tué chaque mois plus de 200 personnes depuis le début de l’année.

Pour y répondre, Maliki, qui porte le titre de commandant en chef des forces armées irakiennes, a ordonné des "changements à la tête du commandement des opérations et des divisions" de l’armée, a indiqué un haut responsable à l’AFP sous couvert d’anonymat.

Le chef du gouvernement a notamment décidé de démettre de ses fonctions le général Ahmed Hachem, qui dirige le commandement des opérations à Bagdad, selon cette source.

A l’exception de la région autonome du Kurdistan, dans le nord du pays, chaque province irakienne est dotée d’un commandement des opérations qui réunit armée et police et dont la tâche est précisément d’assurer la sécurité.

Lundi, le chef du gouvernement avait expliqué lors d’une conférence de presse que ces changements seraient débattus puis entérinés en conseil des ministres le lendemain.

Or, selon un communiqué gouvernemental et des images de la télévision publique, cette réunion hebdomadaire n’a pas abordé le dossier et a été consacrée à des questions d’ordre économique et social.
C’est finalement "après consultations avec des responsables de la sécurité" que le remaniement a été décidé, d’après la chaîne publique Iraqiya.

"Les insurgés ne seront pas en mesure de nous replonger dans le conflit confessionnel", avait assuré Nouri al-Maliki lundi, inquiet du tour religieux des violences. La semaine dernière, le chef du gouvernement, un chiite, avait appelé à des prières conjointes réunissant aussi bien des chiites que des sunnites.
Dans la journée de mardi, de nouvelles attaques ont fait 21 morts, selon des sources médicales et sécuritaires.

A Abu Ghraïb, à l’ouest de Bagdad, une bombe a explosé à proximité d’une mosquée sunnite, tuant six personnes et en blessant 18 autres.

Près de Baquba, au nord de la capitale irakienne, deux policiers sont morts dans des heurts avec des hommes armés. D’autres incidents survenus dans la même région ont fait cinq morts.

A Tarmiya, à 45 km au nord de Bagdad, un kamikaze s’est fait exploser au cours de heurts entre des soldats et des hommes armés. Trois soldats sont morts et sept autres ont été blessés.

A Tuz Khurmatu (nord), trois personnes ont péri et 44 autres ont été blessées dans l’explosion de deux voitures piégées.

Plus au nord, à Kirkouk, deux bombes ont tué deux vendeurs de moutons sur un marché dans l’est de la ville. Au moins 25 personnes ont été blessées.

Tant Tuz Khurmatu que Kirkouk font partie d’une bande de territoire que revendiquent le Kurdistan et Bagdad.

A ce différend territorial et au problème des violences s’ajoute la crise politique dans laquelle Maliki est embourbé. Elle le met aux prises avec ses partenaires de la coalition gouvernementale et la minorité sunnite.
Furieux de la stigmatisation dont ils s’estiment victimes de la part des autorités, les sunnites battent le pavé depuis fin 2012 et réclament la démission du chef du gouvernement.

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Le FMI inquiet des violences et de la volatilité des prix du brut
Le FMI a jugé mardi "globalement positive" l’évolution de l’économie irakienne mais a mis en garde contre une nouvelle flambée de violences et un possible déclin des prix du brut dont le pays est un grand exportateur.
Dans un communiqué, le Fonds rappelle que la croissance économique irakienne devrait s’accélérer cette année à 9% contre 8,4% en 2012 mais souligne que les risques restent "élevés", liés notamment à une "nouvelle dégradation de la situation sécuritaire et politique".
Dix ans après l’invasion américaine, le pays est secoué par une nouvelle vague d’attaques qui a conduit le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki, fustigé par la minorité sunnite, à annoncer lundi un changement de sa politique sécuritaire.
Dans son évaluation de l’économie irakienne, le FMI pointe également le risque "d’un déclin plus marqué que prévu des prix du pétrole" et appelle les autorités "à construire des filets de sécurité" budgétaires afin d’y faire face.
"Avec un seuil de rentabilité du prix du baril de brut à 100 dollars, les performances budgétaires sont très exposées aux grandes variations des revenus pétroliers, liées à des chutes des prix ou à une baisse des exportations", note le FMI.
Mardi, le baril de brut s’échangeait à Londres aux alentours de 104 dollars.
A l’heure actuelle, l’Irak produit 3,15 millions de barils par jour (mbj) et exporte 2,5 mbj, fournissant une grande partie des ressources du pays.
Selon le FMI, la production devrait encore augmenter d’ici fin 2013 à 3,3 mbj.

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