L’armée syrienne a annoncé avoir pénétré samedi dans l’aéroport
militaire de Dabaa, une position rebelle clé au nord de Qousseir, une
semaine après le début de son offensive conjointe avec le Hezbollah
contre cette ville stratégique.
Sur le plan diplomatique, des responsables américains, russes et
français se retrouveront lundi à Paris pour préparer la conférence
internationale visant à réunir à Genève des représentants du régime et
de l’opposition, qui s’est montrée réticente lors d’une réunion à
Istanbul.
"L’armée syrienne s’est infiltrée à l’intérieur de l’aéroport de Debaa
par le nord-ouest, après s’être emparée de la ligne de défense des
rebelles. Les combats se déroulent désormais à l’intérieur", déclaré à
l’AFP une source militaire.
Cet ancien aéroport se trouve à 6 km de Qusseir, sur la seule route au
nord de la ville. D’après des militants, ce sont les forces spéciales de
l’armée et le Hezbollah qui ont mené l’assaut.
Sur sa page Facebook, le militant Hadi al-Abbdallah, qui se trouve dans
la ville, a lancé un cri désespéré. "O mon Dieu, Qusseir est détruite
et brûle. Des centaines d’obus, de missiles tombent sur la ville".
La Tansikiyat (comité de coordination sur le terrain) de Qusseir a
appelé à l’aide, également sur Facebook. "Si Qusseir tombe, nous nous
relèverons plus. Aidez-nous, envoyez-nous de l’argent, de la nourriture
et des médicaments".
"Les combats et les bombardements à Qusseir sont les plus violents
depuis le début de l’offensive", a affirmé à l’AFP Rami Abdel Rahman,
directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), qui
s’appuie sur un large réseau de militants et des sources médicales à
travers le pays.
"La ville de Qusseir et les localités rebelles au nord de la ville
comme Hamidiyé, Dabaa et Aarjoun sont bombardées par des missiles
sol-sol et l’aviation", a-t-il ajouté, en précisant qu’au moins 18
rebelles et deux civils avaient été tués samedi dans la ville.
Dans un message, le chef par intérim de l’opposition syrienne, George
Sabra, a déclaré à Istanbul : "Des milliers d’Iraniens et leurs
collaborateurs terroristes du Hezbollah ont envahi la Syrie".
Pour Ghassan al-Azzi, professeur de sciences politiques à l’Université
libanaise, "les Iraniens ont demandé au Hezbollah de s’engager une fois
pour toute et de façon publique car cette guerre doit décider de
l’avenir de l’alliance entre l’Iran et la Syrie et peut-être de toute la
région".
"Le Hezbollah l’a fait, bien que ceci porte atteinte à son image au
Liban et dans le monde arabe", a-t-il ajouté. Le mouvement chiite a
dépêché 1700 hommes pour la bataille de Qusseir, selon une source
proche de l’organisation.
Le contrôle de Qusseir est essentiel pour les rebelles, car cette ville
de 25 000 habitants se trouve sur le principal point de passage des
combattants et des armes en provenance du Liban. La ville est également
stratégique pour le régime car elle est située sur la route reliant
Damas à sa base arrière sur le littoral.
Si le régime a donné, selon la Russie, son "accord de principe" pour
participer à la conférence internationale de paix dite "Genève 2",
l’opposition est très hésitante à s’engager dans des négociations alors
qu’elle est en perte de vitesse sur le terrain.
Elle est en outre divisée en raison de la guerre d’influence des
puissances régionales, avec d’un côté l’Arabie Saoudite et les Emirats
arabes unis qui veulent élargir la coalition pour réduire l’influence
des Frères musulmans et de l’autre la Turquie et le Qatar qui
soutiennent la confrérie islamiste.
La Coalition de l’opposition syrienne a réclamé vendredi à Istanbul des
"gestes de bonne volonté" du régime. "Nous voulons être sûrs que quand
nous entrerons dans ces négociations, le bain de sang va s’arrêter en
Syrie", a déclaré Khaled Saleh, un de ses porte-parole.
Malgré tout, les préparatifs de la conférence internationale se
poursuivent. Le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le chef de la
diplomatie française Laurent Fabius vont rencontrer lundi à Paris leur
homologue russe Serguei Lavrov pour l’évoquer.
Lors d’un "dîner de travail", ils feront le point sur l’organisation de la conférence initiée par Washington et Moscou.
Lundi également, le Conseil des ministres des Affaires étrangères de
l’UE doit se prononcer lundi sur une levée de l’embargo sur les armes à
destination de l’opposition syrienne. Plusieurs pays, comme la Suède et
l’Autriche, s’y opposent farouchement.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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